On n’oublie pas que le budget de la CIA est lié aux « menaces » qui pèsent sur les États-Unis, qu’elles soient réelles ou fabriquées.
Selon Snowden, les données étant classifiées, la CIA pèserait 15 milliards de dollars et 21 000 employés. Le Monde écrit :
Seul le montant global est publié chaque année par le gouvernement. En 2012, il était de 55 milliards de dollars. Pour l’année budgétaire 2013, le gouvernement réclamait 52,6 milliards au Congrès, et pour 2014 il a demandé 48,2 milliards. À cela s’ajoutent encore les programmes de renseignement militaire du Pentagone (23 milliards en 2013 et 14 milliards demandés pour 2014).
En 2018, le budget global de ces agences se monte à 80 milliards de dollars. Entre-temps et depuis, la Chine puis la Russie sont devenus les grands ennemis du Pentagone, plus que des citoyens américains. Ces nouveaux grands ennemis, apparemment plus dangereux que le djihadisme, ont fait monter les budgets du renseignement en flèche. Le pouvoir profond américain a toujours joué avec la peur.
Et si c’était (encore) vrai ? La traduction du rapport annuel de la CIA (Les Nouvelles Menaces sur notre monde vues par la CIA, Éditions des Équateurs), publiée le 21 avril, dresse un panorama préoccupant des menaces qui pèsent sur les États-Unis et ses alliés occidentaux en 2022 et dans les années à venir. Première d’entre elles : la Russie. Des prévisions d’autant plus intéressantes que le renseignement américain était le premier à prédire une invasion russe en Ukraine laissant les Européens circonspects. Marianne s’est plongé dans l’ouvrage pour en savoir plus.
Poutine déstabilisé
Dans Les Nouvelles Menaces sur notre monde vues par la CIA, le directeur de la CIA, William Burns estime que le président russe a été surpris, en Ukraine, par quatre éléments majeurs. Il s’est tout d’abord trompé sur la capacité de résistance de l’Ukraine, qu’il pensait plus « faible et intimidable ». Ensuite, les contextes politiques en Europe – et en particulier en France, avec l’élection présidentielle, et en Allemagne avec la passation de pouvoir – n’ont pas été favorables à la prise de risques. Vladimir Poutine pensait par ailleurs « avoir mis son économie à l’abri des sanctions, en créant un important trésor de guerre en devises étrangères » explique William Burns. Enfin, le dirigeant russe était convaincu d’avoir suffisamment « modernisé ses forces armées et donc d’être capable de remporter une victoire rapide et décisive à un coût moindre ».
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Pas de « conflit direct » avec les États-Unis
Le chef du Kremlin n’aurait pas l’intention de s’engager dans « un conflit direct avec les forces américaines » selon les estimations de la CIA. La Russie cherche plutôt à trouver un arrangement avec les États-Unis « sur la non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures des deux pays et la reconnaissance par les États-Unis de la sphère d’influence revendiquée par la Russie sur une grande partie de l’ex-Union soviétique ».
Autre élément majeur du rapport, le renseignement américain estime que Moscou va continuer, dans les mois et années à venir, à « étendre son empreinte militaire, de renseignement, de sécurité commerciale et énergétique mondiale ». Ses implantations à l’étranger au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, au Venezuela ou encore dans les anciennes républiques soviétiques, lui permettent d’obtenir des droits d’accès militaires et des opportunités économiques.
Selon le Lieutenant-général Scott Berrier dans le rapport de la CIA, le développement de son arsenal militaire et son influence à l’étranger lui permettent de conserver un « avantage asymétrique » face aux Occidentaux et maximiser ses capacités de dissuasion.
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