La rumeur a couru pendant plusieurs années, des accusations chuchotées et souvent balayées comme faisant partie de vastes théories de conspiration aux contours flous.
The Independent met un terme aux spéculations en interrogeant un ancien CIA, qui "passe à table" : l’agence de renseignements a bien financé l’expressionnisme abstrait des peintres comme Jackson Pollock, Robert Motherwell, Willem de Kooning et Mark Rothko pour l’utiliser comme une arme de propagande pendant la guerre froide.
"Comme un prince de la Renaissance, la CIA a soutenu et promu les toiles des maîtres de l’expressionnisme abstrait américain dans le monde pendant plus de vingt ans", résume le journal britannique, rappelant que jusqu’ici "il n’y a jamais eu d’éléments concrets prouvant les liens entres les renseignements des Etats-Unis et le rayonnement de sa peinture à travers le monde dans la dernière moitié du XXe siècle".
Donald Jameson, l’ex-agent de la CIA, raconte que cette politique était connue sous le nom de "Grande Laisse". Il fallait utiliser ce nouveau mouvement artistique dans la guerre de propagande qui opposait les Occidentaux à l’URSS, mais sans que les artistes en question ne soient au courant.
"Il était hors de question d’impliquer Jackson Pollock, par exemple (…) la plupart de ces gens avaient très peu de respect pour le gouvernement, et certainement aucun pour la CIA. Et si nous devions utiliser des gens qui se considéraient plus proches de Moscou que de Washington, eh bien tant mieux."