C’est parce qu’il n’avait pas la majorité au Sénat que le gouvernement a fait passer le projet de loi Taubira à main levée...
Seuls les spécialistes de l’Antiquité tardive savent ce que fut le « brigandage d’Ephèse ». Réunissant en 449 un concile réticent, l’empereur byzantin Théodose II utilisa tous les moyens en sa possession : exclusion de la salle de réunion, intimidation, manipulation du vote pour obtenir l’approbation des thèses christologiques qui avaient sa faveur. Ce concile n’a finalement pas été reconnu par la tradition.
C’est un peu ce qui s’est passé au Sénat le vendredi 12 avril lors du vote de la loi en faveur du « mariage » dit pour tous. Le gouvernement a fait adopter le projet par la Haute-Assemblée en décidant brusquement un vote à main levée qui a pris tout le monde de court. Même légale, cette procédure n’en est pas moins étonnante, d‘abord par sa soudaineté, mais surtout par son caractère expéditif, eu égard à l’importance du texte que Mme Taubira elle–même n’hésite pas à appeler un « changement de civilisation » !
Plus étonnant encore : depuis une semaine que durait le débat au Sénat, tant les motions de procédure qu’au moins une vingtaine d’amendements avaient fait l’objet d’un vote par scrutin public, lequel permet, non seulement à tous les députés de voter, fût-ce par procuration, mais aussi au public de savoir précisément qui a voté quoi. Si des amendements mineurs avaient fait ainsi l’objet de procédures formelles, a fortiori pouvait-on s’attendre à ce qu’il en soit de même pour le vote sur l’ensemble du texte.
Mais il y a plus : le décompte des voix ayant été fait très vite, le président du Sénat, en violation du règlement, s’en remet aux présidents de groupe (dont aucun n’a objecté) pour lui communiquer ultérieurement le détail des votes !
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