Lorsque l’on se penche sérieusement sur la Révolution de 1789 et que l’on s’aventure dans les zones obscures de son histoire, l’on découvre la marque discrète du judaïsme, une marque qui a échappé à l’attention de l’écrasante majorité des historiens.
Le penseur et révolutionnaire Anacharsis Cloots (1755-1794), député de l’Oise à la Convention – d’origine prussienne mais qui fut proclamé citoyen français par l’Assemblée nationale législative le 26 août 1792 – écrivit dans son fameux ouvrage La République universelle (1792) que :
« Nous (les Révolutionnaires) trouverons encore de puissants auxiliaires, de fervents apôtres dans les tribus judaïques, qui regardent la France comme une seconde Palestine. Nos concitoyens circoncis nous bénissent dans toutes les synagogues de la captivité. Le juif, avili dans le reste du monde, est devenu citoyen français, citoyen du monde, par nos décrets philosophiques. Cette fraternisation alarme beaucoup les princes allemands ; d’autant plus que la guerre ne sauroit ni commencer ni durer en Allemagne, sans l’activité, l’intelligence, l’économie et le numéraire des juifs. Les magasins, les munitions de toute espèce sont fournis par les capitalistes hébreux, et tous les agents subalternes de l’approvisionnement militaire sont de la même nation. Il ne faudra que s’entendre avec nos frères les rabbins, pour produire des effets étonnants, miraculeux.J’ai reçu à cet égard des réponses infiniment satisfaisantes de mes commettants du Nord. La cause des tyrans est tellement désespérée, que les aliments les plus sains se changent pour eux en poison subtil. On accusa les juifs, dans les siècles de ténèbres, d’empoisonner les sources ou les puits ; et voici que dans notre siècle lumineux, les juifs, en fournissant viandes pures, aideront l’humanité à exterminer la tyrannie. »[Anacharsis Cloots, La République universelle, ou Adresse aux tyrannicides, 1792, pp. 186-187.]
Parmi les juifs qui participeront à l’exportation en Europe de la Révolution, il y a le commandant de l’artillerie hollandaise dans l’armée de Napoléon, le lieutenant-général Georges Alexandre Matuszewitz (1755-1819), qui était le fils d’un lettré de Kopyczynce, un des piliers de la secte frankiste et confident de Jacob Frank [1].
Le témoignage édifiant d’Anacharsis Cloots sur l’apport matériel des juifs à l’expansion de la Révolution est la partie émergée de l’influence qu’a exercée le judaïsme, via notamment sa kabbale, sur la fondation de la République française ; l’histoire secrète de la religion de la République dont j’ai retracé la généalogie dans mon ouvrage La mystique de la laïcité – Généalogie de la religion républicaine, de Junius Frey à Vincent Peillon [2].
Le spécialiste de l’histoire religieuse de la République, Vincent Peillon (lui-même de confession juive), affirme que « avec la Révolution, la Providence a fait sa part de l’œuvre, et c’est du côté humain qu’elle n’est pas encore accomplie… Ce thème du concours de l’homme à la création de Dieu fait jonction entre la kabbale juive, l’illuminisme et les philosophies de l’histoire républicaine… » [3], et il ajoute « dès lors que, fondamentalement, l’admirable hérésie protestante conduit, comme la kabbale ou l’illuminisme, à considérer que l’action de Dieu exige d’être continuée par l’action de l’homme, que la créature est elle-même créatrice, que la révélation est devant nous, nous nous trouvons face à une anthropologie républicaine qui repose sur une disposition onto-théologico-politique spécifique. » [4]
Il faut revenir aux débuts de la Révolution de 1789 pour saisir cette influence juive kabbalistique sur la République, dont Vincent Peillon se garde bien d’expliciter l’histoire et la généalogie…
Tandis que, comme l’explique Cloots, des juifs soutiennent l’effort de guerre révolutionnaire, des crypto-juifs travailleront à influencer idéologiquement la Révolution. Le plus important et le plus influent d’entre eux est sans aucun doute le petit-cousin de Jacob Frank. Il s’agit de Moses Dobruschka, alias Franz Thomas von Schönfeld, alias Junius Frey [5] (1753-1794).
