Notre rapport au sauvage
Il est tout à fait captivant d’observer l‘attitude obsessionnelle avec laquelle les heureux propriétaires du moindre petit lopin de terre comme d’un parc de plusieurs hectares passent leur temps et leur énergie à entretenir leur bout de nature.
Et je dois vous avouer que, oui, je me sens aussi mentalement apaisé après 2 heures de tontes, tailles et autres activités d’entretien en tout genre, admirant cette nature bien rangée où pas un brin d’herbe ne dépasse. Une vraie thérapie, je vous dis !
Mais peut-on s’interroger et creuser un peu plus loin ? D’où vient ce sentiment, ce désir impérieux d’organiser la nature, de systématiquement vouloir la contrôler en tentant de prendre le dessus sur elle, par tous moyens : mécanique, chimique, thermique... ?
Nous sommes nombreux à revendiquer notre amour pour la nature. En fait, ce que nous appelons nature est la plupart du temps de la campagne, bien organisée et rangée, bords de routes fauchés de près, champs de maïs, de colza ou de blé, de part et d’autre, quelques haies pour tenter de casser la monotonie et de temps en temps, un coquelicot. Bucolique tout ça !
Et si vous y faites attention, par exemple en traversant la France en TGV, partout où portera votre regard, pendant les quelques heures que durera votre trajet, vous ne verrez rien de naturel. Tout est le résultat de l’action des hommes : champs cultivés à perte de vue, haies, chemins, routes, terre-pleins, forêts, plans d’eau… Il faut avouer que le continent européen est consciencieusement exploité par l’homme depuis des siècles, des millénaires.
La « vraie » nature est parfois à vous couper le souffle. Mais elle est aussi souvent dure, insupportable : ronciers inextricables, forêts impénétrables, les plantes occupent l’espace, intensément, brutalement. Qui s’est retrouvé un jour coincé dans le maquis corse après avoir suivi par erreur un chemin de sanglier sait de quoi je parle.
L’homme ne s’est peut-être jamais senti le bienvenu dans la nature sauvage : les prédateurs motivés, les forêts sombres… Il a tout de même fallu qu’il y fasse sa place, en luttant en permanence contre elle. Et cela dure depuis, les habitudes ne se perdent pas facilement !
C’est pourtant du sauvage que nous venons tous. N’avez-vous pas l’envie d’en réinjecter de petites doses dans votre vie, de temps en temps ?
Se rapprocher du sauvage : un beau voyage en terre de réconciliation, avec respect.
Réintroduire du sauvage dans notre vie
Cette action est tellement antinaturelle pour tout un chacun qu’il faut y aller progressivement, à son propre rythme, afin de ne pas sombrer immédiatement dans une profonde dépression ! Nous l’avons vu, la nature sauvage peut être insupportable et il faut donc y aller par petites touches, pour faire connaissance.
Vous habitez en appartement
Si vous n’avez aucun terrain, que vous habitez en ville et même si vous n’allez jamais à la campagne, commencez par prendre conscience, sur les trottoirs, dans les fissures de murs, dans les parcs : partout, ici et là, une petite plante sauvage s’y cache, avant de recevoir sa dose réglementaire de glyphosate par le cantonnier du coin.
Un point de couleur, cette plante porte probablement une ou plusieurs fleurs. Observez et découvrez ce monde incroyable de couleur, de forme, de géométrie à vous couper le souffle.
Tous les botanistes disposent d’une petite loupe grossissante (x10 ou x20), loupe que vous pouvez acquérir sur le Net pour quelques euros. Voici 2 bons modèles que vous trouverez facilement :
C’est avec ce simple petit objet que j’ai eu ma première révélation botanique. Au début de ma formation, en regardant une toute petite fleur sauvage, si petite, si banale que vous l’avez probablement pietiné à de nombreuses reprises, sans y faire attention.
Veronica persica pour les intimes… Insignifiante et fabuleuse tout à la fois ! Observez par vous-même :
Vous disposez d’un bout de terrain
Là, vous allez pouvoir être imaginatif, voir subversif ! Voici quelques suggestions d’actions que j’ai pu expérimenter par moi-même.
En observant votre gazon avec un peu d’attention, vous verrez qu’il est en fait composé de nombreuses plantes différentes... sauf si votre jardin est un terrain de golf ! Ces plantes sont certes toutes vertes comme l’herbe, mais uniquement parce que vous ne les laissez pas fleurir.
