Le récent colloque de l’APCP citait Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur : « La réputation de la presse est exécrable, que ce soit injuste ou non. » Ce jugement lapidaire est confirmé par les chiffres de diffusion de la presse quotidienne nationale à fin mai donnés par l’ODJ sur la période allant de janvier à mai 2013. Et les résultats sont accablants.
Seule La Croix en constante progression (+1,26%) tire son épingle du jeu. Sur les seules ventes au numéro en kiosque Le Monde est à – 18%, Aujourd’hui en France comme L’Équipe sont à -12%, Les Échos à -9%, Le Figaro régresse de 6%. Nous traiterons de Libération – la situation la plus critique – en fin d’article.
Les abonnements progressent très légèrement grâce au portage largement subventionné (+2 % sur ce mode de diffusion). Le numérique se porte bien et observe une croissance de 37 % en moyenne mais le numérique – qui rapporte moins d’argent en vente au numéro et en publicité – ne représente que de 1 à 10 % de la diffusion totale suivant les titres.
Plus grave « les ventes aux tiers » représentent une part croissante de la diffusion. Ces ventes qui sont des promotions déguisées se font à prix coûtant ou gratuitement dans les aéroports, les trains, certains lieux publics. Négligeables pour La Croix, elles sont équivalentes aux ventes au numéro pour Le Figaro, supérieures aux ventes au numéro pour Les Échos, et représentent plus de la moitié des ventes au numéro pour le quotidien Le Monde. La presse quotidienne nationale est ainsi de plus en plus donnée et non vendue.
Plus dramatique encore la situation de Libération. Le journal est en train de disparaître des points de ventes. Le numérique se porte bien (+ 39 %) mais ne représente que 10 % de la diffusion. La vente au numéro s’effondre, moins 32 % sur la période janvier/mai et moins 44 % sur le seul mois de mai. Les remous internes à la rédaction, les unes militantes n’ont guère encouragé les ventes. À ce rythme Libération va se transformer en quotidien vendu dans les 5ème et 6ème arrondissements de Paris, le reste sur l’Internet ou remis gracieusement chez les coiffeurs à la mode. En mai les ventes aux tiers (gratuites pour le lecteur) se sont montées à 28 000 exemplaires contre 36 000 exemplaires vendus en kiosque. Et chaque numéro est subventionné à hauteur de près de 30 %. Les bobos parisiens ont du souci à se faire.