Alimuddin Usmani : Le 11 juin, vous avez mené une conférence avec Alain Soral à la Main d’Or. Pouvez-vous partager vos impressions concernant cet événement ?
Gilad Atzmon : En fait j’ai énormément apprécié cette conférence. Pour commencer, je dirais que le fait de retourner dans le sanctuaire de Dieudonné fait partie d’un régal spirituel que je serais prêt à accomplir de manière quotidienne. J’admire l’homme et j’aime les lieux. Pour couronner le tout, je suis véritablement inspiré par les activités d’E&R, par la diversité de la foule, par l’enthousiasme intellectuel, par l’approche scientifique. On assiste à une véritable transformation sociétale qui en est à ses débuts. C’était le deuxième événement auquel je participais avec Alain Soral, que je considère comme le tout dernier penseur français. Je respecte sa pensée, les méthodes dans lesquelles il développe ses arguments et la profondeur de son érudition. Il est évident pour moi que le harcèlement enduré par Soral de la part du lobby juif et de sa marionnette de gouvernement antisocial s’explique par le fait que nos dirigeants ne parviennent pas à confronter les questions que lui-même et son association soulèvent.
Le 20 juin dernier, Dieudonné a remporté une victoire judiciaire contre l’UEJF, qui souhaitait censurer une de ses vidéos et qui demandait 50 000 euros à l’humoriste à reverser au Mémorial de la Shoah [1]. Le juge a rejeté la demande de l’UEJF en estimant que c’était avant tout le Premier ministre qui était visé et non les juifs. Quelle est votre réaction à ce jugement ?
Cela veut dire que le statut de Premier ministre est bien plus vulnérable qu’une certaine tribu qui estime diriger le pays. En France vous pouvez vous moquer du Premier ministre pour autant que vous respectiez les juifs.
Dans un texte récent vous avez traité le dirigeant de l’opposition travailliste, Ed Miliband, de sioniste éhonté. Le père d’Ed, Ralph Miliband, était marxiste et membre d’Hashomer Hatzaïr (mouvement sioniste de gauche). Est-ce qu’il y a une contradiction à se réclamer à la fois du sionisme et du marxisme ?
Cela soulève quelques questions qui méritent une attention particulière. Tout d’abord quelqu’un peut-il être un marxiste et un sioniste de manière simultanée ? En théorie, non ; en pratique, oui.
Sur un plan théorique, il y a une contradiction flagrante entre le sionisme et le marxisme. Le marxisme est universel et cosmopolite. Le sionisme est tribal et nationaliste. Est-ce qu’on peut être à la fois cosmopolite, nationaliste, universel et tribal ? Les personnes ordinaires ne le peuvent probablement pas mais le juif peut l’être – Ralph Miliband a clairement fait fi de ces contradictions et il n’était pas le seul.
Alors que le terme « juif de gauche » est un oxymore dû à l’insupportable contradiction entre l’ethnocentrisme et l’universalisme, il est apparu que quelques juifs sont parvenus à surmonter cet obstacle. Ils opèrent de façon tribale au sein de cellules exclusivement juives et donc racialement orientées, mais s’identifient également comme marxistes, socialistes ou de gauche. Ils doivent croire que personne n’a remarqué leur duplicité mais ils sont nombreux à l’avoir identifiée.
Dans le but de comprendre cette forme de malhonnêteté politique, nous devons saisir la distorsion commise par les juifs progressistes par rapport à l’universel. Le marxisme cherche à unir le prolétariat sans tenir compte de sa couleur de peau, de son genre ou de sa race. La gauche juive fait tout son possible pour transformer le marxisme en un discours favorable au tribalisme. Elle divise la société en plusieurs groupes d’identité. En conséquence, les juifs progressistes prétendent soutenir les opprimés alors qu’ils restent cantonnés dans un ghetto marxiste exclusivement juif où ils ne se mélangent pas avec les goyim et encore moins avec la masse laborieuse.
