Le terme de « judéo-christianisme » apparaît pour la première fois sous la plume du théologien protestant allemand Ferdinand Christian Baur (1792-1860) – fondateur de l’école de Tübingen à l’origine de la lecture historico-critique de la Bible, parfois connue sous le nom de « critique radicale » – dans un article publié en 1831 à l’Université de Tübingen où il enseignait : Die Christuspartei in der Korinthischen Gemeinde, der Gegensatz des petrinischen und paulinichen Christenthums in des ältesten Kirche, der Apostel Paulus in Rom.
Baur, au-delà du Tanak (bible juive), travaillera surtout sur le Nouveau Testament, où il met en opposition une « Église juive » de représentant serait l’apôtre Pierre, et une « Église hellénistique », celle des Gentils, plus élaborée, incarnée par Saul de Tarse, Saint Paul.
Il faut noter que l’historicité du Tanak (bible juive),a été déjà remise en question par des rabbins espagnols dès le XIème siècle, à propos du Deutéronome sensé avoir été écrit par Moïse, mais dont certains versets en fin de livre parlent de lui à la troisième personne, et de sa mort !
Jean Astruc, (1684-1766) « protestant », fils de pasteur, mais à l’ascendance sans équivoque, médecin mondain et très controversé de madame de Tencin, repéra dans le Pentateuque – jusque-là traditionnellement attribué au seul Moïse – plusieurs prosateurs au style identifiable.
Astruc apparaît ainsi être le père de l’analyse séquentielle des textes et de la théorie biblique dite documentaire.
En 1753, il publie ses Conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moyse s’est servi pour composer le livre de la Genèse. Ceci ne constituait finalement qu’un aboutissement à la démarche de Baruch Spinoza qui lui valurent le fameux herem du 27 juillet 1656 (bannissement de sa communauté juive)…
Cette démarche s’inscrit au XIXème siècle dans l’essor de deux disciplines : l’archéologie et la linguistique qui orientent les analyses de l’exégèse sous un angle nouveau et s’intéressent enfin à l’historicité des textes bibliques.
C’est dans cette perspective que va être créée en 1890 l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem fondée en 1890 initialement sous le nom de « École pratique d’études bibliques » par le père Marie Joseph Lagrange soupçonné rapidement de modernisme et de rationalisme, il reçoit des interdictions de publication et des blâmes, en 1907 et 1911 et sa méthode historico-critique est condamnée par l’encyclique Spiritus Paraclitus du pape Benoît XV en 1920...
La direction est assurée à partir de 1923 par le sulfureux père Édouard Dorme que l’on trouvera excommunié par Pie XI en 1930 et défroqué… La recherche critique biblique a toujours été très mal vue à l’intérieur de l’institution.
Marié, veuf puis remarié après-guerre, il sera professeur au Collège de France (chaire des religions et de l’archéologie babylonienne) et membre de l’Institut (Académie des inscriptions et belles lettres)...
Une carrière éblouissante mais toute entière hors des institutions religieuses. Sa traduction de la bible a toujours été très controversée… On ne s’attaque pas facilement à l’analyse critique de la bible de l’intérieur de l’institution.
La mutation historique du judaïsme : du mosaïsme au talmudisme
La religion mosaïque – initialement une monolâtrie promue selon la tradition biblique par Moïse, va faire des Hébreux les juifs. Elle n’est définitivement établie en Judée qu’au VIIeme siècle et y triomphe avec Ezechias qui imposera définitivement le monothéisme yavéhique.
Historiquement cela ne s’est pas produit pas avant, et pas ailleurs. Entre l’éphémère royaume d’Israël, polythéiste, et un culte initial judéen qui associait encore les divinités païennes notamment Ashéra/Astarté/Istha, au dieu unique autoproclamé le monothéisme yavéhique n’avait pas triomphé auparavant. Cette religion dite « de Moïse » – aujourd’hui illustrée par le Pentateuque et les premiers livres rédigés, dans une première version probablement à Babylone – repose originellement sur un culte purement sacrificiel, au point que Friedmann dans Qui a écrit la bible n’hésite pas à dire que « le premier temple au temps d’Ezechias n’est qu’un abattoir rituel ».
