S’appuyant sur les lois liberticides qui permettent le plus légalement du monde de sanctionner pénalement les auteurs pour des propos et ou des écrits jugés contraires à la doxa politiquement imposée, l’écrivain essayiste Hervé Ryssen a été incarcéré. Faute de pouvoir s’en prendre judiciairement à ses ouvrages, c’est finalement pour quelques tweets jugés malencontreux et une vidéo que le pouvoir a écrasé la liberté d’expression, afin de complaire à la communauté s’estimant diffamée.
Le tout nouveau garde des Sceaux a offert, pour l’avènement du Nouvel An juif, l’écrou d’Hervé Ryssen ! Il est inimaginable que la date choisie ne soit qu’une coïncidence.
Mais, au fait, que représente cette date dans l’instrumentalisation politique sioniste ? La tradition biblique supposée primitive révisée, et rectifiée ensuite par les talmudistes, fait remonter la « création du monde » – suivant des calculs laborieux issus de la compilation des généalogies décrites dans la Genèse – à 5780 ans.
Cette année, Roch Hachana (le Nouvel An) a été fêté le samedi 19 et le dimanche 20 septembre 2020. Il s’agit de l’entrée dans l’année 5781 du calendrier hébraïque. Les festivités ont débuté dès le vendredi 18 au soir, date précisément de l’incarcération d’Hervé Ryssen. (Une journée juive commence en référence au récit de la Genèse après la tombée de la nuit. Gn I 5 : « Il y eut un soir, il y eut un matin, premier jour », etc.)
Le schéma ci-dessous, diffusé par le ministère de l’Éducation, est repris dans le cursus scolaire de l’enseignement officiel israélien.
Toute la propagande sioniste est fondée sur le « retour des juifs en exil sur la terre donnée par Yahvé aux Hébreux ». Ce que l’on fait remonter au XVIIIe siècle avant J.-C. selon le récit de la Genèse qui décrit comment Abraham se conformant à l’injonction de Yahvé part avec sa famille jusque dans la région de Sichem où dans la plaine de Morée. Là, Yahvé lui a dit : « C’est à ta postérité que je destine ce pays » (Gn XII 7)
L’histoire antique du couloir géographique palestinien se confond donc dans la propagande sioniste avec le récit biblique et avec une chronologie, plus que fantasmée comme nous allons le voir, qui devra finir par se corriger pour mettre en concordance sa propre chronologie avec sa vision messianique !
La datation biblique est donc à ce prix !
C’est dire son importance, d’autant que les intéressés ne disposaient ni d’écriture ni de cosmographie pour établir une chronologie [Voir Judéo-christianisme – travestissement historique et contre sens idéologique, éditions Kontre Kulture], ce qui ne fut le cas qu’après acquisition des connaissances assyro-babyloniennes calendaires au VIe siècle.
On notera alors que la Genèse (Bereshit) précise bien que cette terre n’est pas vide, mais déjà occupée par les populations cananéennes (Gn XII, 6). Les Hébreux en terre d’Israël seront donc bien des envahisseurs uniquement légitimés par leur dieu !
Tout le monde l’accorde :
• « Les Cananéens étaient alors dans le pays. » (Traduction de la Vulgate, catholique, du chanoine Crampon)
• « Les Cananéens étaient alors dans le pays. » (Traduction bible protestante de Louis Sgond]
• « Le Cananéen habitait dès lors ce pays ». (Traduction du Tanak par le grand rabbin Zadog-khan)
La Revue réformée, publiée par la faculté de théologie protestante Jean Calvin, pose carrément la question : « La conquête de Canaan : un génocide ? »
L’idée de « calendrier » dans le monde antique méditerranéen est apparue, comme partout, en liaison avec la répétition des saisons, leur durée et les activités agricoles qui s’y déroulent, associées à des configurations stellaires et planétaires particulières observables : solstices, équinoxes, etc.
Le calendrier avait essentiellement, initialement, une fonction de prévision des phénomènes climatologiques (inondations, pluies, etc.) pour la réalisation des travaux agricoles, à laquelle s’associera la fixation des premières fêtes religieuses, et pour le choix d’activités administratives (grands travaux) ou même pour les campagnes militaires.
