Annoncé vainqueur des élections législatives dans de nombreux sondages, il semblerait que le Camp sioniste (né de l’alliance entre le Parti travailliste et le Parti Hatmuah), mené par Yitzhak Herzog, se soit finalement fait devancer par le Likoud de Benjamin Netanyahu. Les deux rivaux auraient obtenu respectivement 27 et 29 sièges à la Knesset. Si le jeu des alliances déterminera une nouvelle fois le chef du gouvernement israëlien, il faudra cette fois-ci compter sur la coalition des partis arabes israëliens, qui en s’unissant ont réussi un score historique en étant le troisième parti de ces élections avec 13 sièges obtenus.

Hitzak Herzog est un sorte de Hollande israélien. Représentant la seule opposition capable de vaincre Netanyahu, le leader du Parti travailliste n’a eu qu’a éviter une grossière erreur pour arriver à un résultat si probant et savourer les joies de l’alternance, triste symbole des démocraties d’aujourd’hui. En tant que leader d’un parti de gauche, il a remis au centre du débat les questions sociales et économiques, pour répondre à l’augmentation du prix de l’immobilier et à l’accroissement des inégalités dans le pays, là ou Netanyahu ne parlait que de la menace palestinienne, iranienne, islamique, extraterrestre...

Malgrè une bonne volonté, Herzog, qui a aussi proposé de geler la construction de colonies ainsi que de trouver un accord de paix avec la Palestine, risque (en cas de nomination au poste de Premier ministre) de se confronter à la puissance des lobbys militaires et religieux et ne pas respecter très longtemps ses promesses. Les négociations nécessaires à l’accession au pouvoir n’y aidant pas, Herzog devra sans doute faire des concessions pour obtenir l’appui des autres partis, notamment des plus religieux, qui se tourneront vers le plus offrant entre Netanyahu et le leader du Camp sioniste.

Si l’actuel Premier ministre israélien semble le plus chevronné pour ce qui est de convaincre les autres partis, Herzog devrait pouvoir compter sur l’appui de la liste arabe unifiée, qui, avec un score historique, est devenue la troisième force du pays en ayant obtenu 13 sièges à la Knesset.

Cette liste des arabes unifiés qui réunit le parti communiste, islamiste et les partis nationalistes-arabes est menée par Ayman Odeh, un avocat de 40 ans méconnu du grand public jusqu’à maintenant. Apprécié pour son calme et son sang froid notamment dans un débat politique avec Liberman le 26 février, où celui-ci lui demandait : « Pourquoi êtes vous venu dans ce studio et non dans un studio à Gaza ? », Ayman Odeh semble être une solution intelligente pour réconcilier juif et Arabes, Israéliens et Palestiniens. Bien qu’Ayman Odeh et ses collaborateurs aient affirmés ne pas vouloir faire partie d’un gouvernement israélien si la Palestine restait occupée, et que la voix des défenseurs palestiniens ne semble pas pouvoir être entendue et défendue, cette victoire de la liste arabe unifiée est un symbole puissant dans un pays ou un cinquième des habitants sont des descendants de Palestiniens restés sur leur terre à la création d’Israël.

Face à ces Israéliens de souches que sont les Palestiniens en Israël, représentés mais impuissants, les juifs français en Israël jouissent d’une représentation toute-puissante par le biais de Netanyahu, pour qui ils votent majoritairement. Arrivés récemment pour nombre d’entre eux, les Franco-israéliens n’ont pas forcément le recul nécessaire pour attendre des élections des améliorations dans le domaine économique et social. Encouragés à venir au pays par Netanyahu et accueillis par celui-ci de par sa présence au pouvoir depuis 2009, les Israéliens de France lui restent fidèles et sont en accords avec le discours de « Bibi », où l’insécurité à une place prépondérante.

In fine, si l’on ne sait toujours pas qui de Herzog ou Netanyahu créera la meilleure coalition pour obtenir 61 sièges à la Knesset et ainsi être nommé premier ministre, le résultat est déjà connu. Sarkozy-Hollande, Bush-Obama... demain Netanyahu-Herzog ?

L’alternance et le même combat.