La question suivante s’adresse au cas de Ralph Miliband. Le fait que Ralph Miliband, sioniste insignifiant, ait réussi tout au long de sa vie à convaincre ses comparses socialistes qu’il était un cosmopolite et un socialiste démontre que la gauche britannique a été prise en otage par une opposition contrôlée depuis un bon moment. Ce seul fait réussit à expliquer les raisons pour lesquelles la classe ouvrière dans ce pays a été laissée pour compte. Est-ce que quelqu’un croit réellement qu’un seul Miliband (Ralph, Ed ou David) a passé un seul jour dans une usine au cours de sa vie ? J’en doute. Est-ce que le meilleur ami de Ralph Miliband, Eric Hobsbawn, était un mineur de fond ? Ces gens font partie d’une prétendue intelligentsia juive issue de la classe moyenne. Ils prétendent savoir ce qui est bon pour la classe ouvrière. En Yiddish on appelle ça une Chutzpah. En pratique ce n’est rien d’autre que de la tromperie.
Les trois jeunes colons qui avaient disparu en Cisjordanie ont été retrouvés morts. Depuis leur disparition, le gouvernement israélien a pris des mesures de punition collective à l’égard des Palestiniens [2]. Que pensez-vous de cette affaire ?
La punition collective est une activité populaire au sein de l’État juif. Après tout, les juifs ont attendu 2 000 ans avant de pouvoir punir collectivement les goyim.
Dans le but de comprendre Israël et ses actions, nous devons comprendre la politique israélienne dans le cadre du contexte de continuum juif. Ce n’est pas le sionisme qui pousse Israël à imposer des mesures collectives à l’encontre des Palestiniens. Cette attitude est intégrée dans la nature de l’État juif.
Il y a également des raisons plus profondes à de telles punitions collectives. La maltraitance infligée aux Palestiniens de manière collective contribue au collectivisme israélien. La punition faite aux Arabes en tant qu’identité homogène sert à unifier les juifs, cela améliore le collectif juif et pose des barrières raciales entre les Arabes, les goyim et le continuum juif.
Les figures les plus radicales du sionisme sont nées dans des pays d’Europe de l’Est : Ze’ev Jabotinsky (Ukraine), Yitzhak Shamir (Biélorussie), Menahem Begin (Biélorussie). Y-a-t-il un lien entre leur lieu de naissance et leur dureté à l’égard des Arabes et des Palestiniens ?
L’éminente porte-parole palestinienne Hanan Ashrawi a dit un jour qu’Israël était le lieu où les juifs punissaient les Palestiniens pour des crimes commis par les Européens. Il n’y a aucun doute sur le fait que la souffrance juive en Europe de l’Est a contribué à la formation du militarisme faucon d’extrême-droite israélien. Cependant, malgré le fait que la « philosophie du mur de fer » (l’idée que les juifs doivent traiter les Arabes à l’aide d’une main de fer) a été introduite par Ze’ev Jabotinsky, c’est Ben Gourion et la prétendue gauche juive qui ont mis en œuvre le mur de fer et expulsé les Palestiniens.
J’ai pendant longtemps été d’accord avec Avi Schlaïm sur le fait que le mur de fer de Jabotinsky s’est mué en une pratique sioniste de gauche par les moyens de l’osmose. Néanmoins, je pense désormais qu’il est possible que ce ne soit pas une transformation idéologique qui a fait de Ben Gourion un disciple de Jabotinsky. Il apparaît que tant Jabotinsky que Ben Gourion, ainsi que le reste de l’élite sioniste, interprétaient l’aspiration nationale juive comme un projet de retour au foyer biblique poussé par le suprémacisme racial et par une inclination pour le pillage. En d’autres mots, Jabotinsky et Ben Gourion traitaient les Palestiniens avec une main de fer parce que c’est comme cela qu’ils interprétaient la signification d’une existence juive.
Pensez-vous que la devise du Mossad, « par la tromperie », est l’héritage de la tradition juive historique des Sicaires ?
« Par la tromperie » est une citation de la Bible hébraïque (Proverbes 24,6). C’est significatif car aux yeux des Israéliens cela exprime un continuum imaginaire entre la Bible des israélites et la culture actuelle des adeptes du Mossad, qui facilitent une multitude d’opérations sous faux drapeau en pensant bêtement que personne ne va le remarquer.
En réalité la devise du Mossad nous aide à saisir le rôle politique de personnes ou d’organisations telles que les Miliband, BHL, les Neocons, le CRIF, le LFI [Labour Friends of Israel, groupe parlementaire affilié au parti travailliste britannique, NDLR], Dershowitz, la Hasbara, l’AIPAC, George Soros et d’autres. La devise du Mossad suggère que si l’on se place dans une perception juive, la tromperie est cachère. C’est effectivement dévastateur.