Les grandes civilisations du troisième et second millénaire (Égypte et Mésopotamie) furent pionnières en la matière, développant conjointement l’écriture et les mathématiques, indispensables à l’élaboration du calendrier, en liaison avec ses incidences cosmologiques associées.
Le calendrier égyptien primitif
Les Hébreux primitifs, en Canaan, apparus aux XIIIe-XIIe siècles, se sont trouvés placés sous l’administration égyptienne qui contrôlait la colonie de Palestine, colonie commençant alors au comptoir de Gaza.
Ce calendrier était associé au plus grand phénomène météorologique local : la crue du Nil.
Apparu au début du troisième millénaire avant notre ère, ce serait donc le premier calendrier solaire connu de l’Histoire. Il aurait été déjà utilisé au temps de Chepseskaf, pharaon de la IVe dynastie. Il était basé sur le cycle solaire et la récurrence annuelle du lever héliaque de Sirius (vers le 19 juillet du calendrier grégorien).
L’année était divisée en trois saisons d’égale durée en fonction de la crue du Nil et de son impact sur l’environnement.
Ces trois saisons se subdivisaient chacune en deux bimestres. On obtient ainsi un semble de 3 x 2 x 2 = 12 mois de 30 jours auquel on ajoutera 5 jours complémentaires dits jours épagomènes. Les Égyptiens ayant remarqué que l’intervalle de 2 deux solstices d’été était de 365 jours et non pas 360 ces cinq jours « supplémentaires » furent considérés comme maléfiques et associés à la naissance des dieux Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephtys. Ce calendrier ne conduisait pas à une référence de millésime.
La montée des eaux intervenait peu de temps après le lever héliaque de Sirius (Sothis) dans le ciel égyptien. L’apparition de l’étoile constituait un repère indispensable pour le paysan égyptien qui ne pouvait se fier au calendrier civil en raison d’un décalage de plus en plus important au fil des années entre l’année civile de 365 jours et l’année solaire, année de 365,24 jours.
Ce décalage était déjà connu donc : il est d’environ un jour tous les quatre ans.
À partir du Nouvel Empire les numéros des mois furent remplacés par des noms, inspirés des fêtes célébrées en particulier à Thèbes à la fin du mois précédent.
Ces noms tardifs, repris par les Grecs, dans l’Égypte Ptolémaïque sont les suivants :
• Saison Akhet : 1. Thoth, 2. Phaophi, 3. Athyr, 4. Choiak
• Saison Peret : 5. Tybi, 6. Mechyr, 7. Phamenoth, 8. Pharmuthi
• Saison Shemu : 9. Pachon, 10. Payni, 11. Apiphi, 12. Mesore
(Mais cela ne concernera plus les Hébreux après la colonisation assyro-perse.)
Cependant, tous les 1 460 ans, il y avait concordance entre les calendriers civil et solaire, le lever héliaque de Sothis coïncidant de nouveau avec le premier jour de la saison Akhet. Cette période de 1 460 ans est appelée « période sothiaque » par les astronomes : elle permet d’établir une chronologie de l’histoire pharaonique, car les Égyptiens ignoraient, répétons-le, l’usage de la datation absolue.
C’est ainsi que l’on constate qu’il n’y a alors pas de repères certains de datation dans l’histoire des Hébreux.
Le seul repère temporel dont on dispose s’exprime en termes de durée (notamment celle des règnes des pharaons). L’un des premiers travaux de datation de l’archéologie consiste à replacer les faits découverts observés dans une perspective historique de succession chronologique à partir d’une origine choisie. Cela n’est pas toujours aisé et la chronologie de l’histoire de l’Égypte pharaonique est l’objet de débats nombreux et récurrents, notamment sur des points particuliers souvent considérés comme les fameux « repères » de l’histoire juive antique (tel l’Exode).
C’est parfois inextricable quand on n’a même aucune assurance sur la véracité des faits invoqués.
Au sujet de la relation historique biblique – pourtant base de l’enseignement de l’histoire selon les programmes scolaires officiels actuels israéliens –, il y a déjà 20 ans, Ze’ev Herzog, Professeur d’Archéologie et d’Histoire antique du Proche-Orient à l’université de Tel-Aviv, affirmait à Ha’aretz Magazine, le 29 Octobre 1999 :
« Après 70 ans d’excavations et de fouilles extensives sur la terre d’Israël, les archéologues ont trouvé que les actions du patriarque sont des histoires de légende ; nous n’avons pas séjourné en Égypte, ni fait un exode, nous n’avons pas conquis la terre.
