Nous continuons d’écrire, de dire notre refus des horreurs perpétrées par l’armée israélienne, tout en sachant que ceux des responsables qui ont la possibilité de les faire cesser ne veulent pas nous entendre. Des voix courageuses, et prestigieuses, se sont pourtant élevées.
L’ancien président Jimmy Carter a récemment déclaré que le blocus contre la bande de Gaza, imposé par le Quartet après la victoire du Hamas aux élections de 2006, était « l’un des plus grands crimes contre l’humanité au monde » car il signifiait « l’emprisonnement de 1,6 millions de personnes, dont 1 million sont des réfugiés (…) A Gaza, la plupart des familles ne mangent plus qu’un repas par jour. De voir les Européens s’accommoder de cela est déconcertant ».
À une question qui lui était posée sur la possibilité qu’ont les Etats européens de rompre avec l’attitude imposée par les Etats-Unis, M. Carter a répondu : « Pourquoi pas ? Ils ne sont pas nos vassaux. Ils occupent une position d’égalité par rapport aux Etats-Unis » [1].
L’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel de la Paix sud-africain, s’est rendu récemment à Gaza, dans le cadre d’une mission de trois jours à la demande du Conseil des Droits Humains de l’ONU. « La situation entière est abominable » a-t-il déclaré. « Nous pensons que les citoyens israéliens ordinaires ne supporteraient pas ce blocus, ce siège, s’ils savaient que ce cela signifie vraiment pour les gens ordinaires comme eux ». La communauté internationale est aussi fautive, a-t-il dit, pour son « silence et sa complicité » [2].
Mais ces voix restent malheureusement trop rares et isolées. Malgré leurs appels, rien ne change, les mois passent.
Israël maintient Gaza bouclée ; en manque d’eau, d’aliments, de médicaments les gens s’affaiblissent, dépérissent, meurent.
Au moment où nous écrivons ces lignes, à Gaza, il y a des mères qui mettent au monde des enfants condamnés avant leur naissance. Le nombre d’enfants qui meurent à la naissance à cause de la malnutrition s’accroît. Beaucoup des enfants survivants sont anémiques, car la mère a elle-même été sous-alimentée durant sa grossesse. Imaginez l’inquiétude des parents, l’angoisse des mères à l’enfantement ! Il y a 9’000 à 10 000 nouveaux nés à Gaza chaque mois. C’est un crime abominable !
Ces enfants, vont devoir supporter toute leur vie les séquelles de cette situation. Car leurs cellules cérébrales ont subi d’ores et déjà des dommages irréparables. La majorité des enfants en dessous de l’âge de cinq ans se trouvent sous-alimentés, parce que privés de nourriture par décision du Gouvernement et de l’Etat Major israélien !
Les dirigeants israéliens savent parfaitement ce qu’ils font : sans le dire, ils contribuent par cette mesure cruelle à compromettre la vie des enfants Palestiniens de façon irréversible. Et nul ne semble pressé de courir au secours de ces enfants !
La situation à Gaza est devenue intolérable.
Voilà ce que nous disait, l’autre jour, un habitant de Beit Hanoun : « On est arrivé au-delà du supportable. Pas d’électricité, pas de mazout, pas de gaz, pas de nourriture, pas d’eau potable, pas de salaire ; on n’a rien ; c’est indescriptible. Et ni l’Europe, ni les Etats arabes ne réagissent, comme si la bande de Gaza était déjà rayée de la carte ! »
Quand il s’agit de la survie des Palestiniens, qu’Israël affame et assassine, les responsables politiques restent inertes ; et les médias ne font pas une information qui permette aux gens de se rendre compte de la gravité de la situation. Mais les images terribles existent, les atrocités ont été décrites, et qui le veut vraiment a la possibilité de savoir ce qui se passe.
Dès lors, tous ceux qui s’indignent rétrospectivement du silence et de la passivité de leurs aînés devant les pratiques concentrationnaires des Nazis, mais qui ne font rien pour dénoncer la situation qui est faite aux Palestiniens, ni pour obliger Israël à changer de politique, devraient commencer par balayer devant leur porte.
Contrairement à leurs aînés, ils disposent, eux, de toutes les informations. Leur silence et leur passivité ne sont rien d’autre qu’une complicité dans le crime.
Silvia Cattori, journaliste indépendante en Suisse.
Source : http://www.michelcollon.info
Notes
[1] Voir : « Hay Ride : Jimmy Carter Crosses the Line », by Chris Floyd, chris-floyd.com, 26 mai 2008.
voir également : « Jimmy Carter dénonce le blocus de Gaza », Le Devoir, 26 mai 2008.
