L’article entier a été diffusé dans le numéro de Rivarol du 3 décembre 2024.
« Pourquoi est-il devenu urgent de dégager Barnier et sa clique et de rebattre les cartes ? Puis de placer le chef de l’État au pied du mur, à savoir une inéluctable démission. Et il ne s’agit pas à ce propos de simples questions de budget national ou d’âge de départ à la retraite, mais de péril imminent, à savoir de guerre, celle qui gronde à l’est de l’Europe et dans laquelle une classe dirigeante névropathique, droite et gauche confondues, veut nous entraîner sans retour.
Nous parlons aussi, bien sûr et d’abord, des membres du cabinet Barnier parce que qui se ressemble s’assemble et que tel maître tel valet. Commençons par M. Retailleau qui, le 24 novembre dernier, lors de la 14e Convention nationale du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) a jugé « innommable » la proposition de loi des Insoumis visant à supprimer du code pénal le délit d’apologie du terrorisme créé par une loi de 2014. Ceux-ci estiment en effet qu’en la matière suffit la loi du 29 juillet 1881 relative à la presse « traitant des faits relevant des délits d’apologie de crime, d’apologie de crime de guerre, d’apologie de crime contre l’humanité ».
Or les gens de LFI, détestables ou pas, et au-delà des invectives politico-médiatiques, n’ont-ils pas en l’occurrence quelque peu raison ? Bien sûr chacun sait ce qu’est un acte de terrorisme ordinaire pouvant souvent/parfois prêter à confusion avec un acte de résistance tout aussi ordinaire… Exemple : Pierre Georges, dit Colonel Fabien, alias « Frédo », militant communiste, fervent zélateur du Petit Père des peuples, sera, après la rupture du Pacte Molotov-Ribbentrop, l’auteur du premier attentat meurtrier, le 21 août 1941, à la station Barbès-Rochechouart, perpétré contre un militaire allemand, l’aspirant de marine Alfonse Moser abattu sur le quai de la station d’une balle dans le dos. Résistance quelque peu aux allures d’acte terroriste, non ?
Dans le même ordre d’idée, les chefs terroristes du FLN algérien sont aujourd’hui officiellement honorés par la République en tant que résistants comme en témoigne ce dépôt d’une couronne rouge et blanche le 19 novembre, à la demande du président Macron, par M. Stéphane Romatet, ambassadeur français en Algérie — dans le contexte des commémorations de la Toussaint rouge, tueries qui marquèrent le début de l’insurrection algérienne le 1er novembre 1954 — sur la tombe de Larbi Ben M’hidi dans le carré des martyrs du cimetière d’El Alia. Notons au passage que les cimetières français d’Alger sont au mieux laissés dans le plus total abandon et au pire servent de latrines publiques… En fait ce « héros martyr » s’était distingué pour avoir organisé des attentats particulièrement sanglants dont le premier, et l’un des plus spectaculaires, fut celui d’un glacier, le Milk Bar, à l’heure de la sortie des écoles, le 30 septembre 1956.
Fleurir le cénotaphe d’un tel humaniste relève assurément d’un masochisme diplomatique de la plus belle eau. Un geste salué à sa juste valeur par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, qui honore grandement par ses mots l’hospitalité que nous lui accordons : « Bravo pour ce geste de reconnaissance hautement historique de l’assassinat du héros chahid [martyr] Larbi Ben M’hidi ». Apparemment lâché par ses complices, Ben M’hidi passa de vie à trépas en 1957. Alors, héros, résistant ou terroriste aux mains couvertes de sang ? Dans son cas, de quoi doit-on parler, d’assassinat ou d’exécution extra-judiciaire ? À l’instar des centaines du même type ordonnées par des gouvernements étiquetés démocratiques tels que l’État hébreu ou les États-Unis du président prix Nobel de la Paix, Obama, ou encore la France de M. Hollande ?
Franchement la confusion la plus totale règne en ce domaine ce qui ainsi ne rend pas totalement impertinente la proposition de révision juridique de LFI d’autant qu’à y regarder de plus près, juridiquement parlant, il existe sur le fond — quant au chiasme terrorisme/résistance — un vrai problème lorsqu’il s’agit, entre autres, des formations politiques et militaires du Levant — Hezbollah et Hamas — aujourd’hui confrontées à l’impitoyable vindicte de l’État juif. Il ne nous appartient évidemment pas de trancher entre les appellations — terroristes vrais et résistants authentiques — encore que les jugements de la Cour de justice internationale (verdict du 26 janvier 2024 relatif aux possibles violations par Israël de la Convention sur le Génocide), puis, dernièrement, les mandats d’arrêt lancés le 21 novembre 2024 par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du Premier ministre israélien, M. Netanyahou, et son ex-ministre de la Défense, M. Gallant (mandats d’arrêt contre lesquels Israël a fait appel le 27 novembre, Netanyahu évoquant « un nouveau procès Dreyfus » et qualifiant la cour pénale d’« antisémite », ce qui est un classique), puissent fournir des indications à ce propos.
Il serait néanmoins déplacé, nous dit-on, de porter une quelconque appréciation morale ou juridique sur les massacres en cours dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et au Liban. S’y ajoutent à présent, en Syrie, les 20 000 chrétiens d’Alep qui sont menacés, d’après Sergueï Lavrov (ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie), par une « offensive terroriste de groupes armés », soit les djihadistes d’Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaïda complétée par des éléments de l’Armée syrienne libre et du Jabhat al-Nosra dont M. Fabius jugeait naguère qu’il faisait « du bon boulot » ! Djihadistes aujourd’hui armés et équipés par la Turquie, pilier oriental de l’Otan, ce qui ouvre ainsi un nouveau front contre la Russie sur son flanc sud au moment où le front ukrainien commence à s’écrouler. Rappelons que, depuis le 30 septembre 2015 et son déploiement de forces armées en Syrie, Moscou épaule Damas dans sa lutte contre les proxys israélo-américains de l’État islamique.
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