Il n’y a pas non plus de mention de l’empire de David et de Salomon. Ceux qui s’y intéressent savent tout cela depuis des années, mais Israël est un peuple têtu et ne veut pas en entendre parler. »
Ainsi l’histoire antique biblique, devenue « sionistiquement officielle » en Israël, se cantonne nécessairement dans un certain « flou artistique » chronologique, uniquement exposé et justifié par ce fameux récit « biblique » du Pentateuque qui selon tous les spécialistes, au fil des recherches bibliques les plus récentes, s’avère avoir d’autant moins de fiabilité, qu’il n’est associé à aucun écrit car l’existence d’une écriture définitivement hébraïque n’est avérée qu’à partir du VIIIe siècle…
Le « calendrier » de Gezer
Le premier répertoire calendaire découvert à ce jour en Palestine, considéré initialement comme hébraïque, dérive directement de ce calendrier égyptien : c’est le calendrier de Gezer. Considéré, lors de sa découverte, comme étant l’une des premières traces de l’écriture hébraïque, il est acquis aujourd’hui que c’est une interprétation abusive d’une forme de proto-hébreu, alors encore indissociée du proto-cananéen.
Cette tablette fut découverte par l’archéologue irlandais Robert Macalister en 1908 à Gezer, à 30 km de Jérusalem dans la région de Judah, et elle fut daté du Xe siècle av. J.-C
Ce répertoire, plus qu’un calendrier, décrit une succession annuelle des périodes bimensuelles d’activités locales liées à l’agriculture :
Deux mois de récoltes diverses dites « d’hiver »
Deux mois de plantation
Deux mois de plantation tardive
Un mois de récolte du lin
Un mois de récolte de l’orge
Un mois de moisson et de fête
Deux mois de taille de la vigne
Un mois de cueillette des fruits d’été.
Rien n’indique en fait, malgré le battage qui fut fait autour, pratiquement durant tout le XXe siècle, que cette tablette soit finalement bien un « calendrier », et encore moins un objet caractéristique proprement hébreu, dans une région où les noyaux de populations hébraïques et cananéennes étaient encore intimement entremêlés.
Le calendrier hébreu ancien
Son élaboration est directement liée au culte lunaire pratiqué par les premiers hébreux [1] et s’inspire alors du système égyptien, mais où les mois solaires sont remplacés par des mois dits lunaires mais de 30 jours ! Seulement quatre de ces mois, nommés, nous sont connus : Abb (le 1er) ; Ziv (le 2e) ; Ethanim (le 7e) et Bul (le 8e).
L’année liturgique compte initialement sept fêtes, cinq principales et deux moins importantes.
Trois des grandes fêtes furent d’abord agricoles, liées au cycle saisonnier en Palestine :
Pessah (la Pâque), fête du printemps, marquait le début des moissons,
Chavouoth (fête des Semaines ou Pentecôte), cinquante jours plus tard, leur fin.
Soukkoth (fête des cabanes) célébrait les vendanges.
Plus tard, mais nous n’avons pas de repères chronologiques fiables pour fixer le début de ces pratiques, ces fêtes furent associées à des moments essentiels illustrant l’élaboration de l’histoire biblique.
La Pâque commémorera le départ d’Égypte (Exode).
Chavouoth évoquera le don de la Torah au Sinaï.
Soukkoth demeurera longtemps la fête des vendanges et des récoltes d’automne mais les tentes des saisonniers, devenues les huttes [2] sous lesquelles aujourd’hui les juifs mangent rituellement pendant les sept jours de fête, furent assez tôt assimilées aux tentes du désert lors de l’exode vers la « Terre promise ».
La tradition rabbinique expliquera ultérieurement – sans pourtant que la Torah y fasse jamais la moindre allusion – que les débuts de mois coïncident avec la nouvelle lune, dont « l’observation a été enseignée par Dieu à Moïse » (sic !).