La disparition du temple (-586) et le transfert des « élites » à Babylone va conduire à y créer des « maisons communes », ces fameuses synagogues, où lettrés et scribes vont faire assaut de disputatios rhétoriques, jetant par-là les bases de cette fameuse « loi orale » dont ils s’autoproclameront détenteurs…
Lors du retour en Judée (étalé sur 150 ans rappelons-le !) à partir de l’édit de Cyrus et après la présentation de la torah (autour de -450), la construction du nouveau Temple et la restauration du clergé, des synagogues vont s’implanter en Judée et y développer une activité religieuse parallèle non sacrificielle, sans clergé, animée par des « maîtres » les rabbins. Leur auditoire va gagner en ampleur, se radicaliser et se populariser dans le temps : il constituera le courant pharisien. C’est le départ d’une activité théologique nouvelle qui débouchera trois siècles plus tard sur l’émergence du talmudisme : une religion nouvelle, purement rabbinique, qui va s’éloigner de plus en plus du mosaïsme et s’imposer parfois violemment ensuite auprès des juifs récalcitrants – même par la persécution et le massacre (comme à Jérusalem et dans toute la Palestine au temps de la guerre civile, puis en Libye au IIème siècle ou plus tard en Espagne au XIème) – de ceux qui, comme les Samaritains ou les Karaïtes, refuseront cette « loi orale » et la mainmise des rabbins sur la religion juive.
C’est ce talmudisme – dans son évolution depuis en gros quinze siècles – qui constitue le nouveau judaïsme d’aujourd’hui auquel nous sommes confrontés et auquel certains, idéologues plus que théologiens même s’ils sont religieux, veulent maintenant apparenter les chrétiens.
Daniel Horowitz en a d’ailleurs clairement exposé les traits majeurs dans Une approche du judaïsme, un document que tout chrétien devrait connaître et méditer avant de s’engager sur le chemin de la judéolâtrie [1].
On y lit ces éléments majeurs qui traduisent l’incompatibilité totale et définitive du talmudisme avec le christianisme :
« Le monothéisme, tel que le propose le judaïsme ne postule pas à proprement parler l’existence de Dieu. »
« La foi est un mot creux dans le judaïsme. »
Ajoutons que le talmudisme professe la croyance en la réincarnation !
La réincarnation existerait via le cycle des âmes (le gilgoul), Il n’y a évidemment rien de tel dans le Tanak. L’idée est purement gnostique, apparue tardivement dans le judaïsme via la kabbale (Shaar Haguilgoulim), et a été popularisée par l’enseignement d’Isaac Louria, considéré un temps comme le mashia’h (le messie) par une importante fraction juive…
Le plus cocasse est de voir qu’on retrouve ici les influences naturalistes et animistes des religions les plus primitives qui « humanisent » animaux, végétaux et même les rochers… [2]
« Oui, les juifs croient en la réincarnation. La science relative à cela se trouve dans les livres de mystique juive qui, grâce à D., ne sont pas traduits, n’existent qu’en hébreu et sont durs d’accès. Une personne peut revenir plusieurs fois en réincarnation ; si trois fois de suite elle ne répare rien, elle disparaît pour toujours. Elle peut venir en réincarnation aussi dans le domaine minéral, végétal et animal. Un homme qui est devenu femme peut redevenir homme de nouveau. » Rav Ron Chaya
On découvre ainsi que le talmudisme procède d’un enseignement quasi secret réservé à des initiés et il nous montre que les questions LGBT, notamment celles associées à la transsexualité, sont largement évoquées et bien accueillies dans le monde juif : elles sont largement promues dans l’Israël d’aujourd’hui ! [3] [4]
Et on découvre enfin que, selon le talmudisme, Dieu n’est pas forcément infaillible : « Qui vous dit que Dieu doit avoir raison ? » Rav Samuel Elikan [5]
Ahurissant pour un chrétien comme pour un musulman, non ?
C’est cette religion talmudique que Henri Atlan dans ses conférences qualifie de « religion moderne, qui remonte à Maïmonide »…
Ce judaïsme-là, n’est évidemment plus en rien celui de Moïse auquel Jésus fera référence !