Lorsqu’éclata la Révolution française, il se rendit à Strasbourg (en 1792) et devint un membre activiste influent au sein du club directeur de la Révolution, le Club des Jacobins ; et ce, en demeurant toujours en relation avec son groupe frankiste, le bruit ayant d’ailleurs couru qu’il devait prendre la direction de la secte après la mort de Frank.
La principale contribution de Junius Frey à la Révolution française fut littéraire et philosophique. Bien installé dans les milieux révolutionnaires français, occupant une place importante au Club des Jacobins, Junius Frey rédige un livre dans lequel il théorise les fondements théologiques (en fait kabbalistiques) de la démocratie et de la République. L’ouvrage a pour titre Philosophie sociale dédiée au peuple français (1793). Commentant ce livre, le grand historien du judaïsme et spécialiste de la kabbale, Gershom Scholem, explique que « cet ouvrage est animé, dans les passages relatifs à la religion, par un radicalisme éclairé qui, aux yeux des frankistes, ne contredit nullement la mystique ésotérique, mais au contraire la complète » [6].
Les révolutionnaires et les républicains ont, dès le lendemain de la Révolution, eu pour ambition d’établir une religion pour sous-tendre et faire vivre leur régime ; et c’est ce qu’on lit dès l’introduction du livre de Junius Frey qui écrit :
« Chaque gouvernement est une espèce de religion, qui a sa théologie, le système de la démocratie ou de la liberté a la sienne… » [7]
Junius Frey présente ensuite les bases de cette religion occulte de la République – qui deviendra la laïcité – d’essence kabbalistique, que l’on retrouvera chez les théoriciens républicains du XIXe siècle (voir : La mystique de la laïcité, chapitres III et IV).
Cette pénétration de la kabbale dans la Révolution et la République est clairement affirmée par Gershom Scholem lorsqu’il écrit que :
« Cette tentative d’union des idées de la Révolution française et des idées messianiques a eu un succès extraordinaire. Nous avons perdu de vue en général l’attrait qu’elle a exercé sur les esprits et aussi ce qu’avait d’insolite à l’origine ce projet visant à identifier ces deux courants d’idées et à interpréter le messianisme des livres prophétiques et de la tradition juive d’après l’idéal de la philosophie nouvelle du XVIIIe siècle… Nous serons stupéfaits de constater que les racines de cette idée doivent être cherchées précisément dans la Kabbale » [8]
La République est donc bien organiquement liée au judaïsme et par suite aux juifs ainsi qu’à leurs aspirations messianiques. Le lobby judéo-sioniste ne perdra par conséquent son emprise sur la France que lorsque le régime républicain s’effondrera. N’en déplaise aux idéalistes naïfs qui imaginent que l’idéal républicain aurait été perverti et qu’il suffirait donc simplement réformer la République.
La structuration politique de la France moderne
La France est le grand pays européen issu de la synthèse entre catholicisme et royauté. De 496 (Baptême de Clovis) à 1789 (Révolution française), la France a fonctionné, avec des variations dues aux aléas de l’Histoire, sur cette base incarnée par les deux institutions que ce sont la Monarchie et l’Église.
Le peuple français a complètement intégré ce système qui a conservé la nation et qui fait partie du code source de son identité et de son système politique.
Ce qu’on appelle communément « le conservatisme » français n’est en réalité rien d’autre que l’attachement à cette structuration politico-religieuse qui a permis la survie de l’Europe et de la France à partir du haut Moyen-Âge [9].
Les républicains étant parfaitement conscients de cette réalité historique ont tenté de remplacer immédiatement la royauté et l’Église par des institutions de substitution : la République (la contre-monarchie) et la religion des Lumières – qui deviendra la laïcité (le contre-catholicisme).