Réservez quelques mètres carrés de votre terrain et laissez faire. Retenez-vous d’intervenir. Vous allez, au cours du printemps et de l’été, voir progressivement apparaître et se succéder de nombreuses espèces de plantes qui auront le temps de vous monter tous leurs atours.
Vous pouvez également, toujours par l’observation, remarquer que dans votre gazon, certaines plantes forment des petites colonies plus ou moins denses. Ci-dessous, une petite colonie de plantes appartenant à la même famille que les lentilles et autres haricots. Voilà ce que cela donne, un petit massif éphémère de plantes sauvages :
Remarquez, de part et d’autre, c’est propre !
Vous pouvez être plus ambitieux et décider de ne plus entretenir une partie de votre terrain. Afin que cette nature anarchique ne vous agresse trop, essayez de maintenir une frontière bien délimitée entre le sauvage et la partie entretenue. Cela aide à supporter, le temps que votre œil et votre esprit s’apaisent !
Ici, le verger n’est fauché qu’une fois par an. Les arbres semblent ne pas s’en porter plus mal. Des allées sont néanmoins maintenues pour continuer à pouvoir circuler confortablement dans le jardin.
Sur la photo ci-dessous, vous voyez un terrain sur lequel plus aucune action d’entretien n’est menée depuis 3 ans. Arbres morts qui pourriront sur pied, offrant gite et couvert aux insectes, amas denses de plantes en tous genres, offrant à la faune un habitat incomparable… La nature, quoi !
Immuablement, la nature déploie toujours le même processus de reconquête, si nous lui en laissons le temps.
D’abord, des ronciers et autres plantes annuelles ou vivaces s’installent.
Puis émergent des arbrisseaux et arbustes comme des églantiers, sureaux et aubépines. Par leurs ombrages, ils feront progressivement régresser les ronces et autres plantes ayant besoin du plein soleil.
Enfin, les arbres comme des chênes, des hêtres, charmes, érables et autres espèces, suivant les conditions climatiques et environnementales, s’établissent progressivement et finissent par former une véritable forêt.
Oui, sous nos latitudes, sans la présence de l’homme, la forêt serait omniprésente, omnipotente.
Les « herbes folles » peuvent aussi être belles :
Avec un peu de patience, vous verrez apparaître des orchidées et autres plantes dont vous ne soupçonniez pas même l’existence (elles étaient là pourtant) :
Ici, une plante parasite (Orobanche minor) |
Là, une orchidée (Ophrys apifera) |
Une autre (Anacamptis pyramidalis) |
Plantes sauvages comestibles ?
Alors oui, ces plantes avec lesquelles vous avez commencé à faire la paix, elles vont pouvoir vous offrir quelque chose en retour, quelque chose de très concret…
Mais au fait, c’est quoi une plante sauvage, comment les traitons-nous, qu’ont-elles de si important à nous donner, gratuitement et avec générosité, dans ce monde marchand que nous subissons ?
Les plantes sauvages, vous savez, ce sont les mauvaises herbes que vous vous échinez à retirer de votre potager, celles que vous ne voyez pas en bord de chemin, malgré la grande beauté de leurs fleurs, de leurs ports. Les plantes sauvages, ce sont celles qui peuplent, invisibles à vos yeux, le gazon que vous tondez tous les 15 jours. Elles sont partout.
Alors, si vous décidiez subversivement de prendre conscience de leur existence, voire d’apprendre à les connaître, quelques conseils pour une première approche du sujet.
Notez d’abord que dans nos contrées tempérés d’Europe, et même si le sauvage fait peur, peu de plantes sauvages sont réellement toxiques. Il y en a un certain nombre tout de même et il faudra apprendre à les connaitre et les reconnaître. Notez également que parmi toutes les plantes qui nous entourent, nombre d’entre elles sont comestibles, certaines se révélant même être d’excellents légumes. Pas moralisateur, tout de même, interrogez-vous la prochaine fois que vous désherbez pour planter quelques salades… Vous venez probablement d’en arracher quelques-unes en « nettoyant » votre terre !
Vous allez vous en rendre compte, vivre avec les plantes sauvages comestibles, c’est énorme !
Autonomie
L’autonomie, c’est l’argument premier, celui qui m’a fait m’intéresser il y a de nombreuses années aux plantes sauvages.
