Simone Weil, c’est quand même du temps perdu, car si on veut s’intéresser à une juive convertie, c’est Edith Stein qui est la vraie valeur : philosophe, religieuse et poète, amie de Max Scheler, Roman Ingarden, Alexandre Koyré, Dietrich von Hildebrand (conseiller de Pie XII), Norbert Elias, Erich Przywara, Gertrud von le Fort (dont Bernanos s’inspira pour son Dialogue des Carmélites), collaboratrice de Husserl, encouragée par Heidegger dans ses recherches sur le dialogue entre la philosophie thomiste et la phénoménologie, convertie pour de vrai au catholicisme et bannie pour cela par sa famille juive, entrée dans l’ordre carmélite sous le nom de Thérèse-Bénédicte de la Croix, disciple des grands mystiques carmes saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila, auteur d’ouvrages majeurs comme L’Être fini et l’Être éternel, tuée par les nazis, canonisée par le pape en 1998, co-patronne de l’Europe avec sainte Brigitte de Suède et sainte Catherine de Sienne, accueillie en 2008 par Otton Ier, Walter de Plettenberg, Albrecht von Wallenstein, Haendel, Bach, Wagner, Goethe et Leibniz au « Walhalla » à Ratisbonne, mémorial des grandes personnalités de la civilisation allemande (où ne figurera par contre jamais Daniel Cohen-Bendit)... Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, c’est l’envergure et l’aventure humaine des grands penseurs. Elle a été donc repoussée très tôt dans l’ombre de la fumeuse Simone Weil, par la cabale qu’on sait, et dès les années 1950 le romancier catholique anglais Evelyn Waugh dut remettre chacune à sa place, car on ne peut décemment égaliser les aigles et les poules. Après, peut-être qu’elle vole trop haut pour les masses, et surtout pour notre temps, ça c’est bien possible... mais quand on est jeune et généreux, jeune et radical, c’est vers elle qu’on regarde.
Walhalla, le Panthéon allemand : https://fr.wikipedia.org/wiki/Walha...