L’élaboration calendaire juive à Babylone : un emprunt modifié à la civilisation mésopotamienne
Comme nous l’avons exposé [3], c’est la fréquentation des bibliothèques et des savants assyro-babyloniens qui allait donner un apport considérable de connaissances aux juifs/Hébreux provoquant un essor important de la culture juive, même si certains considèrent toujours (notamment à l’École biblique de Jérusalem) que l’apport égyptien, en tant que pouvoir colonisateur, reste l’apport le plus conséquent, ce que pourtant rien ne justifie : la connaissance hébraïque antique la plus important est d’essence akkadienne et mésopotamienne.
C’est aussi à Babylone que se développera – au-delà de l’assimilation de cette culture antique – la théologie talmudique débouchant sur le fameux « Talmud de Babylone » des siècles plus tard…
Les juifs se sont familiarisés là avec les connaissances et les lois astronomiques et ont été confrontés à des traditions cosmogoniques, bimillénaires déjà pour certaines en Mésopotamie, mais dont ils n’ont alors aucune idée.
La principale difficulté calendaire pour eux est de conserver l’année de douze mois lunaires dans le contexte d’une année nécessairement solaire, car dans l’année, impérativement, on doit pouvoir conserver les repères annuels naturels des cycles saisonniers et Pâque, date clef, doit forcément se situer au printemps.
Ainsi on précisera dans la rédaction du Deutéronome (Deut XVI-1) que la Pâque est fêtée à la période de germination de l’orge donc au printemps (donc après l’équinoxe !). D’où l’usage calendaire du concept de « lunaison ».
La lunaison est l’intervalle de temps séparant deux nouvelles lunes. Sa durée moyenne est de 29 jours, 12 heures et 44 minutes, car si la Lune tourne autour de la Terre en un peu plus de 27 jours (27 jours 7 heures et 43 minutes), pendant cette révolution, la Terre avance d’environ 1/12 sur son orbite autour du Soleil. Or, comme la révolution de la Terre et de la Lune se font dans le même sens, cela se traduit par le fait que pour revenir à une même phase de position orbitale, la Lune met 2 jours de plus, ce qui au total fait 29 jours. (29 jours, 12 heures et 44 minutes exactement) pour que la Lune se retrouve dans la même position par rapport à l’axe Terre-Soleil.
La durée d’un mois lunaire a ainsi été fixée par la tradition (Talmud de Babylone, traité Roch Hachana 25a). Une année de douze mois lunaires fait donc 354,367 jours. Comme une année solaire fait 365,246 jours, près de l’équivalent de onze jours solaires « se perdent » chaque année au cours d’une année lunaire – plus courte de ce fait. La durée d’un mois solaire est donc « perdue » dans le décompte de près de trois années lunaires.
Mais dès le sixième siècle, les astronomes babyloniens avaient constaté, en étudiant les mouvements planétaires pour prédire les éclipses, qu’au bout de 19 années (solaires) les mêmes dates correspondent aux mêmes phases de la Lune.
Ce cycle de 19 années solaires correspond à 235 mois lunaires tels que précédemment définis. C’est ce qu’on appelle le cycle de Méton, du nom d’un astronome grec qui, reprenant les observations babyloniennes, décrira en –432 cette coïncidence et la rédigera. Il suffira donc d’ajouter un mois supplémentaire (embolisme) tous les deux ou trois ans, dans 7 années (dites années embolismiques) du calendrier lunaire sur les 19 années du cycle pour que les années lunaires restent en moyenne proches des années solaires.
L’ajout d’un mois supplémentaires (dit intercalaire) dans l’année était irrégulier à l‘origine, mais concernait toujours des mois d’Adarru ou d’Ellulu, des appellations babyloniennes qui se retrouvent quasi inchangées dans les noms de mois des Hébreux d’Adar et Ellul : les Hébreux ont simplement copié et adapté le calendrier lunaire/solaire babylonien dont ils ont même conservé les noms akkadiens anciens des mois !
À partir du IVe siècle, cet ajout jusque-là à la discrétion du Sanhédrin fut définitivement fixé : les années 3, 6, 8, 11, 14, 17 et 19 auront un mois supplémentaire, toujours au niveau du mois d’Adar (on parle des années embolismiques).