Une crise majeure, un effondrement économique, nous y pensons tous, n’est-ce-pas ? Une réponse qui ne me satisfait pas totalement : le « survivalisme », où le concept même est d’être en combat permanent pour sa survie, le stockage alimentaire, la lourdeur de l’organisation à mettre en place pour qu’elle soit suffisamment efficiente…
Avec les plantes sauvages comestibles, vous n’êtes plus dans la lutte à mort, vous êtes en symbiose avec la nature qui vous entoure. Vous savez que quoi qu’il arrive, elle vous donnera généreusement ce qu’elle a à vous donner. Une organisation et une intendance plus légères, une attitude mentale plus positive, une façon plus élégante de gérer l’effondrement à venir ?
Et quand bien même nous échapperions à cet effondrement, n’aimeriez-vous pas juste vous balader dans la nature ou dans votre jardin, et cueillir simplement ce dont vous avez envie et qui est disponible pour votre repas du soir ? C’est pourtant à chaque fois, chaque jour pour moi, une grande satisfaction que d’être juste autosuffisant, dans la joie !
Nutrition
Enrichir son alimentation
En pleine sécheresse, ne trouvez-vous pas vos mauvaises herbes resplendissantes ? Les plantes sauvages subissent constamment une sélection naturelle sans pitié, d’où elles tirent une force vitale que l’on ne retrouvera jamais dans un légume cultivé.
Les analyses le prouvent, les plantes sauvages sont riches en micronutriments de toutes natures et en les consommant, vous pourrez en faire le plein facilement et… gratuitement.
J’ajoute qu’augmenter tout particulièrement sa consommation en feuilles vous fera augmenter votre consommation de protéines foliaires [1] (protéines contenues dans toutes les feuilles des végétaux). Ce sont des protéines de grande qualité, offrant la gamme complète des acides aminés essentiels, plus facilement assimilables que les protéines animales (aucun prosélytisme végétarien ou « véganien » ici, j’aime la viande !).
Diversifier son alimentation
Actuellement, 29 plantes cultivées à travers le monde représentent 90% de l’apport en nourriture végétale de l’humanité. Vous, personnellement, n’avez-vous pas l’impression, en fin d’hiver, de tourner plus ou moins toujours sur les mêmes légumes ?
Quand on compare ces chiffres aux 1600 plantes sauvages qui ont été répertoriées comme ayant fait partie du régime alimentaire de nos ancêtres et les 80 000 plantes potentiellement comestibles à travers le monde, il parait souhaitable de redécouvrir leurs usages.
En se baladant dans la nature, on peut aisément accéder, tout au long de l’année, à plusieurs dizaines de plantes sauvages comestibles et remettre ainsi dans notre assiette une certaine diversité, pour le plus grand bénéfice de notre santé.
Dernier argument pour vous rassurer, avant d’entamer avec moi ce fabuleux voyage de découverte : vous n’allez pas vous transformer en hippie en consommant des plantes sauvages.
Voilà à quoi ressemblait notre table hier soir au dîner (oui, nous mangeons sur une table, avec des chaises !), à côté des plantes sauvages (salade confectionnée à partir de deux plantes sauvages très communes – Sonchus asper et Stellaria media – plat principal, sorte de brouée à base d’orties, d’oignons et de lait coco), vous apercevez bien du magret de canard au milieu et aussi, du vin et de la bière. Nous sommes dans la norme !
Consommer des plantes sauvages ne vous changera donc pas forcément en écolo végétarien intégriste immédiatement…
Par où commencer votre apprentissage des plantes sauvages ?
Je vais essayer de poser la problématique de la façon la plus simple. Vous voulez débuter votre apprentissage des plantes mais ne savez pas par où commencer et quelle stratégie suivre.
Savoir si telle ou telle plante sauvage est comestible ou toxique n’est pas un problème.
Il existe d’excellents livres dont je mettrai les références en bas d’article, qui vous indiqueront les plantes comestibles les plus courantes. Vous trouverez également à quel stade de maturité les consommer et la façon de les préparer.
Internet est également une source d’informations inépuisable, attention toutefois à certaines erreurs que l’on peut rencontrer, mais comme sur tous les sujets.
Un seul problème subsiste : comment faire pour reconnaître une plante que l’on rencontre et que l’on ne connait pas ? Vous ne vous promenez pas systématiquement avec un éminent botaniste à coté de vous et les dernières applications sur smartphone vous proposant de reconnaître une plante à partir d’une simple photo fonctionnent très mal. La recherche sur Internet, par les photos est assez aléatoire et fastidieuse et encore faut-il les décrire précisément pour aboutir dans cette recherche.
