Heureusement que le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, a alerté les députés de la commission de la Défense nationale et des forces armées lors d’une audition en juillet dernier.
“Le moral des armées est aujourd’hui au seuil d’alerte” avait-il en effet affirmé avant d’ajouter que “l’engagement opérationnel, la variété des missions et la qualité des relations humaines dans les armées sont des facteurs très positifs et fédérateurs. Mais ils ne parviennent plus à masquer les inquiétudes sur l’avenir, d’autant que la situation de la majorité de notre personnel est précaire – 65 % des militaires sont des contractuels.”
Et ce qu’il se prépare en ce moment dans les états-majors n’est pas fait pour remonter le moral des militaires. Ainsi, selon Jean Guisnel, du Point, la lettre de cadrage envoyée au ministère de la Défense au cours de l’été contenait des annexes – non rendues publiques – qui prévoient d’annuler 30% des avancements pour l’année 2013. Ce qui veut dire, en clair, qu’un militaire sur trois qui attendait une promotion l’an prochain ne l’obtiendra pas.
“Afin de dépyramider la structure de ses effectifs, le ministère de la Défense réduira de 30 % les volumes d’avancement au choix de ses personnels militaires en 2013. Le ministère de la Défense et le ministère chargé du budget travailleront de concert sur le dépyramidage sur la période 2013-2015″ souligne Jean Guisnel.
Cela va même plus loin que les recommandations faites en juillet par la Cour des comptes, laquelle préconisait de “dépyramider la structure en réduisant fortement au moyen d’arrêté de contingentement pluriannuels le nombre d’officiers généraux et d’officiers supérieurs, ainsi que le nombre de cadres civils de catégorie A et A+.”
A cela s’ajoute une autre mesure, prise en catimini, visant à supprimer, pour 2012, le recrutement de plus de 2.000 engagés pour économiser 12 millions d’euros, l’armée de Terre étant la plus touchée, avectrois quarts de ces postes non pourvus.