« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice, parce qu’ils seront rassasiés. »
PS 131.24.
Le mardi 5 mai 1981 à 1h17, le militant nationaliste irlandais Bobby Sands mourrait dans sa cellule de l’hôpital de la prison de Maze après soixante-six jours de grève de la faim, entouré par ses parents, sa sœur Marcella et son frère Sean. L’annonce de sa mort provoqua de nombreuses émeutes en Irlande du Nord et plus de 100 000 personnes suivirent le cortège lors de ses funérailles.
Durant l’année 1981, la grève de la fin emportera six autres militants de l’Irish Republican Army (IRA) et trois autres de l’Irish National Liberation Army (INLA), tous connus sous le nom des « Hungers-strikers ». Leur grève de la faim, planifiée comme une véritable opération de résistance militaire, visait à obtenir le statut de prisonniers politiques pour les nationalistes irlandais détenus dans la prison de Maze (Long Kesh), à l’époque l’équivalent d’un Guantanamo britannique en Irlande du Nord.
La grève de la faim de 1981 n’est pas la première que vit la prison de Long Kesh, également appelée Maze pour sa construction labyrinthique. Les grévistes, qui se considèrent comme des prisonniers politiques et non des détenus de droit commun, ont cinq demandes : le droit de porter des vêtements civils, le droit de refuser le travail carcéral, le droit d’association avec les autres prisonniers, le droit à une visite hebdomadaire et à des activités éducatives et récréatives, ainsi que le droit à des remises de peine.
Lorsque Bobby Sands arrête de se nourrir le 1er mars 1981, cela fait quatre ans que les prisonniers du Maze luttent pour ces droits.
Symbole intemporel de résistance et de sacrifice pour tous les peuples en lutte pour leur liberté, leur identité et leur souveraineté, Bobby Sands déclarait : « Ils n’ont rien dans leur arsenal impérial tout entier qui puisse casser l’esprit d’un Irlandais qui ne veut pas être cassé . »
L’Irlande contre l’Empire ! Comme tous les tyrans, comme toutes les brutes, le gouvernement britannique a cru que l’on peut tuer sans être vu, que l’on peut commettre l’injustice à l’insu de Dieu, se dérober à son regard qui perce tous les cœurs et dévoile toutes les âmes. Ô meilleur fils d’Irlande, l’imitation de ton martyre est la seule voie qui soit pour les vrais soldats de la cause des peuples. Honneur à toi et heureux celui qui peut dire : je suis le fils de mon peuple. Un jour justice te sera rendu, comme à tous les justes.
Quelques liens pour mieux comprendre :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bobby_Sands
http://archives.radio-canada.ca/c_e...
http://archives.radio-canada.ca/c_e...
La mémoire et l’œuvre de Bobby Sands : http://www.bobbysandstrust.com/
Comme souvent pour les résistants, Bobby Sans était un poète. Ici « the Rythme of Time », son poème le plus connu avec « Back Home in Derry » mis en musique par Christie Moore. http://www.bobbysandstrust.com/writ...
La bande-annonce du magnifique film Hunger qui retrace le martyr de Sands :
http://www.youtube.com/watch?v=dmVP...
Durant les dix-sept premiers jours de la grève de la faim, Bobby Sands tint un journal quotidien tant qu’il le put : http://www.eirefirst.com/archive/hb...
Bobby Sands a aussi inspiré les révolutionnaires du Moyen-Orient. En témoigne des citations de Bobby Sands sur le mur de la honte en Palestine mais aussi en Iran où à la mort de Sands, le gouvernement Iranien a choisi de rebaptiser la rue de la gigantesque ambassade du Royaume-Uni, autrefois appelée rue Winston Churchill, en rue Bobby Sands !
Récemment comme je me remémorais ces cinq dernières années de militantisme au travers des identitaires, du Front National, d’Er et de tant d’autres associations de résistance pour finalement beaucoup de déceptions, m’est revenu en mémoire le martyre des « hunger-strikers » irlandais et combien nous sommes devenus douillets par rapport à la souffrance vraie que savaient endurer les militants politiques des années 70 et 80 en Irlande et en Italie, comme aujourd’hui en Palestine occupée ou en Serbie. J’ai alors écrit ces quelques lignes sur la condition du militant politique que je dédie modestement à Bobby Sands, patron de tous les militants authentiques de la cause des peuples, dont la détermination et l’héroïque don de soi devraient nous inspirer chaque jour que Dieu fait.
MILITARE
« La politique est la forme supérieure de l’art »
Platon
De la même manière que peine l’artiste ainsi nous peinons.