Mais cette fausse religion fabriquée à partir d’éléments composites n’a jamais pu s’ancrer et gagner le cœur des Français ; elle n’est tout au plus qu’une arme de combat contre le Catholicisme, sans lequel elle ne peut exister.
Cette opposition a structuré l’Histoire politique française durant les XIXe et XXe siècles, et s’est incarnée dans la gauche (héritière idéologique de la Révolution) et la droite (héritière véritable ou revendiquée de la tradition française, catholique et royaliste).
Comme l’a expliqué l’historien et anthropologue Emmanuel Todd :
« Républicanisme, socialisme, communisme se sont en pratique définis contre un catholicisme résiduel, qui les structurait pour ainsi dire négativement. La mort de cette religion a tué comme par ricochet les idéologies modernes. Nous sommes ici, explique-t-il, tout proches de l’un des points nodaux de la crise qui, bien loin de n’affecter que la surface politique des choses, touche en réalité le socle métaphysique de la société, fonds de croyance irrationnelles et inconscientes venues d’une histoire très lointaine. » [10]
Historiquement et politiquement, cette structuration politique entre gauche et droite s’est traduite comme suit d’après Emmanuel Todd :
« C’est en 1791 qu’apparut pour la première fois la carte qui allait structurer pendant près de deux siècles la vie politique française. L’historien américain Timothy Tackett a mis en forme cartographique le choix des prêtres qui acceptèrent ou refusèrent de prêter serment à la Constitution civile du clergé votée par l’Assemblée constituante le 12 juillet 1790 [11]. Ce texte prévoit l’élection des curés et des évêques par les fidèles, éliminant ainsi le pouvoir du pape.
C’est alors que se manifeste l’opposition géographique entre une France déchristianisée où les curés acceptent la subordination de l’Église à la Révolution, et une France catholique appelée à devenir le bastion le plus stable de la droite française. La France déchristianisée est pour l’essentiel un bloc central, un Bassin parisien étiré le long d’un axe oblique allant des Ardennes à Bordeaux, auquel il faut ajouter la majeure partie de la façade méditerranéenne. La France fidèle à l’Église est constituée d’une constellation de provinces périphériques, à l’ouest, au nord, à l’est, dans le Massif central et le Sud-Ouest…
En établissant la liberté d’expression et de désignation politique, la IIIe République avait fait apparaître une géographie stable des comportements électoraux. Ces régularités suggéraient que l’individu n’était pas tout, que des pesanteurs, des forces invisibles décidaient, au moins statistiquement, de l’orientation idéologique des citoyens.Par la suite, la gauche et la droite évolueront, une radicalisation apparente masquant la fin des violences politiques révolutionnaires ou contre-révolutionnaires. Des partis meurent, d’autres naissent. Mais toujours l’affrontement des forces idéologiques s’inscrit dans la vieille géographie primordiale. Lors de l’élection du Front populaire en 1936, les pôles de résistance de la droite conservatrice dessinent toujours la même constellation périphérique. Dans la France déchristianisée du Bassin parisien se succèdent ou se combinent, entre 1880 et 1980, les prédominances radicale, gaulliste, communiste. Le PCF dispose même, comme l’Église, de quelques points forts dans la France rurale…
La complémentarité géographique du catholicisme et du communisme est l’un des traits frappants de la géographie politique de la France durant les trois décennies qui suivent la Seconde Guerre mondiale…Cette belle structuration religieuse s’effondre par étapes à partir du concile Vatican II… Le reflux n’est pas seulement français ; il définit, à l’échelle de l’Occident, une crise terminale du catholicisme. Presque tous les bastions de l’Église sont touchés : les Flandres, la Bavière, la Rhénanie, les parties du nord de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal, le Québec. L’Irlande dans les années quatre-vingt, la Pologne après la chute du communisme connaîtront cet irrésistible déclin. » [12]
Le Catholicisme ayant disparu sociologiquement, à partir des années 1970, la droite va se « décatholiciser » et être absorbée idéologiquement par la gauche libérale ; tandis que le Parti communiste, qui n’existait qu’en opposition au catholicisme et qui avait une influence sur le Parti socialiste, disparut avec le catholicisme de l’échiquier politique.