C’est de tout ce déviationnisme, déjà en gestation à l’époque, dont le Christ est venu avertir les juifs.
Mathieu (V 17) nous le rappelle dans son évangile : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. »
Les évangiles vont relater, à de multiples reprises, les confrontations entre Jésus et les pharisiens, s’opposant à leur vision déviante de la Loi.
Cette fracture du judaïsme, s’initie donc – certainement pas par hasard, lors de l’Incarnation du Christ – avec l’influence croissante de la mouvance pharisienne rabbinique et sa rivalité avec le clergé authentique, saducéen, du temple.
C’est une époque historiquement trouble pour la province juive de l’empire romain, en proie à la fois aux rivalités internes de factions juives opposées (pharisiens, zélotes, etc.) et aux luttes de pouvoir locales entre le temple (les Sadducéens), le trône (dynastie hérodienne) et l’occupant détenteur du pouvoir de fait : le procurateur romain.
L’histoire du procès de Jésus très détaillée dans l’évangile de Matthieu nous montre une chose claire : son arrestation par les milices des prêtres est du seul fait des autorités religieuses juives et son procès va s’achever par la condamnation unanime de Jésus par le Sanhédrin (réuni « illégalement » d’ailleurs de nuit, pour pouvoir ensuite se dédouaner de ses décisions sur un plan formel !).
Cela traduit la submersion définitive du sanhédrin par le courant pharisien et l’abandon définitif à son profit du pouvoir initialement détenu par les prêtres. Le procès de Jésus illustre un véritable putsch religieux : la prise en main définitive du sanhédrin par le courant pharisien à devenir talmudique et l’échec d’une tentative de retour à l’orthodoxie juive mosaïque.
La mort du Christ signe ainsi paradoxalement la mort du judaïsme mosaïque, et annonce la fin du temple 40 ans avant sa destruction, et surtout la liquidation de son clergé exterminé par les extrémistes juifs zélotes lors de la guerre civile juive des années 80…
L’oxymore judéo-chrétien
Sur un plan purement théologique, que le Christ ait été juif de naissance et qu’il ait suivi les rituels des fêtes juives (telle la Pâque comme c’est relaté dans les évangiles) est une évidence qui n’influe en rien sur la nature de Son message, si ce n’est qu’éclairer la localisation de l’incarnation de Dieu : dénoncer dans la perspective messianique, la conception sectaire, racialiste, ethno-centrée, de Dieu, tel que le judaïsme l’a imaginée à travers Yaveh…
Je dis bien « imaginé », ce que j’ai démontré dans cet essai : Judéo-christianisme – Travestissement historique et contre sens idéologique dont le premier tome est précisément sous-titré : « Le mensonge de plus long de l’Histoire : l’imposture vétéro-testamentaire. » où sont décrits certains des multiples emprunts à la mythologie suméro-akkadienne et appropriations diverses qui émaillent la Torah.
Les juifs eux-mêmes le reconnaissent : le Tanak est essentiellement une fiction ! Ainsi lorsqu’il a présenté son ouvrage, Histoires du peuple juif, à la presse, Marek Halter a déclaré à Paris-Match : « C’est là le génie de ce groupe d’hommes ; ils ont transformé leurs histoires – vraies ou fictives – en religion. » (sic !) [6]
Alors ne soyons pas plus israélites que les juifs, en soutenant que le Tanak est un livre révélé, ou un livre sacré, comme le proclament aujourd’hui les chrétiens, alors que les juifs sont les premiers à dire que ce n’est une saga plus ou moins romancée, sinon inventée, sur la vie des Hébreux !
Tout le sens de l’Évangile : « la bonne nouvelle » est l’annonce faite par le Christ que Dieu est universellement porté à la connaissance de tous les hommes, et qu’Il les comble tous de son amour, de Son pardon et de Sa miséricorde, pourvu qu’ils croient en Lui, et qu’Il s’est offert en sacrifice sur la croix pour la Rédemption de chacun d’eux…
C’est tout l’inverse de la vision divine donnée de Yaveh par la Torah, qui le proclame dieu sectaire et jaloux ayant « élu » ou « choisi » un peuple parmi tous les autres, et dont la connaissance ne doit pas être dévoilée aux non juifs. Un interdit qui, loin d’être tombé en désuétude, est toujours professé aujourd’hui par les rabbins [7]. Toute personne étrangère qui respecte le Chabbath se rend passible de mort, car elle enfreint l’interdiction de voler [le cadeau réservé au peuple juif]. Tel est le châtiment pour un non-juif transgressant l’une des sept lois Noa’hides. Voir Rambam dans Hilkhot Mélakhim, chapitre 9, Halakha 9.