S’ajoute une dernière complication. De nombreuses plantes comestibles le sont à un certain stade de leur maturité, souvent au moment où leurs fleurs sont absentes. Cela rend la reconnaissance plus délicate.
S’offrent alors à vous deux approches.
La première, vous participez régulièrement à des balades de découverte des plantes et allez ainsi progressivement apprendre à faire la connaissance d’un certain nombre de plantes sauvages comestibles. Vous apprenez à en reconnaître une vingtaine, communes et faciles à trouver, c’est bien, vous allez déjà massivement transformer votre alimentation, votre santé, en les consommant.
Je vous propose une deuxième approche, plus ambitieuse. Pourquoi ne pas apprendre la technique vous permettant de trouver par vos propres moyens, dans la plupart des cas, le nom des plantes que vous rencontrez ? Cette technique acquise, alors vous serez autonome face au sauvage végétal.
Techniques de base pour la détermination d’une plante
L’investissement financier est somme toute modique, rien à voir avec l’investissement personnel qu’il faudra mettre dans cet apprentissage. Oui, il faudra apprendre, pratiquer, et plus vous le ferez souvent, plus vous maitriserez rapidement cette technique. C’est comme pour tout apprentissage, il n’y a pas de secrets… En même temps, apprendre quelque chose que l’on aime rend le processus plus facile.
Êtes-vous réellement motivé ?
Financièrement, oui, pas grand-chose, nous l’avons dit, il vous faut une petite loupe de botaniste (que l’on trouve aussi sous le vocable « loupe de bijoutier »).
Vous pouvez vous en tirer sur Internet pour 10 euros. Vous ne pouvez même pas imaginer ce que vous allez voir avec ce simple petit objet !
Il vous faudra aussi acquérir une flore, pour quelques dizaines d’euros.
Qu’est-ce-qu’une flore ?
Une flore est un recueil qui présente la liste exhaustive des plantes sauvages existantes sur un territoire donné, par exemple en France.
Une flore décrit chaque plante par ses caractéristiques principales, qui la distinguent des autres. Les descriptions utilisent un vocabulaire spécifique pour décrire les parties souterraines comme les parties aériennes, tiges, feuilles, fleurs et fruits.
Il va donc vous falloir apprendre le rudiment de cette langue botanique, pour ne pas être obligé de vous reporter en permanence au lexique et rendre ainsi insupportable le processus de détermination de la plante sauvage rencontrée. Vous le savez, on n’a rien sans rien dans la vie.
C’est un prérequis pour pouvoir avancer, se débrouiller seul. Voici donc un lien vers un Lexique botanique. En s’engageant sérieusement, en un mois, on peut apprendre les rudiments du langage botanique. C’est ce que j’ai fait, vous pouvez donc le faire !
Notez qu’avec le vocabulaire, inévitablement, vous apprendrez aussi comment grossièrement fonctionne une plante, sa reproduction, les organes mâles et femelles…
Une flore contient également une clé d’identification vous permettant d’aboutir généralement au nom de la plante. J’utilise le mot « généralement », car nous avons affaire ici au vivant, dans toute sa diversité et sa singularité.
Comprenez que quand vous voyez un champ de pissenlit, vous ne voyez pas du pissenlit, vous voyez un regroupement d’individus, tous aussi différents les uns des autres que vous et moi.
Chaque plante observée a sa propre singularité, qui peut éventuellement l’éloigner des caractéristiques de son espèce. Une bonne détermination doit donc se faire avec plusieurs individus si possible, pour ne pas partir sur de mauvaises pistes.
La clé de détermination vous offre une succession de propositions avec l’obligation de choisir à chaque étape et progressivement, d’élimination en élimination, parvenir à la réponse. Plus qu’un long discours, une illustration :
Souvent, dans ce cheminement, il n’est pas possible d’arbitrer entre deux propositions. Au stade de développement de la plante à déterminer, il vous manque des éléments – la fleur n’est pas encore présente, le fruit pas encore mûr…
Alors, comme dans un labyrinthe, il faut explorer plusieurs chemins qui s’ouvrent à soi. C’est un jeu intellectuel stimulant plus qu’un chemin de frustration, suivant la personnalité de chacun !