Pour faire simple ensuite, l’année juive comporte traditionnellement quatre « débuts d’année » :
L’année civile, qui commence le premier du mois de tishri en souvenir de la création du Monde. Les juifs fêtent Roch Hachana, le Nouvel An juif à cette occasion. C’est ensuite le début des jours de pénitence) – les dix jours qui séparent Roch Hachana du Yom Kippour (le grand pardon).
L’année ecclésiastique qui commence le premier du mois de nissan selon la tradition depuis la « sortie d’Égypte » selon la formule : « Ce mois sera pour vous le commencement de tous les mois ». (Le mois de nissan est appelé « le premier mois » dans la Torah.)
L’année fiscale qui commence le premier du mois de ellul ou (elloul). (C’est la date de départ utilisée pour calculer les impôts)
L’année agricole qui commence le 15 du mois de shevat, jour appelé « Nouvel An des arbres » (Tou Bichevat).
Le concept de semaine découle évidemment du récit de la création dans la Genèse : 6 jours de création plus un jour de repos (le samedi). La semaine commence donc le dimanche.
L’origine de la division du jour en 2 fois 12 heures pourrait être issue d’abord d‘une vision dichotomique (jour/nuit) et d’ordre purement mathématique car 12 est le plus petit entier ayant 6 diviseurs (1,2,3,4,6,12) propriété que l’on retrouve dans les subdivisions de l’année déjà dans l’Égypte ancienne (mois, bimestre, trimestre, quadrimestre, semestre)
De même que 60 est le plus petit entier ayant 12 diviseurs (1,2,3,4,5,6,10,12,15,20,30,60). Or 60 est la base de la numération à Babylone
(On imagine assez mal pouvoir compter en utilisant une numération à 59 chiffres ! Zéro est noté par un espace).
C’est ce qui nous donnera pourtant les éléments de division de l’heure et des angles (minutes et secondes) encore partout en usage…
En période post-christique, jusqu’au début du Moyen Âge, le calcul des éléments du calendrier juif était considéré comme un secret, fondé sur la base d’observations météorologiques, agricoles et astronomiques, réservé à une élite rabbinique qui remplaça peu à peu l’empirisme en vigueur jusqu’au IVe siècle (observations agricoles et météorologiques) par le calcul astronomique. C’est ce qu’on appelait le sod ha’ibour, le « secret de l’embolisme » : l’art de décider quand mettre en place un treizième mois.
Selon Haï Gaon (XIeme siècle), c’est Hillel II, le nassi (président) du Sanhédrin de 350 à 365, qui a publié en 359 les règles de calcul du calendrier juif. Par ce geste, il abandonnait un des derniers symboles de la puissance du Sanhédrin, et permettait au judaïsme dans la diaspora de « survivre » en s’affranchissant de cette institution. Les règles qu’il a rendues publiques sont encore celles observées aujourd’hui.
Abandonné à cause de sa complexité d’emploi pratiquement partout (or fêtes religieuses) dans la diaspora juive depuis le Moyen Âge, le calendrier hébraïque a été remis à l’honneur lors de la proclamation de la création de l’état d’Israël en 1948 qui en officialise et impose l’usage administratif dans le pays : le 14 mai 1948, c’est un 5 Iyar dans le calendrier hébraïque, qui est célébré chaque année comme « fête de l’État » Yom Haʿatzmaout.
Il est acté que le chabbat a prééminence sur ce jour, et qu’il doit donc être déplacé au lendemain si le 5 Iyar tombe un samedi ou à la veille si le 5 Iyar tombe le vendredi.
À Tibériade, le Grand Sanhédrin chassé de Jérusalem sera finalement dissout en 425, sur ordre de l’empereur de Rome Théodose II – qui refusera l’élection d’un successeur à la suite du décès de son dernier nassi Gamaliel VI.
Le 13 octobre 2004, à Tibériade, une centaine de rabbins d’Israël, représentant toutes les sensibilités du judaïsme, se sont rassemblés pour convenir de la restauration du Grand Sanhédrin. Leur but était de parvenir à recréer l’assemblée des soixante et onze dignitaires le constituant et de faire reconnaître par le gouvernement leurs droits afin de rétablir leurs pouvoirs : en un mot, recréer la théocratie du judaïsme antique dans l’Israël d’aujourd’hui, en imposant la primauté du Sanhédrin aux instances politiques nationales. Un nassi transitoire a donc été désigné jusqu’à ce que tous les membres pressentis (71) pour composer cette haute assemblée soient régulièrement élus par les instances religieuses compétentes.
