La président vénézuélien a demandé le départ dans les trois jours d’Isabel Brilhante Pedrosa, représentante de l’UE à Caracas. Il a justifié son choix par les récentes sanctions prises par l’UE contre plusieurs citoyens de la république bolivarienne.
« Je donne 72 heures à l’ambassadrice de l’Union européenne à Caracas pour qu’elle quitte notre pays. […] Assez du colonialisme européen contre le Venezuela. » C’est par ces mots que le président vénézuélien, Nicolás Maduro, a exhorté, le 29 juin lors d’un discours retransmis depuis le palais de Miraflores, la représentante de l’Union européenne (UE), la portugaise Isabel Brilhante Pedrosa, à quitter le pays dans les trois jours (à partir de 54’32).
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— Nicolás Maduro (@NicolasMaduro) June 29, 2020
« Assez du colonialisme interventionniste, du suprématisme et du racisme. […] Nous lui affréterons un avion pour qu’elle s’en aille. […] S’ils [les européens] ne respectent pas le Venezuela : qu’ils s’en aillent. Le Venezuela demande à ce qu’on respecte son intégrité en tant que nation », a-t-il ajouté, évoquant, selon lui, les « persécutions » dont souffre la république sud-américaine.
Onze responsables vénézuéliens sanctionnés par l’UE
Accusant les 27 d’être à la solde du président américain Donald Trump et d’avoir reconnu Juan Guaidó qu’il qualifie de « président fantoche », le successeur d’Hugo Chávez a expliqué agir en réponse à l’annonce faite par l’UE, le même jour, de la mise en place de nouvelles sanctions à l’encontre de plusieurs citoyens vénézuéliens.
En effet, quelques heures avant le discours de Nicolás Maduro, l’UE a décidé de sanctionner onze responsables vénézuéliens qu’elle accuse d’avoir mené des actions contre l’opposition. « La prétendue élection de Luis Parra [en tant que président de l’Assemblée nationale] n’était pas légitime car elle ne respectait pas les procédures juridiques, ni les principes constitutionnels démocratiques. […] Les derniers développements ont encore aggravé la crise institutionnelle et politique qui perdure au Venezuela et réduit l’espace démocratique et constitutionnel dans le pays », est-il précisé dans la décision publiée au Journal officiel de l’UE.
Parmi les personnes sanctionnées figurent également José Ornelas, militaire et secrétaire général du Conseil de défense de la nation, ainsi que plusieurs membres de l’Assemblée nationale ou de l’Assemblée nationale constituante comme Gladys Requena, Franklyn Duarte ou Elvis Amoroso mais aussi Juan José Mendoza, président de la chambre constitutionnelle de la Cour suprême.
« Qui sont-ils pour tenter de s’imposer par la menace ? Ça suffit ! », a enfin fait valoir le président vénézuélien, précisant toutefois ne pas définitivement fermer la porte des négociations avec l’Union. Son pays a été le premier en Amérique latine, en novembre 2017, à être la cible de sanctions décidées par l’UE.
L’UE convoque l’ambassadrice du Venezuela auprès des institutions européennes
La porte-parole de la diplomatie européenne, Virginie Battu-Henriksson, a souligné lors d’une conférence de presse à Bruxelles ce 30 juin vouloir convoquer le chef de la mission du Venezuela auprès de l’UE, l’ambassadrice Claudia Salerno, et ce dès « aujourd’hui ».
« Nous allons convoquer l’ambassadrice de Nicolás Maduro auprès des institutions européennes aujourd’hui même et à partir de là, nous pourrons voir quelles sont les mesures qui pourraient suivre », a-t-elle déclaré, ajoutant que Claudia Salerno pourrait être déclarée « persona non grata » en vertu de l’article 9 de la convention de Vienne. Elle a cependant rappelé que l’expulsion du chef d’une mission diplomatique nécessitait l’unanimité des États membres.
De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s’est exprimé sur Twitter : « Nous condamnons et rejetons l’expulsion de notre ambassadeur à Caracas. Nous prendrons les mesures de réciprocité nécessaires. Seule une solution négociée entre les Vénézuéliens permettra au pays de sortir de sa crise profonde. »