Gravir l’Everest ! Ce défi, devenu presque commun, est un poncif de ce phénomène contemporain que l’on nomme le « tourisme de l’extrême ».
Depuis la première ascension en 1953, plus de 10.000 personnes ont tenté leur chance, et plus de 4.000 ont atteint le sommet. Ces chiffres ont connu une croissance exponentielle, et comme le déclarent un peu amèrement de nombreux alpinistes, l’Everest est devenu autant une affaire d’entraînement que de porte-monnaie.
- Le camp de base
Il faut en effet compter environ 40.000 dollars pour financer son ascension. Une moitié de cette somme est dédiée aux agences privées occidentales, et l’autre moitié va dans la poche du gouvernement népalais, qui facture très cher la délivrance d’autorisation. En dehors des critiques quant à la mauvaise répartition de ces gains dans la population locale, les alpinistes chevronnés se montrent parfois sceptiques, et dénoncent une transformation de l’Everest en « boîte à fric ». Les autorités s’en défendent, soulignant que l’autorisation est soumise à des réquisits drastiques en terme d’expérience, et que les fonds sont dédiés à l’amélioration continue de la sécurité des expéditions.
- La route du sud en 2009
Il est certain que l’ascension de l’Everest exige une préparation très importante. Les risques se concentrent essentiellement dans la fameuse « zone morte », c’est-à-dire au-delà des 8000 mètres. L’oxygène y est insuffisant, et les dangers de la montagne (engelures, crevasses, météo…) deviennent particulièrement mortels du fait des difficultés d’accès pour les secours. En dépit de l’encadrement et des améliorations techniques (les alpinistes grimpant l’Everest sans masque à oxygène sont une infime minorité) il arrive que des candidats au titre de summiter perdent la vie dans leur tentative. Si la mort est rarement la conséquence d’un manque d’expérience, l’affluence sur le parcours peut rendre plus lourd le bilan d’éventuelles catastrophes dues à une météo peu prévisible. La fréquentation élevée peut ralentir la circulation sur la voie, exposant ainsi les alpinistes à des risques en termes de réserves d’oxygène.
- Un hélicoptère russe a essayé d’atterrir au camp de base en 2003...
Les corps pouvant rarement être déplacés, on assiste à un phénomène aussi surprenant que sinistre : de plus en plus de cadavres jonchent les voies d’accès au sommet. Certains, parmi les 200 que l’on peut compter sur les deux parcours, ont acquis leur notoriété propre et possèdent des surnoms, comme « Bottes vertes » ou « Greeter ».
- « Bottes vertes » (Tsewang Paljor, mort en 1996)
- « Greeter »
- Peter Boardman (mort en 1982)