Logiquement, ce processus a amené la gauche et la droite à fusionner, étant privées de leurs « garde-fous » politiques, respectivement le Parti communiste et l’Église. C’est ce qui explique pourquoi, en 2007, le candidat de la droite libérale, Nicolas Sarkozy, à peine élu, recrute des membres du Parti socialiste comme Éric Besson, Jean-Pierre Jouyet, Bernard Kouchner et Jean-Marie Bockel, après avoir siphonné une partie de l’électorat du Front national.
Sur le plan idéologico-politique, les deux partis qui, jusqu’à aujourd’hui structuraient le jeu politique, ne forment plus qu’un.
Processus totalement achevé avec l’élection d’Emmanuel Macron et que j’ai analysé ailleurs [13].
La IIIe République tremble dès sa naissance
Contrairement à ce que l’on pourrait spontanément croire, les débuts de la IIIe République ne sont pas ceux d’un régime solide. C’est un régime vicié, qui est mort, à la fin des années 1930 de ses péchés originels.
L’année suivant son établissement (1870), lors des élections de février 1871, les Français élisent une écrasante majorité de monarchistes. Les républicains n’obtiennent la majorité à la Chambre qu’en 1876 et 1877 et au Sénat en 1879 ; après avoir pris la présidence, ils font un score de 50,50% aux élections législatives de 1881, avec 451 sièges contre 90 aux monarchistes et conservateurs. D’ailleurs, lors des élections de 1885, les monarchistes bénéficièrent d’un vote protestataire qui affaiblit (temporairement) les républicains.
L’historien Christophe Prochasson expliquera ce « miracle politique » par l’entrée en jeu des instances économiques, sociales ou politiques, et il ajoute :
« Il n’en demeure pas moins vrai que la célérité avec laquelle la République s’est installée au niveau de la représentation nationale et de l’appareil d’État ne laisse pas d’étonner et conduit à s’interroger sur la vigueur et la profondeur de cet enracinement. Si les républicains remportèrent ces victoires politiques, ni les valeurs ni même le fonctionnement de la République n’étaient encore bien établis. Les références anciennes prévalaient encore. L’histoire a vu se reproduire ces décalages entre l’avènement de forces politiques et l’état idéologique des sociétés dont elles font la conquête presque par malentendu » [14].
Il s’agit bien d’une conquête du pouvoir que les Républicains ont entamée à partir de 1789, et ils n’ont fini par atteindre leur objectif qu’à la suite de près d’un siècle de lutte acharnée contre l’esprit français.
Et lorsqu’ils l’ont enfin conquis, comme les socialistes contemporains, cela n’a été que pour répandre la corruption au sommet de l’appareil d’État.
En voici un exemple, rapporté par Prochasson :
« La prétendue intégrité de M. Grévy, cet austère républicain, vétéran à la présidence de la République, n’échappa guère à la tentation. Les frasques de son gendre, Daniel Wilson, richissime homme d’affaires et député radical, agioteur et trafiquant de décoration, ne le dédouanent pas du profit personnel qu’il tira de son honorable fonction. Jules Grévy s’enrichit très notablement durant sa présidence. En 1881, lorsqu’il maria sa fille à Wilson, il ne pouvait encore allouer à celle-ci qu’une fraction de l’indemnité présidentielle. À sa mort, en septembre 1891, il laissa à sa descendance une succession de 7 millions, ce qui revient à placer Grévy parmi les Français les plus riches de son temps. »
Et ce n’est pas tout, rapporte Christophe Prochasson… Le même Grévy, président de la République usa et abusa de pratiques népotistes, constitua et renforça un clan Grévy. Le cadet, Paul, devint sénateur du Jura en 1880, grâce à des pressions exercées sur les maires et les conseillers généraux. Le puîné, Albert, connut lui aussi une ascension fulgurante : vice-président de la Chambre en 1879, il fut nommé, en mars, gouverneur général de l’Algérie à titre provisoire pour pouvoir cumuler les deux traitements de sa nouvelle et de son ancienne fonction.