Quelle flore choisir ?
Il existe de nombreuses flores pour déterminer les végétaux en France mais deux d’entre elles font référence depuis plus de 100 ans !
La flore de l’abbé Coste
En 3 tomes, la flore de référence. Les dessins sont très beaux, les descriptions claires et précises, la clé de détermination fonctionne bien. Reste les 3 tomes à se trimbaler sur le terrain... Un peu lourd à mon goût.
La flore de Gaston Bonnier
Cette flore est en fait la clé de détermination d’une flore en 12 grands fascicules, avec des planches en couleur splendides.
Ils ne sont plus édités mais on peut encore les trouver chez des bouquinistes. C’est cher mais c’est beau.
Reste cette flore portative qui est mon choix pour aller sur le terrain. C’est une très bonne flore pour se faire la main.
Il existe bien d’autres flores que vous pourrez tester plus tard, une fois la logique et la technique acquise, certaines regroupant les plantes en milieu forestier, d’autres permettant la détermination sans les fleurs…
Pour aller plus loin…
Nous avons beaucoup parlé technique, et il vous en faudra pour entrer dans le monde des plantes. Mais pas que !
C’est avant tout votre sensibilité, votre attention, votre sens de l’observation qui feront toute la différence. La texture d’une feuille auparavant rencontrée peut instantanément vous mettre sur la bonne piste. Votre odorat est également fondamental.
Bien connaître une plante implique aussi de la connaître dans tous ses états, de la petite plantule jusqu’à la plante en fleur puis en fruit. L’aspect général d’une plante peut radicalement changer pendant sa croissance. Par exemple, les feuilles de la base d’une plante ne ressemblent souvent pas du tout à celles prenant place le long de la tige.
Un bon moyen, pour progresser dans cette connaissance, est de délimiter un carré de verdure en hiver et d’observer en les marquant éventuellement, toutes les plantes différentes qui s’y trouvent. Il faudra ensuite les observer croître au cours de la période végétative.
Vous comprenez donc que le processus entier d’apprentissage peut durer toute une vie mais qu’a minima, il vous faudra 2 ou 3 ans pour vous familiariser avec les nombreuses plantes qui feront le délice de vos assiettes.
Peut-être la voie que je vous indique vous semble-t-elle trop ardue pour l’aborder seul, en pur autodidacte. Prochainement, je vous proposerai des stages d’initiation d’un weekend, afin de vous guider dans cet apprentissage.
Pour finir
Histoire de commencer immédiatement et concrètement votre pratique, je vous présente 5 plantes communes, que l’on trouve un peu partout dans la nature, mais également la manière de les consommer.
Quelques conseils de cueillette avant de décoller !
ne consommez que des plantes que vous êtes sûr de reconnaître
prenez soin de bien sélectionner les plantes que vous cueillez, une fois ramassées, il peut être difficile de les reconnaître
cueillez dans des endroits non pollués, évitez les bordes de champs cultivés, les friches industrielles...
cueillez chaque plante en fonction de la quantité disponible sur le terrain
5 plantes à découvrir ou à redécouvrir
La reconnaître
Qui ne s’est pas fait piquer au moins une fois dans sa vie par la grande ortie ? C’est la seule plante sauvage urticante en France. Donc si vous avez un doute, il existe en effet des plantes qui peuvent être confondues avec elle, touchez-la !
Elle se développe sur des sols riches en matières organiques. Une seule tige pouvant atteindre 2 mètres dans de bonnes conditions, des feuilles (urticantes) opposées et dentées, elle est facilement reconnaissable et se développe souvent en colonies.
La déguster
Les feuilles
Très chargées en minéraux, il faut préférer consommer les jeunes feuilles du haut de la plante si vous la consommez régulièrement.
À consommer crues (hachées finement et mélangées à d’autres feuilles) et cuites comme des épinards, en omelette…
Hors période de gel, vous pourrez la trouver tout au long de l’année.
Les graines
Les graines, apparaissant en juin et juillet, en grappes pendantes sur le dernier tiers de la plante, sont également comestibles. Vous pouvez les consommer cuites, légèrement poilées dans de l’huile d’olive.
Conseils
Dans votre jardin, si vous la taillez régulièrement, vous pourrez en avoir tout au long de l’année, hors période de gel. Elle se sèche très bien et peut donc aussi se conserver ainsi tout l’hiver.