Cela étant fait, en septembre 2005, c’est le rabbin Adin Steinsaltz (récemment décédé), l’homme qui a traduit le Talmud en hébreu moderne pour le rendre accessible à tous les Israéliens, qui a été alors officiellement choisi comme nassi.
La « laïcité sioniste » est donc de plus en plus battue en brèche…
La datation biblique absolue
La datation absolue – rendue possible par l’usage d’un calendrier pourvu qu’on ait convenu d‘une origine, « l’année 1 » – a aussitôt été instrumentalisée par la caste sacerdotale, puis surtout dans le monde rabbinique, notamment à travers les avis et décisions du Grand Sanhédrin.
C’est l’expulsion des juifs de Judée par l’empereur Hadrien en 135 qui a conduit à prendre comme année origine celle de la création (biblique) du monde. D’où la nécessité de l’évaluer.
C’est là qu’il ne faut pas perdre de vue – si on veut bien sortir d’une vision épique dictée par la foi, où le contenu d’un texte est avéré du seul fait d’une croyance qui s’y est attachée – qu’il n’existe aucune certitude quant à l’âge des textes bibliques tels qu’ils nous sont parvenus et aucune assurance du fait que ces versions ne soient pas déjà des textes révisés.
Rien n’indique en effet que les premiers et rares éléments de textes dits bibliques rédigés avant la destruction du temple (–586) tout comme la première Torah rédigée à Babylone et présentée par Esdras au peuple juif à Jérusalem, n’aient pas été remaniés par la suite et que des dates et des nombres n’aient pas été révisés en usant du calendrier pour les besoins de la propagande étatique ou religieuse juive servant des rivalités de clans.
Dans La crise maccabéenne [4], le père dominicain (ordo praedicatorum) Étienne Nodet, professeur à l’École biblique de Jérusalem, spécialiste mondialement reconnu de l’époque juive hellénique et hasmonéenne, le souligne p. 405 :
« Ainsi, si l’on additionne une valorisation de la Judée, et un primat aux juifs babylonien, joint à un large mépris des juifs locaux et égyptiens, on reconstitue un profil narratif très spécifique qui finit par recevoir un statut canonique […] »
Il s’en suit évidemment que ces datations « absolues » uniquement fondées sur ces textes sont très souvent sujet à controverse pour… les juifs eux-mêmes. Certains chercheurs aujourd’hui penchent même pour une révision, voire une réécriture, de l’ensemble du corpus biblique à Jérusalem au IIIe siècle sous l’égide des grands prêtres hasmonéens.
L’âge du monde
Les datations bibliques antiques sont fondées sur les relations bibliques et sur le cumul des générations successives recensées, cumulées à rebours jusqu’à Adam. Ainsi, le premier jour origine du calendrier, sera le premier jour de la Création : « Et il y eut un soir, et il y eut un matin, premier jour. » [Gn. I 5]
C’est le « 1er Tishri de l’an Un », selon la Genèse, qui correspondrait au dimanche 6 septembre –3761.
Selon les calculs rabbiniques, le monde aurait donc été créé il y a 5781 ans…
On pourra s’émerveiller de la précision de la date, mais de bons esprits israélites font déjà remarquer que cette date (La première, cela commence bien !) est forcément fausse.
Le site Le Calendrier juife site Le Calendrier juif le souligne :
« Mais cette information n’est que calculatoire, et sert de référence pour le calcul des heures des nouvelles lunes et la construction d’un calendrier perpétuel. Selon la Torah, ce n’est que le quatrième jour de la création que D.ieu créa la Lune et Le soleil ; et selon la tradition juive, il existe plusieurs avis concernant le mois de la Création du monde. La plupart des sages du Talmud considèrent en fait que l’Homme fut créé le 1er Tishri qui débuta l’an 2 du décompte, les cinq premiers jours de la Création constituant la fin de l’an 1.
Pour d’autres, la Création eut lieu en Nissan. »
Bref on pinaille déjà : on a au moins deux ans d’écart pour commencer…
La Torah étant passée – sous le vocable Pentateuque – dans la religion chrétienne, tout naturellement des décomptes fondés sur des traductions bibliques, en grec, en syriaque et en latin, notamment la vulgate de saint Jérôme, furent élaborés. Il y aura au moins 200 computs chrétiens différents !