L’affaire concernant Grévy et son entourage, n’était pas une exception, mais une parmi d’autres qui éclataient : le scandale du Panama (le financier juif Jacob Adolphe Reinach lance une campagne pour encourager les petits épargnants à investir dans la société via ses contacts dans la presse et la politique. Il fait voter une loi en échange de pots-de-vin. L’affaire se conclut par la ruine de 85 000 souscripteurs, des faillites à répétition (celle du Comptoir d’escompte de Paris, celle des cuivres…).
Il y avait, comme de nos jours, une interaction malsaine entre les hommes politiques et le monde de la finance, bref une corruption consubstantielle au régime républicain [15].
Les ligues antirépublicaines et anti-juives
Les adversaires de la République n’avaient pas de gros efforts à faire pour trouver des arguments contre ce Régime de corrompus.
En réaction à cet état de fait, dans les années 1890, les royalistes en particulier et les nationalistes en général, créèrent les ligues qui s’attaquèrent virulemment à la République et à ses soutiens, à savoir les juifs, les francs-maçons et les protestants. La principale ligue, l’Union nationale, catholique et nationaliste, fondée en 1893, accepta la stratégie de Ralliement des différentes ligues.
Les ligues sont nées, certes en opposition à la République, mais plus profondément, pour redéfinir une identité nationale – perturbée par ce corps étranger : la République et ses sectes –, refondée sur la base du catholicisme, en en traçant les contours.
La définition d’une identité nationale, si elle est inclusive, est aussi nécessairement exclusive ; dès lors, pointer du doigt l’étranger à exclure est mécanique. Les nationalistes, monarchistes, et même bonapartistes – Charles Maurras, Maurice Barrès, Jules Lemaître et d’autres comme Édouard Drumont qui créa en 1901 le Comité national antijuif qui devint en 1903 la Fédération nationale antijuive, proposant de « combattre les influences pernicieuses de l’Oligarchie judéo-financière au complot occulte » –, désignèrent, pour tracer le contour de l’identité française, ses ennemis : les groupes et communautés soutenant la République et la laïcisation de la société, à savoir les francs-maçons, les juifs et les protestants.
En effet, comme je l’ai exposé plus haut, des juifs ont contribué par des apports idéologique et matériel à la Révolution française et à l’établissement de la République. Par ailleurs, l’écrivain et journaliste politique français juif Bernard Lazare (1865-1903), dans son livre L’antisémitisme, son histoire et ses causes, après avoir mentionné l’émancipation des juifs le 27 septembre 1791 par l’Assemblée constituante, souligna que :
« De nouveau, ils (les juifs) durent leur indépendance à l’esprit révolutionnaire qui une fois encore vint de France. Nous verrons du reste qu’ils ne furent pas étrangers à ce grand mouvement qui agita toute l’Europe ; en certains pays, notamment en Allemagne, ils aidèrent à le préparer, et ils furent les défenseurs de la liberté. Ils furent aussi parmi les premiers à en bénéficier, car on peut dire qu’après 1848 l’antijudaïsme légal est fini en Occident ; peu à peu les dernières entraves tombent, et les dernières restrictions sont abolies. En 1870, la chute du pouvoir temporel des papes fit disparaître le dernier ghetto occidental, et les Juifs purent être des citoyens même dans la ville de saint Pierre. » [16]
Malgré la disparition de l’antijudaïsme légal, l’antijudaïsme réel (que l’on ne peut contenir par des lois) ressurgit en France, quatre ans après la parution du livre de Bernard Lazare. À partir de 1897, via les ligues, éclatent des violences antisémites d’ampleur variable dans la France métropolitaine. À partir de janvier 1898, dans 55 villes se propagent des violences, en trois vagues successives : la première concerne 23 villes, la seconde 19 villes et une troisième durant la dernière semaine de février. D’autres plus importantes éclatent en octobre à Paris, mais aussi à Marseille, Nantes, Rouen, Lyon ou Nancy, et ensuite en Algérie française (d’une extrême violence), à Alger, Oran, Constantine, Blida, Sétif, Mostaganem… Aux ligues nationalistes, se mêlent, et il faut le souligner, la Ligue radicale socialiste antijuive créée en 1892 – qui devint en 1897 la Ligue antijuive d’Alger. Max Régis, le futur maire d’Alger élu en novembre 1898, en était le président [17].
