Exécuté il y a 70 ans, Benito Mussolini a marqué l’histoire de l’Italie du XXème siècle en y instaurant le fascisme. N’en déplaise aux nostalgiques de toute sorte comme aux antifascistes, qui croient voir la renaissance de ce mouvement à chaque instant, le mouvement fasciste est propre à l’Italie de l’entre-deux-guerres et appartient irrémédiablement à l’histoire.
Souvent assimilé au nazisme dans l’inconscient collectif, le mouvement fasciste n’a pourtant mené qu’à un nombre infime d’exécutions politiques avant la Seconde Guerre mondiale contrairement aux autres grandes idéologies de la même époque que sont le communisme et le nazisme. Quant à l’antisémitisme racial, il est absent de l’idéologie fasciste. Mussolini eut d’ailleurs pour maitresse Margherita Sarfati, issue d’une riche famille juive vénitienne, qui l’a beaucoup influencé intellectuellement et politiquement. Les déportations de juifs italiens n’auront lieu qu’à partir de 1943, sous l’occupation allemande.
Contrairement à Hitler, qui ne faisait qu’un avec le parti national-socialiste allemand, Mussolini n’a jamais entretenu un tel lien avec le parti fasciste. Ce dernier est la traduction politique du squadrisme, mouvement paramilitaire né dans le début des années 1920 par opposition au communisme. Si Mussolini partage avec les membres du parti fasciste une foi indéfectible en le pouvoir de la volonté, le leader italien est convaincu que ces hommes manquent de sens politique et n’ont pas les compétences nécessaires à la direction du pays.
Cette relation ambiguë entre Mussolini et son parti a perduré jusqu’au 25 juillet 1943. Ce jour-là, le Grand Conseil fasciste renverse Mussolini. Le roi le fait alors arrêter. La chute de Mussolini est essentiellement liée aux défaites militaires que subissent les puissances de l’Axe (Italie, Allemagne, Japon). L’alliance tragique de l’Italie fasciste avec l’Allemagne nazie n’était pourtant pas une évidence. En effet, dans un premier temps, Mussolini est davantage proche de la France et de l’Angleterre, avec qui il forme le « front Stresa » en avril 1935, lors de la conférence du même nom. Ce rapprochement des trois puissances était motivé par l’opposition au IIIème Reich, qui venait de rétablir la conscription en Allemagne. Winston Churchill a également fait part de son admiration pour le Duce dès les années 1920. Mais, soucieux d’entretenir l’élan qui l’a mené au pouvoir et grisé par ses utopies impérialistes, Mussolini entame en 1935 la conquête de l’Éthiopie. Cette entreprise marque la fin de l’entente entre l’Italie mussolinienne et les puissances d’Europe de l’Ouest, qui condamnent ces velléités coloniales. Le leader italien se rapproche alors de l’Allemagne hitlérienne.
Nazisme allemand et fascisme italien sont donc des alliés de circonstance, le second soutenant le premier dans sa démesure expansionniste. S’ils partagent notamment leur autoritarisme et le fait d’être des mouvements paramilitaires directement issus de la Première Guerre mondiale, ces deux idéologies se distinguent sur d’autres points essentiels. Pour le fascisme, le progrès doit venir de la primauté de l’État, tandis que l’analyse du national-socialisme hitlérien est essentiellement fondée sur la primauté de l’appartenance raciale.
Après son arrestation en 1943, Mussolini est libéré par des commandos SS. Il appelle alors ses partisans à la résistance et fonde la République sociale italienne, soutenue par les Allemands, tandis que le régime officiel italien a déclaré la guerre à l’Allemagne. Cette guerre civile aboutit à l’arrestation de Mussolini en avril 1945. Le Comité de libération nationale, composé d’une très large coalition de partis, décide l’exécution du Duce. Celui-ci est fusillé le 28 avril 1945.