Notre tache : donner une forme au flux du devenir, donner une forme aux choses face au temps qui dévaste et emporte tout dans son implacable sanction. Sanction sans appel qui n’entend aucune imploration, qui ne souffre aucun recours ni aucune amnistie dans le décret de sa loi de fer. Sous les coups de bélier du temps et de son œuvre s’érodent les empires, périssent les nations, et nous, militants de l’impossible, nous ne gardons entre nos mains que du sable et des cendres. Que restera-t-il de nous et de notre œuvre ? A peine plus que rien et le souvenir d’une vie ardente brulée trop vite à résister au gouffre qui vient ; souvenir précaire comme un mince filet d’eau dans la mémoire des quelques êtres chers qui auront daignés avoir la compassion de comprendre et de supporter l’œuvre de lutte qu’aura été notre existence. Nous, derniers français encore debout, les pieds dans la fange et la fange jusqu’au cou, les mains tendues vers une croix que l’on nous arrache sans cesse, tendues vers la croix et son soleil immortel ; quelle couronne pour les saints anonymes de la cause nationale, quels lauriers pour les héros pathétiques de la civilisation européenne ?
Nous avançons dans la nuit de la fin de l’histoire, le flambeau de l’espoir et de la mémoire à la main. Tout fut fait pour nous anéantir, et pourtant nous sommes toujours debout, debout au milieu des ruines, et notre joie, oui notre plus grande joie c’est de toujours nous relever. Rien, non rien ne peut vaincre l’espoir, l’âme et la foi des meilleurs fils de France et d’Europe. Chaque jour qui passe nous nous croisons. Chaque jour que Dieu fait est une épreuve pour notre foi et notre volonté. Nous sommes immortels et nous secouerons jusqu’aux fondements de notre nation pour la réveiller. « Notre drapeau est plus fort que la mort. » [...]
De la même façon dont l’artiste souffre, nous souffrons. Oui nous souffrons et c’est là la sanction du monde depuis que l’homme franchit au jour d’Adam, le seuil du péché originel. Le quotidien du militant politique est un carême permanent, un frein que l’on ronge sans fin à tout faire pour voir triompher sa cause. C’est la manducation sans terme de l’injustice que l’on ravale par gorgées entières sans rien attendre du lendemain qu’une vie plus dure et un réveil plus âpre. Et pourtant le soleil est toujours là, présent, et il se lève avec nous ; et ce soleil c’est le camarade à ton côté, c’est la main de l’enfant qui tient ta main comme toi tu tenais celle de ton père. C’est la chaine des générations toujours vivante malgré toutes les dislocations du temps présent. C’est la vie qui continue de lutter et de s’acharner, c’est l’humanité comme le chiendent qui refuse de crever et qui toujours renait.
Face à l’Empire de la fin des temps, nous, patriotes et hommes de Dieu, nous sommes la mauvaise herbe que tous foulent au pied et veulent voir disparaître. Nous sommes la mauvaise herbe à jamais enracinée jusqu’à la chute définitive du monde moderne tout entier. Qui peut nous briser ?
Aussi, oui, nous autres : militants nationalistes, patriotes, hommes de Dieu, nous vivons comme vit l’artiste véritable : en guerre contre le monde. Comme lui nous mettons en forme le réel, nous sculptons la vie, nous donnons, nous imposons une forme aux évènements et au cours des choses. Comme l’artiste nous triomphons du réel et de la matière un court instant de grâce avant de voir notre œuvre balayée, oubliée, supprimée. Comme l’artiste, il nous faut une foi et une volonté presque inhumaine pour imposer, d’abord à nous-mêmes, puis aux formes et au flux féminin de la vie et du devenir, la vision du monde que nous portons chevillé au corps et qui nous anime. Comme celle de l’artiste, notre sensibilité porte au plus haut l’étendard de la virilité spirituelle. Elle brille et brûle comme une épée de lumière nue et aveuglante aux yeux du monde. Le véritable militant, le véritable résistant est avant tout un créateur, et comme tel il doit soumettre le monde et le vaincre ou périr. Et lui seul sait tenir l’épée de feu de la création.
Mais plus encore que pour l’artiste, notre vie est un sacrifice au sens plein et antique, car de notre œuvre il ne restera rien. A peine le souvenir de notre vie brulante d’amour laissé à quelques êtres chers, fidèles entre tous, souvenir qui disparaitra avec eux et sera piétiné et oublié par la génération suivante.
Nous labourons la mer et nous n’attendons rien. Rien que la croix. L’homme vertueux trouve son bonheur dans l’exercice de la vertu pour elle-même.
L’espoir c’est le ciel tout entier et la promesse de la résurrection. La vie est un carême sur la terre, le sang de notre seigneur inonde toute vie ici-bas et la lutte toujours renouvelée est notre plus grande joie. Qui contra nos ? Se deus pro nobis, qui contra nos ?
RESURECTIO
Un jour nous serons pleinement nous-mêmes et nous nous réveillerons heureux et surpris de voir tous les êtres chers, vivants et ressuscités à nos côtés dans le jardin qu’aura planté pour nous notre seigneur. Heureux et surpris de voir le sceau de la séparation et de la désunion enfin brisé sous le regard invincible et bienveillant de notre seigneur ; heureux et libres de pouvoir converser avec lui comme avec tout ceux qui nous ont précédés. Nous saurons alors que nous n’aurons pas lutté en vain, une fois réunis au paradis des saints et des héros où Bobby Sands et les « hunger strikers » nous attendent déjà, avec Corneliu Codreanu et tous les autres.
Pierre-Antoine Plaquevent