Ces violences ponctuent (et ne concluent pas) cette lutte qui oppose depuis 1789 la France catholique à ses ennemis désignés : les francs-maçons, les juifs et les protestants qui sont d’ailleurs surreprésentés dans la haute administration sous la IIIe République [18] et qui travaillent à laïciser la société française en chassant l’Église (fermeture de 125 écoles libres et expulsions des congrégations à la suite de la loi de 1905).
En 1911, le sénateur de la Manche, Adrien Gaudin de Vilaine, déclare :
« Autrefois l’université n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui, elle était libre, maintenant elle est livrée, pieds et poings liés, à quelques renégats juifs mal blanchis et protestants sectaires. Je remarque et je dois à la vérité de dire que tous les directeurs de l’enseignement, lorsqu’ils ne sont pas juifs, sont protestants, aussi ne suis-je pas étonné du programme établi à l’heure actuelle. Au nom de la dignité française, je dois dire aussi que ces hommes ne sont pas français. » [19]
Les années 1930 : de troublantes similitudes avec les années 2010
Les années 1930 se caractérisent, comme la fin du XIXe siècle, par une délégitimation du pouvoir corrompu, entraînant une crise de régime et qui a culminé, cette fois, avec sa chute à la suite de la débâcle militaire face à l’Allemagne à qui elle a déclaré la guerre.
La question juive, comme dans les années 1890, a resurgi en même temps que la crise du régime, et ce n’est pas un hasard. Souvenons-nous de l’affaire Stavisky qui éclata en 1934 : Serge Alexandre Stavisky était un banquier juif et escroc qui, avec la complicité d’hommes politiques, avait organisé une énorme fraude qui lui a permis d’empocher 200 millions de francs. Cette affaire avait conduit à l’émeute antiparlementaire du 6 février 1934 qui a failli faire tomber la République.
Si donc, la révolution nationale du Maréchal Pétain a pu avoir pied, malgré l’occupation dont sont directement responsables les dirigeants de la IIIe République, c’est parce que le peuple français, étourdi par 70 ans de républicanisme, avait perdu ses repères politiques et sociaux, à quoi s’est ajoutée une débandade de la classe politique républicaine.
Le peuple français des années 1930, comme aujourd’hui, vivait une crise d’identité majeure qui n’avait à l’époque aucun rapport avec l’immigration de masse…
Le rôle historique de la révolution nationale fut alors d’accomplir ce qu’avait entamé les ligues, et plus particulièrement Charles Maurras (qui qualifia de « divine surprise » l’avènement de Pétain), à savoir une redéfinition de l’identité française, lui fixant des repères stables, une capacité qui faisait et fait toujours défaut à la République.
Inutile de dresser ici la liste des affaires qui ont éclaté ces 20 dernières années. Inutile aussi de faire le décompte des hommes politiques corrompus aujourd’hui et qui sont à la tête de l’État en interaction directe avec les banques d’affaires comme Rothschild. Macron est à lui seul une synthèse.
La déligitimation du pouvoir aujourd’hui est au moins aussi importante que dans les années 1930, et la crise de régime ne saurait tarder…
Vraisemblablement, d’une manière ou d’une autre, la Ve République s’effondrera comme la IIIe s’est effondrée : par pourrissement. C’est le destin de la République.