Jésus, dans son enseignement, dénonce à chaque fois qu’il en a l’occasion l’hypocrisie et le racialisme identitaire propre aux juifs, (Parabole du bon Samaritain, rencontre au puits avec la Samaritaine, etc.) tout comme il s’oppose à nombre d’interdits présents dans la Torah tels les interdits alimentaires, et s’oppose à certaines pratiques sociétales juives tel le divorce, la lapidation des femmes, etc…
En fait l’idée d’un « continuum » ou pire d’une filiation, entre christianisme et judaïsme talmudique contemporain, ne peut s’expliquer que par la méconnaissance que nombre de chrétiens, et singulièrement les catholiques, ont des préceptes du talmudisme, à moins que, par l’effet d’un certain « romantisme biblique » ces gens-là soient assez naïfs pour croire que le fondamentalisme talmudique appartient à un autre temps…
Il suffit pour s’en persuader de parcourir les sites religieux talmudiques et de voir les conseils et principes enseignés par les rabbins. [8]
Ainsi on apprend que par la conversion au judaïsme on acquiert une nouvelle âme, juive, qui remplace notre âme originelle. Il y a donc aussi un racialisme juif dans les âmes ! [9]
« Judéo-christianisme » est donc un monstrueux oxymore !
Admettre une « continuité judéo-chrétienne », c’est nier cette différence essentielle de conception de la déité entre le judaïsme et le christianisme et finalement nier la signification du sacrifice christique et son universalité ! [10]
On remarquera d’ailleurs que s’Il évoque « Son Père » à de multiples reprises, jamais dans les Évangiles, le Christ n’évoque Yaveh ! Constatation qui nous emmènerait beaucoup trop loin ici…
La rédaction biblique chrétienne : la Vulgate
Dans le monde chrétien, la « bible » comprend deux ensembles distincts : Un premier ensemble reprenant le Tanak (bible juive) qui est associé à l’alliance qualifiée de « première » ou « ancienne » entre Dieu et Abraham relatée dans la Genèse [Gn XVII 7 à 14] qui se matérialise par la circoncision à 8 jours.
On l’appelle l’Ancien Testament : « ce dont les Anciens témoignent ».
Un second ensemble de textes de la période néo-christique comprend les évangiles, les actes des apôtres, des épîtres d’apôtres, puis, rajoutée l’apocalypse de Saint Jean.
Ces textes liés à la révélation christique sont associés à la Nouvelle Alliance, celle qu’évoque explicitement Jésus lors du dernier repas (La Cène) pris avec les apôtres relaté dans l’évangile de Luc ( XXII, 20) :
« Il prit de même la coupe, après le souper, et la leur donna, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous. » Cette Nouvelle Alliance, foncement du christianisme, a conduit à l’appellation globale de Nouveau Testament : « ce dont les apôtres et disciples du Christ témoignent. »
Au IVème siècle, les traductions latines du Tanak, réalisées à partir de la version grecque, la Septante (traduction en grec du Tanak demandée vers -270 par Ptolémée II soucieux de disposer à la bibliothèque d’Alexandrie des textes religieux juifs compte tenu de l’importance de la communauté juive dans la ville) et caractérisées, à l’origine par leur littéralisme, manquent de qualité et de précision en raison de la multiplication des manuscrits et des corrections. Les textes grecs du Nouveau Testament ne sont pas non plus exempts de reproches. La liste des textes retenus par l’Église pour former le Nouveau Testament a été fixée en 363 lors du Concile de Laodicée (elle ne comprenait pas encore l’Apocalypse de Jean rajoutée ultérieurement)
Le pape Damase demande alors à Jérome de Stridon (l’un des quatre pères de l’Église, connu sous le vocable de Saint Jérome) de refaire une traduction plus rigoureuse (latine) de l’ensemble des textes, qui sera alors accessible à l’ensemble des clercs chrétiens, des théologiens, etc. qui en occident ne connaissent pas l’hébreu et pas forcément non plus le grec (langue d’écriture des textes christiques). Jérôme consacrera plus de vingt ans à ce travail (382-405).
