Dans son rapport le plus critique émis jusqu’ici sur l’Iran, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) affirme que ce pays pourrait être en train travailler au développement d’armes nucléaires.
Ses conclusions étaient largement attendues et viennent quelques jours après qu’Israël ait carrément déclaré qu’une action militaire contre l’Iran se rapprochait, faisant craindre que le rapport puisse être un prétexte pour une attaque.
En réponse au rapport de l’AIEA, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré mercredi que son pays « ne bougera pas d’un iota » de sa voie dans le domaine nucléaire.
Il est apparu que la France entendait organiser une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter du rapport de l’AIEA sur le programme nucléaire iranien.
La Chine, l’un des membres du Conseil de sécurité disposant d’un droit de veto, dit qu’elle est en train d’étudier le rapport, et elle s’est abstenue de formuler des commentaires sur les allégations contre Téhéran.
En fait, le chien de garde nucléaire des Nations Unies (l’AIEA) n’a pas trouvé de preuve, mais il a réussi néanmoins a provoquer des craintes que l’Iran ne poursuive ses recherches sur les armes nucléaires.
Selon l’agence américaine Fox News : « [le rapport] ne dit pas que l’Iran est en train de construction une arme [nucléaire], mais il dit que [l’Iran] collecte toutes les informations dont il aurait besoin pour ce faire. Il dispose de beaucoup de technologie. »
L’AIEA affirme disposer de modèles informatiques d’ogives nucléaires iraniennes, ce qu’il interprète comme une indication possible que l’Iran envisage de construire une bombe atomique.
Parmi d’autres indications il y a une image satellite d’un conteneur en acier qui pourrait être utilisé pour tester secrètement les explosifs nécessaires permettant de déclencher une arme nucléaire.
Mais certains, comme l’ancien officier de la CIA Philip Giraldi, ont de sérieux doutes sur la valeur du rapport de l’AIEA.
« Je suis très sceptique sur ce rapport qui sort de l’Agence internationale d’énergie atomique, parce que l’AIEA n’a pas vraiment toute les capacités de renseignement par elle-même. C’est en s’appuyant sur des rapports qui viennent d’ailleurs. Je soupçonne plutôt que ces indications proviennent des États-Unis et d’Israël », a dit Giraldi.
Le précédent des services de renseignement américains présentant de fausses preuves pour monter un dossier pour la guerre en Irak, tire la sonnette d’alarme quant à l’exactitude du dernier rapport sur l’Iran produit par l’agence atomique.
« Vous avez peut être un élément de preuve d’une certaine sorte, mais cet élément de preuve dépend de votre interprétation », dit Giraldi. « Quand ils ont vu les photographies aériennes en Irak montrant certaines choses, ils ont interprété ces photos dans un sens qui n’était pas correct. »
En 2003, les États-Unis avaient été catégoriques sur les soit-disant preuves sur les armes irakiennes de destruction massive et les capacités terroristes [de l’Irak].
Les images satellites d’une base où Saddam Hussein était censé former des terroristes d’Al Qaïda, les vues de laboratoires mobiles d’armes biologiques, des tubes en aluminium présentés comme des éléments de centrifugeuses pour enrichir l’uranium - tout cet ensemble s’est avéré être un canular.
Et pourtant, ce fut suffisant pour démarrer une guerre qui durera huit ans et plus et tuera plus de 100 000 civils - en faisant juste référence aux chiffres plutôt modérés publiés par les États-Unis.
« Israël envisage une action militaire pour détruire des installations nucléaires de l’Iran de façon préventive », a annoncé Fox News dans une récente émission.
La question que beaucoup de monde se pose à présent est : le rapport de l’AIEA doit-il servir de justification pour lancer une guerre contre l’Iran ?
Les experts en sécurité disent que les conséquences d’une telle action seraient catastrophiques.
La journaliste Barbara Slavin, une ancienne journaliste diplomatique de USA Today, déclare : « Nous aurons très probablement de nouveaux types d’attaques, probablement sur Israël par le Hezbollah ou d’autres groupes, et nous verrons des attaques contre les troupes américaines, peut-être en Irak et en Afghanistan, à un niveau encore plus élevé que ce que nous avons vu jusqu’ici. »
« L’Iran pourrait riposter avec des moyens conventionnels. Il pourrait attaquer les champs pétrolifères d’Arabie saoudite, si vous voulez vraiment voir une crise dans l’économie internationale. »
Malgré la rhétorique agressive d’Israël et des États-Unis, beaucoup s’accordent à dire que Washington et Tel-Aviv sont plus susceptibles de vouloir exploiter le rapport comme un levier politique pour essayer d’isoler l’Iran et, éventuellement, de stopper le développement des relations économiques [de ce pays] avec la Chine.
Personne dans la communauté internationale, dont la Russie et la Chine, ne veut que l’Iran dispose de l’arme nucléaire. Mais ce qui est craint, c’est une action violente unilatérale par Israël avec le soutien des États-Unis qui pourrait mettre le feu à la région à un moment où celle-ci est très instable.
Des millions de vies pourraient être en danger si ceux qui sont au pouvoir à Washington ou à Tel-Aviv décident de lancer une guerre pour des motifs qui sont loin d’être transparents.