Mais une question reste en suspend : quelle force politique et sociale sera capable, sur les ruines de cette République déjà mourante, de faire une révolution nationale qui fixera des repères stables aux Français ?
Il est probable que plusieurs années s’écoulent avant qu’un personnage et une force émergent du chaos qui nous attend.
La mission de Macron : sauver la République pour maintenir sur la France l’emprise de la banque
Pour faire gagner le candidat de Rothschild – qui n’avait aucun programme si ce n’est la dissolution de la France –, que restait-il à l’oligarchie comme carte à jouer en dehors de la lutte contre : le « fascisme », « les heures les plus sombres », « le retour de Vichy et la résurrection du Maréchal Pétain » et la « réouverture » des chambre à gaz ?
J’ai mis, plus haut, en évidence qu’historiquement, la République est, depuis l’origine, organiquement liée aux milieux financiers juifs et à la kabbale. Et c’est d’ailleurs la corruption sous la IIIe République, fruit de la collusion du milieu politique et de celui de la finance, qui a entraîné un pourrissement du régime et une déligitimation du pouvoir.
L’oligarchie a fabriqué, en un peu plus d’un an, un candidat dont le rôle est de sauver le régime et tous ceux qui prospèrent grâce à lui. C’est ce qui explique notamment le ralliement de tous les carbonisés de la vie politique française, mais aussi le soutien que lui a apporté le grand rabbin de France Haïm Korsia.
Sa déclaration vient confirmer tout mon propos :
« Il faut appeler tous ceux qui croient et qui espèrent en la France à voter pour Emmanuel Macron, parce que c’est lui qui porte, maintenant, cette espérance de fraternité. Comme l’ont rappelé d’ailleurs avec beaucoup de force, de courage, d’encouragement et de fidélité républicaine François Fillon et Benoît Hamon. Est-ce qu’il y a une possibilité de tergiverser quand le cœur même de ce qu’est la France est en jeu ? Comme le dit Le Chant du départ, la République nous appelle. » [20]
Par le maintien de la République, c’est aussi l’emprise de la finance sur l’État qui est maintenu. Et ce n’est pas une nouveauté ; en 1850, Karl Marx décrivait le système par lequel la banque rançonne l’État avec la dette. Système qui s’amplifiera sous la présidence de Macron, en faisant culpabiliser les Français avec une dette qu’ils auraient contractée et qu’ils doivent, d’après une « morale » diabolique, rembourser, tout en acceptant de perdre leurs emplois et de voir leurs salaires compressés. En somme, accepter d’être réduit à l’esclavage par le monde de la finance que le père de Macron, François Hollande, avait promis de combattre et que Jacques Attali [21] a fait entrer à l’Élysée (en la personne d’Emmanuel Macron de Rothschild) durant le mandat de Hollande…
Ainsi Marx écrivait :
« L’endettement de l’État était, bien au contraire, d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui gouvernait et légiférait au moyen des Chambres. C’était précisément le déficit de l’État, qui était l’objet même de ses spéculations et le poste principal de son enrichissement. À la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or, chaque nouvel emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables. Chaque nouvel emprunt était une nouvelle occasion de dévaliser le public qui place ses capitaux en reste sur l’État, au moyen d’opérations de Bourse, au secret desquelles gouvernement et majorité de la Chambre étaient initiés.
