Des dizaines de jeunes rassemblés dimanche devant le Parlement à Alger pour dénoncer la précarité de leur emploi ont été matraqués par la police et sept d’entre eux ont été arrêtés, selon un député d’opposition qui affirme avoir subi le même sort.
« Ce matin, près de 200 jeunes se sont rassemblés pacifiquement devant le Parlement pour sensibiliser les députés à la précarité de leur situation. Ils ont été matraqués par la police et sept d’entre eux ont été arrêtés », a déclaré à l’AFP le chef du groupe parlementaire du Front des Forces Socialistes (FFS- plus vieux parti d’opposition) Ahmed Betatache.
« J’ai moi-même été matraqué par les policiers alors qu’ils me connaissent », a ajouté l’élu qui était sorti avec un autre député de son parti pour discuter avec ces jeunes.
L’ironie est qu’au même moment avait lieu un débat au Parlement sur la liberté de la presse, poursuit ce député.
Ces jeunes, en contrat de pré-emploi, réclament leur intégration pour que cesse l’esclavage, dont ils sont victimes, a lancé M. Betatache.
Ces employés précaires ne sont même pas payés au salaire minimum (environ 180 euros mensuels) et n’ont aucune garantie sur leur avenir.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, le FFS a dénoncé cette répression sauvage envers les jeunes manifestants ainsi que l’agression de son chef de groupe parlementaire en violation de son immunité parlementaire.
Le FFS a également dénoncé la violation du droit de manifestation pacifique par les forces de sécurité alors qu’il est consacré par la Constitution et par les différentes chartes du droit international dont l’Algérie est signataire.
Le chômage touche de plein fouet la jeunesse algérienne. Selon les pouvoirs publics et le FMI, 21,5% des moins de 35 ans sont sans emploi, contre environ 10% pour l’ensemble de la population.
Les chômeurs manifestent régulièrement en Algérie pour réclamer du travail et l’arrêt de poursuites judiciaires à leur encontre.
Parmi ceux qui travaillent l’insatisfaction est également de mise : les travailleurs des corps communs du secteur de la santé ont entamé dimanche un mouvement de quatre jours pour une amélioration de leurs conditions socio-professionnelles.
Des sit-in ponctués de manifestations ont eu lieu dans l’enceinte du centre hospitalier Mustapha-Pacha à Alger, le plus important du pays. Ils accusent la tutelle d’être insensible à leurs revendications légitimes, selon l’agence APS.
« Nous avons, cette fois-ci, adressé une lettre au Premier ministre pour la prise en charge de nos revendications », a indiqué le coordinateur national des corps communs, affilié à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Mounir Bitraoui.
« Sur les 113 000 employés des corps communs dans le pays, 53 000 contractuels attendent leur titularisation depuis des années », a-t-il notamment fait valoir.
L’Algérie est touchée depuis des semaines par des grèves non seulement dans le secteur de la santé mais aussi de l’éducation et des transports, quand ce ne sont pas les chômeurs du sud qui réclament à cor et à cris du travail.
En dépit de la levée de l’état d’urgence début 2011, les manifestations sont toujours interdites à Alger.