Pour retrouver la rectitude des textes hébreux originaux Jérome enquêtera longuement auprès des lettrés juifs autour de Jérusalem, (notamment les Massorètes qui reprenant les textes hébraïque de tradition ancienne s’éloignent parfois du texte traduit dans la Septante)… Ce parti pris « anti septante » fut critiqué Augustin d’Hippone (Saint Augustin – autre père de l’Église) et vaut encore aujourd’hui aux Massorètes les imprécations des juifs kabbalistes…
C’est ce texte latin de Saint Jérôme connu sous le nom de Vulgate qui va s’imposer, affirmé comme canonique dans le christianisme romain (occidental) et latin.
Toute la théologie chrétienne s’est fondée sur l’annonce christique de la révélation de Dieu à tous les hommes « matérialisée » par le baptême et la substitution de l’Ancienne Alliance (racialiste) de Dieu avec les élus d’Israël par la Nouvelle Alliance qui embrasse toute l’humanité.
D’où son nom : théologie de la substitution ou « supersessionisme »…
Il faut souligner que l’Ancien Testament fut durant plus de quinze siècles, mis à l’écart des fidèles par l’Église, à cause des horreurs récurrentes qu’il relate : crimes, viols, sodomies, incestes, apologie de la tromperie et de la ruse (le droit d’aînesse d’Esau détourné par ruse par Jacob, ou la séduction de Samson pour lui couper les cheveux), sans parler des génocides des peuples locaux et de l’extermination la tribu de Benjamin par les Hébreux, relatés dans le Deutétonome…
Jusqu’à Vatican II, l’Église en a enseigné aux fidèles des pages choisies, épiques et brillantes, soigneusement édulcorées sous le nom « Histoire Sainte ».
Des scènes qui seront la source d’inspiration des plus grands peintres et sculpteurs durant des siècles.
Ainsi on évoquera Loth fuyant Sodome et sa femme transformée en statue de sel pour s’être retournée, en omettant soigneusement de souligner que Loth était prêt à prostituer ses filles, vierges, pour éviter à deux étrangers de passage de se faire sodomiser…
On parlera de l’arche de Noé en oubliant qu’ensuite, soulé à dessein par ses filles, Noé allait se faire doublement violer par elles : un des cas les plus célèbres d’incestes de l’histoire antique…
On relatera le combat de David contre Goliath, mais on taira comment il envoya sciemment à la mort le général hittite Urie – dont la femme Bethsabée était déjà sa maîtresse – qu’il voulait garder pour lui, et qui sera la mère de Salomon. On pourrait multiplier les exemples…
Le courant « vétérotestamentaire », outil historique de déstabilisation de l’Église latine
Si le « schisme » orthodoxe a consacré en 1054 le divorce essentiellement politique de la chrétienté entre l’Orient et l’Occident, version religieuse de la rivalité entre Rome et Byzance, ce christianisme était déjà le foyer d’une contestation entre partisans et opposants au baptême des enfants, les seconds arguant de la nécessité d’une démarche consciente pour recevoir le baptême…
Ces premiers « anabaptistes » reprenaient en cela les traditions des Nazaréens, groupes juifs christiques du premier siècle et se sont singulièrement rapprochés de l’Ancien Testament.
Les anciens les plus célèbres, les paulicianistes, ont grandement influencé les premiers grands courants hérétiques : albigeois, cathares, bogomiles, puis vaudois… Enfin les Mennonites, Amish et Huttérites qui vivent en communautés fermées, sont toujours présents aujourd’hui, quasi exclusivement en Amérique du Nord.
On retrouve ces fondements anabaptistes aujourd’hui chez de nombreux évangéliques.
