Le 31 décembre 2017 au soir (mais c’est souvent enregistré avant), Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont, selon la tradition, présenté leurs vœux de bonheur et de bonne santé à leurs peuples respectifs. L’exercice oscille entre la déclaration programmatique et la promesse politicienne pure et simple.
On va commencer par Macron, patriotisme oblige. Près de 18 minutes de monologue long et ennuyeux, fade et pompeux, à base de « je veux », un ego trip suivi par 11 millions de téléspectateurs pas forcément captivés : on imagine que les vannes ont dû fuser, surtout avec les augmentations qui attendent les Français en 2018, ce concret qui n’a pas l’air d’intéresser le président.
Poutine, c’était plus sobre : moins de quatre minutes et du concret sur les valeurs. Le président russe a pris soin de de ne pas chiper trop de temps aux fêtards russes du réveillon, et on sent que chez lui les vœux ne sont pas un exercice d’ego.
Macron se voit déjà président de l’Europe. Il a emprunté quelques trucs au président Kennedy.
« Mes chers concitoyens européens, 2018 est une année toute particulière et j’aurai besoin cette année de vous »
Mais qu’est-ce que l’Europe ? Aujourd’hui c’est une coquille riche politiquement vide infiltrée par les Américains. Écoutons bien le passage de 8’20 à 8’49 :
« Je crois que l’Europe peut devenir cette puissance économique, sociale, écologique et scientifique [mais pas politique ! NDLR] qui pourra faire face à la Chine, aux États-Unis en portant ces valeurs qui nous ont faits, qui sont notre histoire commune. J’ai besoin de votre détermination pour ce sursaut européen et j’ai besoin qu’ensemble nous ne cédions rien ni aux nationalistes ni aux sceptiques. »
Le message macronien est clair : je ne suis pas un patriote français. Dans ce cas, patriote de quel pays ? De l’Union européenne ? Mais on peut être français et se sentir européen...
Chez Poutine, pas d’européisme béat – c’est-à-dire de mondialisme ou d’américanisme, disons-le tout net –, par contre une bonne dose de nationalisme, celui qui justement manque à Macron pour faire non pas un bon, mais un vrai président. Un président non nationaliste, il n’y a qu’en France qu’on voit ça. Cela veut vraiment dire que notre élite, que Macron incarne des pieds à la tête, ne travaille plus pour notre pays mais bien pour elle-même et pour des entités étrangères ou supranationales, que ce soit l’UE ou les USA.
Poutine, lui, a centré sa déclaration sur les valeurs et le travail, eh oui, la droite des valeurs et la gauche du travail !
« L’unité, l’amitié, l’amour inconditionnel de la Russie multiplient nos forces pour de bonnes actions et de grandes réalisations »
Poutine a insisté sur les valeurs et particulièrement la famille, la nation, la foi. Pas de pipeau mondialiste, mais des vœux tournés vers le peuple russe et les travailleurs, que de soit dans les trains, les hôpitaux ou l’armée. Carrément Travail, Famille, Patrie avec des accents communistes ! Du national communisme, en somme. À comparer avec le libéralisme antinational – ou européiste – de Macron. On est bien complètement à l’opposé des valeurs qui fortifient un peuple avec l’occupant de l’Élysée.