L’un des plus connus – car il a été repris par Bossuet – est dû à James Ussher (1581-1656), archevêque anglican d’Armagh et primat d’Irlande entre 1625 et 1656. Ce théologien prolifique a notamment publié une chronologie biblique situant la Création dans la nuit précédant le dimanche 23 octobre 4004 avant Jésus-Christ (calculs millésimés dans le calendrier julien [5]).
Les décomptes basés sur la Septante, sont sensiblement plus long. Mais tous restent dans une fourchette inférieure à 10 000 ans, ce qui suffit à monter que l’usage théologique du décompte issu des descriptions bibliques peut conduire à des écarts du simple au double.
Cela dit, si l’on ajoute des « jours-périodes » pour les 6 « jours » de la Création, ce qui a été autorisé par la Commission biblique pontificale en 1909, il n’existe plus de plafond supérieur pour situer l’âge de la Terre. On peut alors découper l’évolution du monde en six périodes et faire « cadrer » l’histoire de la Terre telle que nous la connaissons avec « l’image biblique » et prendre des jours-périodes de la durée des ères géologiques…
Des « années devenues folles »
La principale difficulté de la relation biblique est qu’elle n’y montre aucun rapport tangible entre l’homme et le temps, ce qui engendre des invraisemblances et des contradictions manifestes.
L’existence d’une datation – affirmée à défaut d’être confirmable – conduit alors surtout à avérer des fait (bibliques) non établis historiquement mais qui servent de caution, notamment aujourd’hui, aux menées sionistes.
Voyons quelques exemples « passim » :
L’âge des patriarches est évalué à des centaines d’années (pas seulement le proverbial Mathusalem !). Cela n’a évidemment aucun sens si ce n’est d’arriver à justifier la durée globale de l’occupation israélo-hébraïque dont les juifs souhaitent dès l’origine se prévaloir en Palestine.
Si l’on remonte en effet de 480 ans au-delà de la construction du Temple de Jérusalem, qui est notée approximativement en 960, on arrive à la date de 1440, qui est l’an X d’Aménophis II (1450-1425 avant J.-C.). Ce serait la date de l’Exode. Or nous avons démontré que cela n’était pas possible à cette date, outre que le transfert d’une population hébreue d’importance depuis l’Égypte n’a jamais eu lieu, comme le souligne le professeur Ze’ev Herzog [6].
La « captivité en Égypte » a duré 430 ans : La Bible proclame que « Le séjour des enfants d’Israël en Égypte fut de quatre cents trente ans. » [Ex. XII 40] Pour Rachi, qui le démontre, il est « impossible que les juifs soient restés en Égypte si longtemps :
• Kéhat (fils de Lévi) – dont on sait qu’il faisait partie du groupe descendu en Égypte (Béréchit 46,11) – vécu 133 ans (Chemoth 6,18).
• Amram, fils de Kéhat, vécu quant à lui 137 ans (Chemoth 6,20).
• Moché, fils d’Amram, avait 80 ans au moment de la sortie d’Égypte [7].
Nous atteignons tout juste 350 ans… »
Comment justifier alors ce 430 ? Rachi reprend son décompte :
• 30 ans depuis l’alliance que Dieu conclut avec Abraham jusqu’à la naissance d’Isaac (Ce chiffre est controversé selon les rabbins eux même.).
• 60 ans de la naissance de ce dernier jusqu’à celle de son fils Jacob (Béréchit 25,26).
• 130 ans de la naissance de Jacob jusqu’à son arrivée en Égypte (Béréchit 47,9).
• Restent alors « les 210 ans » passés en Égypte
Ce qui est cocasse est que les juifs ont retranché d’abord 240 ans au séjour des Hébreux en Égypte, pour éviter que la messianité de Jésus-Christ soit trop évidente (en lien avec les prophéties de Daniel, notamment).
Mais le monde rabbinique ne s’en tient pas à cela. Le Maharal (Juda Lœw) dit « le grand rabbin de Prague », réputé créateur du Golem) prouva, au terme d’une démonstration alambiquée, que Lévi avait 43 ans lors de sa venue en Égypte. Il a en conséquence vécu 94 ans dans le pays (137- 43 = 94) et la servitude en Égypte n’aura donc duré que 116 ans (210-94 = 116).