Parmi eux les « baptistes du septième jour » observent le sabbat, comme les d’autres factions protestantes plus minoritaires. [11]
Au total – surtout aux USA où ces anabaptistes, trop remuants, furent exilés historiquement par les Anglais dès le XVIIème siècle – on est en présence de tout un groupe d’églises dissidentes souvent regroupées autour du vocable valise « évangéliques » : des chrétiens caractérisés par un retour à des traditions initiales judaïques et qui vont être le terreau naturel d’un rapprochement avec les tenants du Tanak : les vétérotestamentaires…
Ainsi les Mormons (membres du courant « restaurationniste » – le nom explique tout – avec les adventistes et les témoins de Jéovah tous quartodécimins), persécutés quasiment depuis la création de leur église en 1830, assimilèrent leur expulsion de Nauvoo en Illinois durant l’hiver 1845-1846, à l’exode biblique des Hébreux et entreprirent à pied ou en chariot, un trajet de plus de 2 000 kilomètres jusqu’au Grand Lac Salé, en Utah, où ils s’établirent voulant y fonder la « nouvelle Jérusalem » (sic !).
Parallèlement (XVIIème siècle), s’élabore, chez les protestants strico sensu, la théologie fédérale (ou théologie de l’alliance) : un système interprétatif de l’ensemble de la Bible fondé sur le concept d’alliance en tant que principe organisateur de la théologie chrétienne.
Au-delà de trois alliances induites purement théologiques (rédemption, œuvres et grâce) elle recense cinq alliances issues de l’Ancien Testaments (adamique, noachique, abrahamique, mosaïque, davidique) et enfin la Nouvelle alliance christique.
Dans la théologie fédérale, l’énoncé d’alliances multiples avec différents acteurs majeurs de l’Ancien Testament confère donc à celui-ci un rôle central qui se renforcera au fil des siècles dans le monde « protestant ».
Elle est énoncée dans la confession de foi réformée, suivant la tradition théologique calviniste, par l’assemblée de Westminster en 1646.
En 1846, l’Alliance évangélique, d’initiative écossaise et suisse, est constituée à Londres, c’est la première ébauche de rapprochement œcuménique. À partir de la fin du XIXème siècle, l’idée d’œcuménique, se dessine à partir du monde protestant au sens le plus large : il est même arrivé à séduire certaines personnalités marquantes des églises institutionnelles.
Parmi ces pionniers, citons le patriarche orthodoxe Germain V de Constantinople, l’évêque épiscopalien (anglican américain) Charles Brent, le pasteur réformé hollandais Willem Visser ’t Hooft, puis le dominicain Yves Congar théologien oecuméniste si actif durant le concile Vatican II, l’archevêque luthérien suédois Nathan Söderblom et le laïc américain John Mott, futurs lauréats du prix Nobel de la paix pour cela !
En 1910, lors de la Conférence Internationale des Missions, à Édimbourg, présidée par John Mott, les délégués des Églises nouvelles, d’Afrique et d’Asie soulevèrent de la question urgente de l’unité des chrétiens. L’œcuménisme contemporain est ainsi né du problème missionnaire porté par la mouvance protestante : comment prêcher l’évangile à partir d’Églises séparées.
Dans les années 70, l’analyse historique et archéologique commencent à ébranler sérieusement l’histoire biblique, d’autant que les fouilles israéliennes se multipliaient – dans le but d’accréditer la thèse sioniste « Israël terre occupée continument par le peuple juif depuis plus de trois mille ans ». Malheureusement cette thèse, dans sa globalité, est contredite par tous les travaux qui remettent même en cause en cause l’historicité des patriarches !…
Face à ce « péril » les évangéliques se lancent dans l’affirmation de l’intangibilité des textes bibliques par la Déclaration de Chicago (28 octobre 1978), l’une des formulations les plus connues sur la question de l’inerrance biblique. Trois cents théologiens évangéliques de divers pays et de diverses confessions (anglicans, luthériens, réformés, baptistes etc.) s’étaient réunis pour préciser un certain nombre d’éléments de la doctrine de l’Écriture repris dans cette Déclaration.
