Dimanche soir, sur TF1, on eût pu croire que Mélenchon était sous Temesta* ou qu’il venait de s’extraire des débris fumants d’un crash aérien.
Interviewé en visioconférence avec Marine Le Pen, l’homme à la cravate rouge, hirsute, hagard, déconfit, hésitait entre la grimace d’une gargouille et les ricanements du Joker de Batman.
Voir lci.tf1.fr
Même si son corpus intellectuel l’empêche de saisir toutes les raisons de sa défaite, le Leader Mínimo finit par concéder « Elle (Marine Le Pen) a un travail de dix ans devant des incapables et des bons à rien (les socialistes d’Hénin Beaumont) qui n’ont pas su endiguer sa progression ». L’art d’éluder ses responsabilités sur autrui n’acquitte jamais les opportunistes de devoir rendre des comptes devant les électeurs. Un jour ou l’autre.
Outre le sort personnel de Jean-Luc Melenchon, expulsé dès le premier tour comme un mauvais greffon, c’est toute la stratégie du Front de Gauche qui s’est, dimanche dernier, fracassée sur les raisons objectives et subjectives d’une défaite annoncée.
Les origines de ce fiasco sont multiples et leur combinaison redoutable. Tout commence au départ par une série de mauvais calculs.
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A la veille des dernières élections présidentielles s’est posée la question de savoir comment l’étrange attelage Parti de Gauche-PCF pouvait progresser indépendamment de ses encombrants alliés socialistes. Il s’agissait, sans doute, de ne pas "trop" combattre l’UMP en espérant qu’une défaite du Parti Socialiste ouvrirait un boulevard politique à Mélenchon et ses amis.
Symétriquement, comme il fallait bien ferrailler contre quelqu’un pour quelques sesterces du système, le choix de l’adversaire était tout désigné : Le Front National, éternel bouc émissaire des pharmacopoles de la Place du Colonel-Fabien.
« Combattre le Front National, c’est aussi combattre l’ump, ainsi je fais coup double » (dixit Mélenchon).
On connaît la suite de cette mauvaise plaisanterie.
Malgré des résultats aux Présidentielles, bien en dessous des ambitions annoncées (11,1 % au lieu des 15 attendus), la Direction du Front de Gauche a décidé de poursuivre son saugrenu combat "Front contre Front" et s’est lancée dans la bataille des Législatives sans véritables alliés (surtout pas les incapables et bons à rien du PS).
Avec 1,8 millions de voix et une douzaine de députés annoncés (contre 21 dans l’Assemblée Nationale sortante) le Front de Gauche risque de sortir sans groupe parlementaire et affaibli par cette aventure politique. Quant au Parti de Gauche, il voit tous ses candidats (ou presque) éliminés dès le premier tour.
Dans le cadre des institutions politiques de la Cinquième République, à l’instar du Modem, on peut considérer que la capacité de survie d’une formation politique étrillée, isolée et coupée de sa base sociale originelle, est plus qu’hypothétique. Bon épousseteur du capital moribond, le soldat Mélenchon a accompli la tâche confiée par ses maîtres avec un dévouement véritablement canin. En fin survivaliste, il saura écouter les conseils avisés de ses camarades du PC qui salivent depuis longtemps sur quelques marocains ministériels.
***** On constate là les limites de l’antifascisme anachronique et opportuniste des vieilles directions ouvrières en décomposition. Nous ne sommes pas en 1932, en Allemagne, sous le Gouvernement Brüning. Le Front National n’est pas le NSDAP. Quant au Front de Gauche, cadavre faisandé du boboïsme post-soixante-huitard, il est loin d’avoir l’assise populaire du PC allemand (KPD) sous la République de Weimar. Le cauchemar frénétique de conscientisation forcée des ouvriers par une direction d’intellectuels petit-bourgeois à un mauvais parfum d’infantilisation : Une bonne tapette à ces polissons égarés. Hop ! Qu’on fasse entrer dans les rangs du peuple de gauche le peuple d’en bas. Quant aux récalcitrants, ils n’auront qu’à raser les murs...
Après des décennies de trahison de la gauche cosmopolite et immigrationniste, beaucoup, qui comme moi sont issus d’un milieu dit "populaire", en ont assez des petits instituteurs rouges et de leur fantasmagorie antifasciste. C’est le sens du vote des électeurs de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais au 1er tour des Législatives. Nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre que la Nation est le seul rempart, l’unique repère qui subsiste pour des millions de personnes déracinées de leur terre natale ou acculturées dans leur propre pays par la mondialisation. L’échec du Front de Gauche préfigure la déroute de leurs cousins socialistes avant la fin de la prochaine législature. La crise économique qui gronde soulevera un rejet croissant et viscéral d’abandonner son clocher pour aller danser au bord d’un cratère avec les pantins Mélenchon, Hollande et Coppé.
*Médicament de la famille des anxiolytiques.