A ceux qui ont le soupçon facile envers l’hégélianisme affiché de cette pensée - et outre le fait que M. Douguine n’est pas franchement francophone :
Cet homme fait partie de ceux qui croient en la théorie qui rend l’action efficace. De la même manière, E. Chouard pense que si les individus sont conscients de ce qu’il appelle avec Aristote "la cause des causes", la véritable démocratie adviendra (selon lui, ce qui arrive à l’Islande est arrivé trop tôt par exemple). De la même manière, A. Soral fait un travail conceptuel et théorique dans le sens de la réconciliation du peuple français (mais si les tensions éclataient maintenant, les gens seraient-ils prêts malgré tout à la main tendue ?). Etc, etc. Ces attitudes sont autant d’hypothèses et d’espérances dans la capacité des hommes à prendre conscience du monde. En revanche, cela montre une véritable méfiance envers le moment de l’action, espéré autant que craint, car venu trop tôt, il brise les espoirs d’émancipation. Autrement dit, le plus dur n’est pas de faire la Révolution (l’actualité internationale nous le montre), mais c’est de savoir ce qui se passe après - ou encore : comment organiser le retour à l’ordre.
C’est l’anecdote bien connue selon laquelle Marx, apprenant la Révolution de 1848 à Paris, répond à Engels alors sur place : "C’est une catastrophe ! Je n’ai pas terminé Le Capital !".
Alexandre Douguine a le mérite de donner des clés de compréhension et des moyens de préparer une alternative théorique au libéralisme (avec - paradoxe hégélien - la fraîcheur de la tradition).