Le Gaon de Vilna – dans son commentaire sur le Séder Olam Rabba – précise que si la durée de la servitude fut bien de 116 ans, l’oppression proprement dite a débutée quant à elle à la naissance de Myriam. Ce qui ramène la période d’oppression à 86 ans…
Les juifs, de leur propre aveu, n’auraient donc été opprimés en Égypte que 86 ans ! [8]
De 430, on est donc passé à 80. On attend maintenant un prochain commentaire rabbinique qui va réduire ladite oppression à néant conformément aux résultats des recherches historiques et archéologiques.
Le déluge « universel » a eu lieu en – 2105 (Noé avait alors 600 ans…). C’est une date bibliquement indiscutable, mais tout de même très gênante pour les pharaons « d’avant » : ceux de la période thinite (–3100, –2700) et surtout de tous les constructeurs des pyramides (qui ont toutes été submergées et détruites ?) de l’Ancien Empire et ceux de la Première Période intermédiaire, tel par exemple Khéops.
On évoquera surtout Antef II de la XIe dynastie, probablement frère de son prédécesseur Antef Ier. On situe son règne de –2118 à –2069… C’est le pharaon du déluge ! Le Canon royal de Turin (dit papyrus de Turin) lui compte quarante-neuf ans de règne de –2118 à –2069. Si les documents de son temps sont évidemment rarissimes, aucun ne fait allusion à un événement aussi considérable que le Déluge ! Seule la datation biblique avère donc sa réalité…
Le mythe du 9 av (Tisha Beav)
Le neuvième jour du mois d’av est la date correspondant, selon la tradition rabbinique, au « jeûne du cinquième mois » évoqué dans le Livre du prophète Zacharie qui vécut à l’époque de Darius (Ve siècle)
Institué pour pleurer la destruction du premier Temple de Jérusalem, ce jour commémorera ensuite au fil du temps toute une série de calamités ayant affecté le peuple juif, sensées s’être déroulées un 9 av devenu le jour maléfique.
On trouve censés avoir eu lieu un 9 av :
L’interdiction pour la génération de l’Exode de rentrer en terre d’Israël, à la suite de la faute des éclaireurs dépêchés par Moïse (Nb. XI à XIV) : comme les Israélites ont pleuré en vain un 9 av, Dieu leur aurait promis de leur donner une raison valable de pleurer désormais à chaque année.
La destruction du temple de Salomon en –586
La destruction du second Temple de Jérusalem en 78
La destruction de la forteresse de Betar en 135, marquant la fin de la révolte de Bar Kokhba
« Le labour de Jérusalem » par Turnus Rufus, en 136 pour bâtir Ælia Capitolina, et effacer les traces du culte de Yahvé
les persécutions des Juifs lors des croisades (? !)
La signature en 1290 du décret d’expulsion des juifs d’Angleterre par le roi Édouard Ier le 9 av 5050
La signature en 1306 du décret d’expulsion des juifs de France par Philippe le Bel, le 10 Av 5066
L’application en 1492 du décret d’expulsion des juifs d’Espagne le 9 av 5252
Le début de la Shoah (? !)
En fait une analyse sérieuse de la datation précise de la plupart de ces divers événements montre que la date supposée du 9 av les concernant n’est pas avérée la plupart du temps. Mais le mythe calendaire semble là encore plus fort que la véracité de la datation historique…
Hervé Ryssen a été écroué pour le 1er Tshri, pour Roch Hachana, le « Nouvel An juif ».
Aujourd’hui 10 Tishri, c’est le dixième jour de l’année, Yom Kippour, le « grand pardon »… En 2020, Yom Kippour est fixé au 27 septembre. La célébration débute le dimanche 27 septembre au soir, à 19h21 (heure de Paris) et s’achèvera le lundi 28 septembre à 20h22 précises.
À Jérusalem le confinement est de mise. Des consignes ont été données pour que « le massacre des poulets des kapparot respecte la distanciation sociale ».
L’épidémie continue.
Cette nuit, le nombre des morts dus au coronavirus y passera très certainement la barre des 1500…