Autrement dit, sous l’égide des évangéliques, il s’est agi pour les vétérotestamentaires chrétiens de dogmatiser les écrits des scribes juifs, ce qui n’avait jamais été le cas auparavant ! [12] C’est aussi la porte ouverte à la légitimation du fondamentalisme vétérotestamentaire dans ses affirmations les plus fantaisistes, notamment concernant la création du monde et la vision créationniste de la Genèse, ce qui est piquant quand on sait que son origine est à 80 % issue du recyclage des mythes antiques sumériens et akkadiens !
De quoi mettre à mal les mille ans de science chrétienne qui ont forgés notre civilisation avec l’héritage sumérien, égyptien, grec, arabe et indien qui y ont contribué…
Le « judéo-christianisme » fer de lance de la destruction de la tradition catholique lors du Concile Vatican II
C’est avec le concile de Vatican II que la conversion au « judéo-christianisme » se produit dans le monde catholique avec l’abandon de théologie de la substitution (ou supersessionisme) au profit de la « théologie des deux alliances » selon laquelle Dieu n’a jamais rompu son alliance initiale avec le peuple d’Israël.
Par conséquent, l’Alliance de l’Ancien Testament demeure valide en ce qui concerne le judaïsme : il n’y a pas lieu, pour les chrétiens, de chercher à convertir les juifs à la religion de Jésus-Christ. En termes d’eschatologie, la doctrine des deux alliances implique que la Bible, à la fois juive et chrétienne, offre deux voies d’accès au salut.
C’est là qu’apparaît la formule de « frères aînés dans la foi » qui n’a évidemment aucune réalité quand on songe au talmudisme, avatar actuel du judaïsme !
D’autant que le talmudisme n’a pas hésité à se surimposer au Tanak par des textes pseudo-bibliques.
Selon Daniel Boyarin :
« Le midrash est un "mode de lecture biblique qui relie des passages et des versets différents pour élaborer de nouveaux récits (...). Les rabbins qui ont élaboré la manière midrashique de lire considéraient la Bible comme un énorme système de sens, chaque partie commentant ou complétant tout autre partie. Ils étaient ainsi capables de fabriquer de nouveaux récits à partir de fragments des anciens textes de la Bible elle-même (...). Les nouveaux récits, qui se fondent étroitement sur les narrations bibliques mais qui les élargissent et les modifient également, sont tenus pour les équivalents des récits bibliques eux-mêmes" ».
Autrement dit, les rabbins racontent ce qu’ils veulent à partir du Tanak pris comme caution de leurs propos [13]
Ceci pour amener ultérieurement l’idée que « seuls les juifs sont des hommes »… On a déjà vu cela quelque part… Des propos – qui ne semblent pas troubler les vétérotestamentaires – sur lesquels devraient tout de même devraient s’interroger les tenants chrétiens de « l’inerrance biblique »…
C’est pourtant bien là qu’il faudrait apprécier en quoi le talmudisme (dénoncé par anticipation par Jésus) traduit « la fidélité du peuple juif à la loi de Moïse » !
Ajoutons à cela la fameuse déclaration conciliaire Nostra Aetate : [14] dont les termes ne sont évidemment pas globalement acceptables : si effectivement on ne peut pas rendre responsables, deux mille ans après, les juifs d’aujourd’hui des agissements de leurs ancêtres, on ne peut absolument pas rejeter l’écrasante responsabilité des juifs du temps dans l’arrestation et la condamnation de Jésus sous peine de renier les évangiles, en se retranchant derrière l’aval finalement donné à cette condamnation brusquement par les Romains devenus, par cette pirouette, seuls responsables de la mort du Christ !
Concernant les autres religions : « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. »
Ceci est un blanc-seing donné au relativisme, une caution à l’œcuménisme et un rejet déguisé de l’orthodoxie religieuse.
À cela va s’ajouter l’abandon de la langue latine garant de l’universalité de l’Église et de la stabilité de ses textes et ses rites. (Nous en sommes, en cinquante ans, à la quatrième « révision » de la version en langue française de la traduction du Pater !!!) Ce qui sera largement exploité par les « frères séparés » de la mouvance protestante, en particulier évangélique.
Issu du pentecôtisme, le « renouveau charismatique », ou « réveil spirituel » est un courant spirituel apparu en 1960 au sein des églises protestantes : l’Église épiscopale, Église réformée, Églises luthériennes et certaines églises évangéliques indépendantes et atteindra l’Église catholique…
C’est un mouvement qui a été très en vogue, pour ne pas dire « branché ».
