Dix jours à peine après son entrée en fonction, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dévoilera ce mercredi son Pacte vert, la stratégie visant à faire de l’Union européenne le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050. Alors que la COP25 se tient à Madrid, Mme von der Leyen, épaulée par son vice-président Frans Timmermans en charge de ce « Green Deal », doit détailler devant les députés européens sa vision globale du Pacte vert, définir son champ d’action et annoncer un calendrier de publication des propositions législatives.
Car il y aura des contraintes : la neutralité carbone, qui consiste à réduire au maximum les émissions de CO2 et compenser le reste par des dispositifs d’absorption (par les sols et les forêts, par la technologie), nécessitera de réformer l’ensemble des secteurs d’activités sur lesquels peut agir l’UE : transports et énergie, agriculture et biodiversité, etc., en passant par les budgets et aides d’État.
Des chiffres ont déjà été évoqués : pas moins de deux milliards d’arbres devront être plantés et un million de bornes de recharge électrique implantées, selon le quotidien néerlandais Volkskrant. Devant la COP25, Mme von der Leyen a répété la nécessité d’investir 1000 milliards d’euros sur dix ans.
Toutes les législations et subsides devront être évalués à l’aune de l’ambition 2050, qui devra se traduire dans une législation climatique l’an prochain. L’UE devra aussi relever son ambition de réduire les émissions de CO2 d’ici 2030, passant d’un objectif de -40 % (par rapport à 1990) à au moins -50 % voire -55 %. Cet effort passera notamment par une extension du marché européen des droits d’émissions de gaz à effet de serre.
Au Parlement européen, une large majorité d’élus réclame d’aller jusqu’à -55 %, mais les États membres ont aussi leur mot à dire, eux qui se lancent dans la difficile négociation de la programmation budgétaire 2021-2027. Le président du Conseil Charles Michel a répété mardi son espoir que l’ensemble des pays de l’UE s’accordent rapidement sur la neutralité climatique en 2050, peut-être dès le sommet européen de ces jeudi et vendredi.
Trois pays de l’est dont les économies sont encore fort dépendantes du charbon – la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie – traînent des pieds, craignant de lourdes répercussions sociales. Ils réclament un soutien financier, qui pourrait venir du Fonds pour une transition équitable, dont l’ampleur doit être négociée avec le budget 2021-2027. Des sources diplomatiques citent déjà le montant de 100 milliards d’euros.