Suite de mon message précédent :
Pour finir, la parole attribuée à l’imam Ahmad sur le consensus est une formulation que l’on trouve que chez ash-Shawkani (ex-zaydite s’étant rapproché du sunnisme, mais prétendant faire l’ijtihad en dehors des 4 écoles sunnites reconnues) comme l’a démontré le sheikh Abdallah al-Ghumari dans son étude sur le sujet (dans son livre Irchad al-Fouhoul). La véritable formulation est : "Si aucune objection n’est connue, cela n’équivaut pas à un consensus, et quiconque prétend alors qu’il y a consensus ment (ou se trompe). » (Le verbe arabe kadhaba pouvant signifier à la fois mentir et prononcer une contrevérité sans intention de mentir.)
L’imam Ahmad remet ici uniquement en cause la valeur de l’ijma‘ soukouti, comme l’indique clairement l’expression « si aucune objection n’est connue ». Cette parole ne peut être considérée comme un rejet de l’ijma‘ de manière générale (ou de l’impossibilité pratique d’y avoir recours), car :
1) L’ijma‘ sarih est unanimement reconnu par les sunnites, hanbalites compris. Son rejet est un principe mu‘tazilite.
2) Quiconque consultera les paroles rapportées de l’imam Ahmad lui-même constatera qu’il invoque lui-même parfois l’autorité du consensus pour prouver un avis.
Il est d’autant plus étonnant de lire cette citation déformée dans un article contre le wahhabisme, que les wahhabites (et les réformistes comme les Frères musulmans) sont ceux qui l’invoquent régulièrement pour justifier leur violation d’un certain nombre de consensus traditionnels sur des questions juridiques.