Dans la longue lignée des émissions de télé réalité « sociétales » (qui s’attachent à un problème de société et qui le scénarisent) promues par M6, chaîne populaire par excellence, Marius, ancien instructeur de la Marine nationale, prodigue ses conseils « tactiques » pour dresser une jeunesse française un peu flasque qui a oublié les valeurs de solidarité et de discipline.
Dans la foulée des attentats de 2015, le pays tout entier s’est pris de passion pour ses forces de police et son armée, redécouvrant qu’on pouvait se sacrifier pour les autres. Que le drapeau n’était pas le symbole de la colonisation et de la collaboration mais l’image d’une histoire riche et entraînante, que la Marseillaise n’était pas un chant sanguinaire mais le couplet de tout un peuple, que les policiers n’étaient pas des fascistes alcooliques mais des hommes qui luttent au quotidien contre le mal, que la France enfin n’était pas ce pays dénigré par ses propres médias, mais un pays à l’esprit frondeur toujours ressuscité qui doit être un motif de fierté, ce qui n’empêche aucunement la lucidité.
C’est donc pour des « mauvaises » raisons que les Français aiment à nouveau leur armée, leur police, une armée qui cimentait auparavant une jeunesse qui appartenait à des classes bien différentes : c’est au service militaire que le fils de bonne famille qui venait de passer l’oral de l’ENA croisait le franco-algérien qui tenait une épicerie à Barbès, que le catho ultra croisait le gauchiste anar, que le riche côtoyait le pauvre, que le communiste jouait aux échecs avec le « facho », que le paysan découvrait l’intellectuel... rencontres socialement transversales qui n’ont plus beaucoup de chances de survenir aujourd’hui.
Certes, on ne va pas rêver, ce n’est pas une émission de télé qui va remettre la France à l’endroit, vu le tonnage d’idéologie décadente qui s’y est incrustée (comme une pollution pétrolière sur une jolie côte bretonne), mais c’est le signe d’un retournement qui ne vient pas de nulle part : cela fait des années que l’Internet non aligné, patriote et informé, met la pression sur les médias dominants et sur le grand public pour rendre justice à tout ce qui a été dénigré sous le registre de la nation. Un retournement qui fait son chemin, qui est forcément lent, car en France, rien ne se fait en douceur : il faut des chocs pour que les gens comprennent, et le terrorisme, malheureusement, est l’un de ces chocs.
La paupérisation en est un autre. C’est quand les Français auront les poches et la tête vides qu’ils comprendront enfin – on l’espère, pas trop tard – qu’en haut lieu, on leur a fait les poches et le cerveau. Un procédé de double spoliation tellement subtil, tellement calculé, qu’il est difficile à admettre. De plus, les Français ont assez de problèmes comme cela. Devant la course quotidienne aux moyens de subsistance, la politique devient un luxe, ce qui arrange la dominance.
Pour l’instant, l’armée recrute à tours de bras, les jeunes se précipitent dans les centres de sélection, mais les soldats de métier qui servent sur tous les théâtres des hostilités (Afrique sahélienne, Proche-Orient) ne luttent pas vraiment pour la France, mais objectivement pour l’oligarchie israélo-américaine.
Attention donc à ne pas se faire voler, en plus, son amour et son engagement pour la France.
Voir l’interview de Marius qui explique son choix pour M6 :
« Les valeurs humaines, la respiration collective, la cohésion, voilà. Ce que beaucoup de jeunes ont au fond d’eux-mêmes, et ont du mal à la démontrer, et quelque fois il faut des guider. »
Marius chez les Grandes Gueules de RMC le 16 février 2016 :