L’ortie reste la reine des plantes sauvages, par sa richesse en protéines et micronutriments.
Grand plantain |
Plantain lancéolé |
Les reconnaître
Ici, 3 plantains différents aux usages similaires.
Plantain lancéolé (Plantago lanceolata)
Jusqu’à 50 cm, les feuilles sont toutes à la base, fines et allongées, pointant vers le ciel. Les nervures apparaissant sur les feuilles sont toutes parallèles. Les tiges sans feuilles portent des fleurs en épis ovoïdes.
Grand plantain (Plantago major) et plantain moyen (Plantago media)
Jusqu’à 50 cm de hauteur, les feuilles sont toutes à la base mais cette fois étalées au sol. Les nervures des feuilles sont encore parallèles. Les tiges portant des fleurs en épis plus ou moins allongés sont également sans feuilles.
Les déguster
Les feuilles
Les feuilles seront consommées crus quand elles sont jeunes, cuites ensuite. Comme l’ortie, c’est un légume de base dans la cuisine sauvage. Vous noterez son goût caractéristique de champignons.
Les plantains apparaissent au début du printemps et disparaissent à la fin de l’automne.
Les épis
Bon à manger quand ils sont encore jeunes. Avec toujours ce goût de champignon.
Infos / divers
Un grand classique reste la réalisation d’un pesto à base des feuilles de plantain. Vous pouvez également vous en frotter les mains après la cueillette des orties, les feuilles sont immédiatement apaisantes.
Le reconnaître
Tout le monde connaît plus ou moins le pissenlit. Ses feuilles toutes à la base contiennent un latex blanc et amer. Ses fleurs jaunes au bout de tiges creuses, ses graines qui s’envolent au moindre souffle, ça doit vous parler.
Le déguster
Dans le pissenlit, c’est un peu comme dans le cochon, tout est bon !
Les feuilles
Les feuilles sont excellentes mais peuvent devenir amères en vieillissant. Vous pouvez donc les manger en salade ou cuites.
Les fleurs
Les fleurs comme les boutons floraux sont également délicieuses et on peut en faire toutes sortes de préparation.
Les racines
Les racines seront consommées en hiver au moment du repos végétatif, afin de les trouver plus charnues.
Infos / divers
Par son abondance et par son intérêt nutritionnel, le pissenlit est encore une plante de base de la cuisine sauvage.
La reconnaître
Grande plante poussant en milieu humide (fossé, marre, étang…), jusqu’à 2m50. Un épis cylindrique marron foncé caractéristique de texture velouté apparaît au sommet de cette plante.
La déguster
Les jeunes pousses
De quelques dizaines de centimètre, on les récolte facilement. Elles sont sucrées et croquantes et donc délicieuses crues.
Les inflorescences (épis au sommet)
On peut les consommer à la vapeur ou grillé comme des épis de maïs, avant maturité.
Les rhizomes (tiges souterraines)
À consommer crus ou cuits après les avoir pelés.
Infos / divers
La massette est une plante intéressante par l’amidon (sucre) qu’elle contient dans ces rhizomes.
La reconnaître
Pouvant être confondue avec la rhubarbe, la grande bardane peut atteindre 2 m de haut pour 1 m 50 de large. Les feuilles sont duveteuses et plus clair sur le dessous. Les fleurs se développent au bout de grandes tiges feuillées. Secs, les fruits s’accrochent partout, à la manière du Velcro ®.
La consommer
Les feuilles
Les pétioles (« tiges » des feuilles) sont consommés après avoir été pelés afin de retirer les fibres. À faire revenir dans de l’huile d’olive.
Les fleurs
La jeune tige qui porte les fleurs est délicieuse telle qu’elle. On peut également la cuire.
Les racines
Les racines charnues se récoltent en fin d’automne ou en début de printemps et se consomment crues ou cuites, à la manière des carottes sauvages.
Infos / divers
Au Japon, c’est un légume cultivé.
Bibliographie
Les deux flores de référence
Coste, Hippolyte (2000), Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, éditions Dangles.
Bonnier, Gaston et de Layens, Georges (1985), La Flore complète portative de la France, de la Suisse et de la Belgique, éditions Belin.
Pour débuter avec les plantes sauvages comestibles
Couplan, François (2015), Le Régal végétal, Sang de la terre, Paris. Couplan, François (2015), Reconnaître facilement les plantes. Identifier, toucher, sentir, goûter, Delachaux, Paris.