[2] Voir : « Tutu calls for end to blockade of Gaza », by Rory McCarthy, The Guardian, 30 mai 2008.
L’ancien président Jimmy Carter a récemment déclaré que le blocus contre la bande de Gaza, imposé par le Quartet après la victoire du Hamas aux élections de 2006, était « l’un des plus grands crimes contre l’humanité au monde » car il signifiait « l’emprisonnement de 1,6 millions de personnes, dont 1 million sont des réfugiés (…) A Gaza, la plupart des familles ne mangent plus qu’un repas par jour. De voir les Européens s’accommoder de cela est déconcertant ».
À une question qui lui était posée sur la possibilité qu’ont les Etats européens de rompre avec l’attitude imposée par les Etats-Unis, M. Carter a répondu : « Pourquoi pas ? Ils ne sont pas nos vassaux. Ils occupent une position d’égalité par rapport aux Etats-Unis » [1].
L’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel de la Paix sud-africain, s’est rendu récemment à Gaza, dans le cadre d’une mission de trois jours à la demande du Conseil des Droits Humains de l’ONU. « La situation entière est abominable » a-t-il déclaré. « Nous pensons que les citoyens israéliens ordinaires ne supporteraient pas ce blocus, ce siège, s’ils savaient que ce cela signifie vraiment pour les gens ordinaires comme eux ». La communauté internationale est aussi fautive, a-t-il dit, pour son « silence et sa complicité » [2].
Mais ces voix restent malheureusement trop rares et isolées. Malgré leurs appels, rien ne change, les mois passent.
Israël maintient Gaza bouclée ; en manque d’eau, d’aliments, de médicaments les gens s’affaiblissent, dépérissent, meurent.
Au moment où nous écrivons ces lignes, à Gaza, il y a des mères qui mettent au monde des enfants condamnés avant leur naissance. Le nombre d’enfants qui meurent à la naissance à cause de la malnutrition s’accroît. Beaucoup des enfants survivants sont anémiques, car la mère a elle-même été sous-alimentée durant sa grossesse. Imaginez l’inquiétude des parents, l’angoisse des mères à l’enfantement ! Il y a 9’000 à 10 000 nouveaux nés à Gaza chaque mois. C’est un crime abominable !
Ces enfants, vont devoir supporter toute leur vie les séquelles de cette situation. Car leurs cellules cérébrales ont subi d’ores et déjà des dommages irréparables. La majorité des enfants en dessous de l’âge de cinq ans se trouvent sous-alimentés, parce que privés de nourriture par décision du Gouvernement et de l’Etat Major israélien !
Les dirigeants israéliens savent parfaitement ce qu’ils font : sans le dire, ils contribuent par cette mesure cruelle à compromettre la vie des enfants Palestiniens de façon irréversible. Et nul ne semble pressé de courir au secours de ces enfants !
La situation à Gaza est devenue intolérable.
Voilà ce que nous disait, l’autre jour, un habitant de Beit Hanoun : « On est arrivé au-delà du supportable. Pas d’électricité, pas de mazout, pas de gaz, pas de nourriture, pas d’eau potable, pas de salaire ; on n’a rien ; c’est indescriptible. Et ni l’Europe, ni les Etats arabes ne réagissent, comme si la bande de Gaza était déjà rayée de la carte ! »
Quand il s’agit de la survie des Palestiniens, qu’Israël affame et assassine, les responsables politiques restent inertes ; et les médias ne font pas une information qui permette aux gens de se rendre compte de la gravité de la situation. Mais les images terribles existent, les atrocités ont été décrites, et qui le veut vraiment a la possibilité de savoir ce qui se passe.
Dès lors, tous ceux qui s’indignent rétrospectivement du silence et de la passivité de leurs aînés devant les pratiques concentrationnaires des Nazis, mais qui ne font rien pour dénoncer la situation qui est faite aux Palestiniens, ni pour obliger Israël à changer de politique, devraient commencer par balayer devant leur porte.
Contrairement à leurs aînés, ils disposent, eux, de toutes les informations. Leur silence et leur passivité ne sont rien d’autre qu’une complicité dans le crime.
Silvia Cattori, journaliste indépendante en Suisse.
Source : http://www.michelcollon.info
Notes
[1] Voir : « Hay Ride : Jimmy Carter Crosses the Line », by Chris Floyd, chris-floyd.com, 26 mai 2008.
voir également : « Jimmy Carter dénonce le blocus de Gaza », Le Devoir, 26 mai 2008.
[2] Voir : « Tutu calls for end to blockade of Gaza », by Rory McCarthy, The Guardian, 30 mai 2008.