Commentaire 2.
On pouvait deviner, dès 2006, dans ce projet d’Eurorégion du Donbass un cheval de Troie des lobbies capitalistes européens, visant une extension vers le l’Asie, via le Kazakhstan, riche pont eurasien convoité conjointement par Pékin.
Ce pont a été repris à son compte par Pékin, via les diverses voies de la BRI (nouvelles routes de la soie), vaste projet initié depuis 2013 et sillonnant le Kazakhstan.
Dans ce cadre que Xi Jinping a proposé, le 6 juillet 2021, à Zelensky une aide élargie, pour développer une nouvelle voie de la BRI via l’Ukraine et concurrençant la voie Nord via Moscou et la Biélorussie.
Une pacification du Donbass, surtout sous contrôle Ukrainien, ne participe donc pas des projets de Washington car une voie de la BRI « UE-Ukraine-Rostov-Volgograd-Kazakhstan-Chine » ruinerait le pôle atlantique (soumis au dollar) dans la redistribution géostratégique en cours.
Washington va tenter d’entretenir ce conflit, pour affaiblir (économiquement et militairement) Moscou mais en évitant toute issue pacifique en faveur de Kiev.
L’UE n’a par contre pas d’intérêt (au contraire) à participer à cette stratégie, pour elle suicidaire.
Poutine s’inquiète de toute option géostratégique de pont eurasien qui ne serait pas contrôlé par Moscou. La voie Nord prioritaire de la BRI a été jusqu’en 2021 celle liant la Chine à l’UE via le Kazakhstan nord, Moscou puis la Biélorussie.
Depuis Zelensky, l’Ukraine se rapproche conjointement de l’UE (et de l’OTAN, à l’Ouest) et de la Chine (à l’Est ; le 6 juillet 2021), jetant les bases d’un nouveau pont eurasien, plus direct, via les plaines centrales du Kazakhstan. Cette nouvelle voie de la BRI incluait les oblasts russes de Rostov et Volgograd, susceptibles de céder à terme aux sirènes du capitalisme.
Ce projet concurrencerait la voie nord contrôlée par Moscou mais couperait la Fédération de Russie de la Mer Noire et du Proche Orient, l’isolant de tout un pan géostratégique.
Dans le conflit actuel, Poutine a deux objectifs majeurs : contrôler le Donbass pour éviter à l’oblast de Rostov toute participation à un projet capitaliste eurasien et dévaster globalement les infrastructures ukrainiennes pour ruiner tout projet UE-Ukraine-Kazakhstan.
Ces deux objectifs sont atteints : si le premier se fragilise, par aide militaire de l’OTAN, Poutine accentue le second.
Pour Washington, les deux conviennent … en y ajoutant l’épuisement militaire russe et l’affaiblissement de l’économie de l’UE.
Répondre à ce message