Une délégation d’experts européens a débarqué mercredi à Athènes pour examiner le programme budgétaire grec.
L’Union européenne ne volera pas au secours d’Athènes. Le message de Jürgen Stark, membre du directoire de la Banque centrale européenne, dans un entretien au journal Il Sole 24 Ore, est clair. « Les marchés se font des illusions s’ils pensent qu’à un certain stade les autres États membres mettront la main au porte-monnaie pour sauver la Grèce », affirme-t-il, avant d’ajouter : « Les traités prévoient la clause de non-sauvetage et les règles doivent être respectées. »
Cet avertissement tombe au moment où débarque dans la capitale une délégation envoyée de Bruxelles chargée d’examiner le nouveau programme de stabilité et de croissance que la Grèce doit soumettre à l’Europe fin janvier.
Tour à tour Moddy’s, Fitch et Standard & Poor’s ont dégradé le mois dernier la note qu’ils donnent à Athènes, sans pour autant déclarer le pays en faillite. « Ils ne le peuvent pas car ce serait catastrophique pour l’ensemble de l’Europe et très mauvais pour leur propre image. Ces agences, à force de pousser les États dans leurs derniers retranchements, finissent par agacer et elles en ont conscience », observe un banquier sous couvert de l’anonymat.
La Grèce, dont la dette va atteindre 120 % du PIB (produit intérieur brut) cette année et dont le déficit public explose (12,7 % du PIB en 2009), promet de rentrer dans le rang dès 2012, avec un déficit réduit à moins de 3 %. « Nous avons conscience des difficultés, toute la population doit aider (…) mais je suis optimiste, il y a de l’espoir », assurait mercredi le premier ministre Georges Papandréou.
De fait, depuis plusieurs semaines le gouvernement multiplie les annonces coups de poing sur la nécessaire réforme du système global, la réduction des dépenses publiques et sur la création de nouvelles taxes. Pour réussir à ramasser en 36 mois les 26 milliards d’euros dont il a besoin, il mise sur la refonte des assurances et des retraites, la baisse drastique des salaires dans la fonction publique et la lutte contre la fraude fiscale.
Factures systématiques
Lutte qui suppose un changement profond de mentalité. Mais, d’ores et déjà, il semble que la campagne pour inciter les Grecs à demander des factures sur tous leurs achats « commence à porter ses fruits », estime Georges Papakonstantinou, ministre des Finances. « Ils demandent systématiquement des reçus et bientôt l’intégralité des commerçants vont devoir s’équiper de caisses automatiques », précise-t-il.
Les observateurs de Bruxelles qui sont arrivés mercredi après-midi pour rester deux jours à Athènes vont avoir tout le loisir de le vé rifier. En attendant, Georges Papakonstantinou se serait bien passé de la remarque du banquier central allemand. « Franchement, nous n’avons pas besoin de cette clarification », regrettait-il dès hier dans un entretien à Bloomberg. Et de souligner : « Nous ne nous attendons pas à être sauvés par qui que ce soit car il est parfaitement clair, je pense, que nous faisons ce qui doit être fait pour réduire le déficit et contrôler la dette publique. »
L’Europe, elle, pense qu’elle a tout intérêt à mettre la pression maximum sur le pays alors que les ministres de l’Économie et des Finances de l’Union se retrouvent à Bruxelles les 18 et 19 janvier pour examiner tous les pays à risque de la zone.