L’expérience charismatique conduit au « baptême du Saint-Esprit », une expérience secondaire qui survient après la « nouvelle naissance » : la régénération spirituelle par le Saint-Esprit après s’être repenti de ses péchés.
Lors de cette nouvelle pentecôte, outre le classique don des langues, le baptisé peut en effet recevoir les 8 autres dons énoncés sans la première épître aux Corinthiens (12-14) : Sagesse, Connaissance, Foi, Guérison, Miracle, Prophétie, Discernement, Interprétation.
L’Église catholique a été contaminée par ce renouveau, charismatique à partir de 1967.
Il apparait à travers un petit groupe d’étudiants de l’Université Duquesne (Pittsburg, États-Unis) qui ont expérimenté et vécu une nouvelle expérience mystique : « le baptême dans l’Esprit Saint » ou encore « l’effusion de l’Esprit Saint ».
Mgr Dominique Rey, explique la nuance : « Certains dans l’Église promeuvent l’usage du terme "effusion du Saint-Esprit" plutôt que "baptême dans l’Esprit Saint" pour bien signifier qu’il s’agit de revitaliser la grâce sacramentelle du baptême. »
Ce « courant de grâce pour l’Église » comme le citera Pape François est affilié au pentecôtisme, c’est aussi le signe et l’appel intérieur à prier et à travailler l’unité des chrétiens…
De nombreuses communautés sont issues de ce mouvement, telles le Chemin-Neuf, La Communauté des Béatitudes, la Communauté de l’Emmanuel, la Communauté du Puits de Jacob, etc.
La forte proportion d’évêques issus de la Communauté de l’Emmanuel, Mgr Rey, Mgr Le Saux , Mgr de Kerimel, Mgr Benoît-Gonnin, Mgr de Monléon, Mgr Laffitte, secrétaire du Conseil pontifical pour la famille, etc. montre l’importance de cette mouvance aux yeux du Vatican, notamment du pape François.
Ses membres, à travers le pentecôtisme, sont donc par nature très sensibilisés au « judéo-christianisme » voire de fervents partisans.
Jean-Paul II, dans l’allocution de Mayence (17 novembre 1980) adressée aux dirigeants des communautés juives d’Allemagne évoque le « peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance, qui n’a jamais été révoquée par Dieu ».
Le pape Jean Paul II élèvera d’ailleurs au cardinalat Yves Congar, un an avant sa mort alors grabataire, preuve de son adhésion au relativisme œcuméniste, prôné par ce théologien âme de la révolution conciliaire.
L’abandon du supersessionisme par l’Église catholique est acté par le cardinal Joseph Ratzinger avant même son élection pontificale, alors qu’il préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium (2013), le pape François reprendra les concepts d’Alliance irrévocable et de fidélité du peuple juif à la Loi de Moïse soulignés par le cardinal Walter Kasper en mai 2013.
Pourtant en 2010 le grand rabbin Ovadia Yossef [reconnu comme « le grand talmudiste depuis Maimonide » (sic !)] avait remis les pendules à l’heure (juive) en déclarant :
« Les Goyim ne sont nés que pour nous servir. En dehors de cela ils n’ont aucune place dans ce monde sauf celle de servir le peuple d’Israël. En Israël, la mort n’a pas d’emprise sur eux. Pour les Goyim c’est comme pour tout autre personne ils doivent mourir, mais D . leur accordera la longévité. Pourquoi ? Imaginez que l’âne de quelqu’un meure, il perdra de l’argent. C’est son serviteur… C’est pourquoi il a une longue vie, pour bien travailler pour son Juif. Pourquoi a-t-on besoin des Goyim ? Ils vont travailler, ils vont labourer, ils vont récolter. Nous nous assiérons comme un effendi pour manger. C’est pour ça que les Goyim ont été créés. »
Dans le même temps, les évangéliques qui ont créé à Jérusalem une « ambassade chrétienne internationale » y organisent chaque année « la marche de souccoth » (fête des cabanes). [15]
Cherchez l’erreur...
La bande-annonce de Judéo-christianisme :