En général, l’instabilité du crédit public et la connaissance des secrets d’État permettaient aux banquiers, ainsi qu’à leurs affiliés dans les Chambres et sur le trône, de provoquer dans le cours des valeurs publiques des fluctuations insolites et brusques dont le résultat constant ne pouvait être que la ruine d’une masse de petits capitalistes et l’enrichissement fabuleusement rapide des grands spéculateurs.Pendant que l’aristocratie financière dictait les lois, dirigeait la gestion de l’État, disposait de tous les pouvoirs publics constitués, dominait l’opinion publique par la force des faits et par la presse, dans toutes les sphères, depuis la cour jusqu’au café borgne se reproduisait la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s’enrichir, non point par la production, mais par l’escamotage de la richesse d’autrui déjà existante… » [22]
C’est le même Karl Marx, lui-même d’origine juive, qui écrivait dans La question juive (en 1843) ces lignes qui confirment le témoignage d’Anacharsis Cloots quant à l’influence qu’exerçaient les riches juifs en Europe :
« En théorie, le juif est privé des droits politiques alors qu’en pratique il dispose d’une puissance énorme et exerce en gros son influence politique diminuée en détail. La contradiction qui existe entre la puissance politique réelle du Juif et ses droits politiques, c’est la contradiction entre la politique et la puissance de l’argent. La politique est théoriquement au-dessus de la puissance de l’argent, mais pratiquement elle en est devenue la prisonnière… Le Juif par exemple, qui est simplement toléré à Vienne, détermine, par sa puissance financière, le destin de tout l’empire. Le Juif, qui dans les moindres petits États allemands, peut être sans droits, décide du destin de l’Europe. » [23]
Il est clair qu’Emmanuel Macron, soutenu par Jacques Attali, Alain Minc, Bernard-Henri Lévy, le Grand Rabbin de France, Rothschild et Goldman Sachs, est le candidat de cette oligarchie financière juive.
Maintenir la France sous l’emprise de la finance et de la République par la stratégie du Choc
Marine Le Pen a vu les organisations juives, à commencer par le CRIF [24], mais aussi l’État d’Israël [25], s’opposer à elle durant l’élection présidentielle. Il y a là déjà un enseignement à tirer pour le camp dit « national » : s’aplatir devant les instances supposées représenter la communauté juive ne lui aura apporté aucun bénéfice, ni politique, ni électoral, ni moral, bien au contraire. Ceux-là même qui exigeaient de Marine Le Pen qu’elle se soumette, sont les premiers à avoir appelé à faire barrage contre elle.
Prenons, pour illustrer notre propos, l’un des principaux représentants de l’intelligentsia juive de France, Alain Finkielkraut. Avant le premier tour de l’élection présidentielle, lors d’une émission de RCJ (média du Fonds social juif unifié), le 16 avril 2017, prenant la défense de Marine Le Pen sur la polémique autour de sa déclaration sur la Rafle du Vel’ d’Hiv’, il expliquait que « le problème de Marine Le Pen n’est pas son pétainisme mais son poutinisme » [26] .
Il faut donc comprendre par là que l’une des priorités pour les élites juives sionistes est d’empêcher la France de s’émanciper de l’emprise américaine et israélienne en nouant une alliance stratégique avec la Russie et les autres puissances eurasiatiques, dont est l’Iran.
Alain Finkielkraut, à l’antenne de la même radio, le 30 avril 2017, annonçait qu’il voterait pour Emmanuel Macron car le Front national serait aujourd’hui plus dangereux qu’hier, du fait de l’influence qu’exercerait Alain Soral sur l’antisioniste Florian Philippot [27]. Par ailleurs, le grand souverainiste Éric Zemmour n’a étrangement pas apporté le moindre soutien à Marine Le Pen après le premier tour…
Dans le contexte général de tensions géopolitiques opposant le bloc euro-atlantiste, identifié historiquement comme l’émanation de l’alliance judéo-protestante et anglo-américaine [28], il est impératif pour les représentants du sionisme, d’empêcher la France, à l’échelle internationale (comme à l’échelle nationale), de rejoindre l’alliance composée de la principale puissance chrétienne, la Russie, et des pays et organisations musulmanes (l’Iran, la Syrie, l’Irak, le Hezbollah…). J’ai eu l’occasion d’expliquer à plusieurs reprises comment le sionisme américain, par la stratégie d’Henry Kissinger, a tenté de découpler la Russie de ses alliés proche-orientaux [29] (principalement l’Iran) au profit d’Israël. Piège dans lequel Vladimir Poutine n’est jusque-là pas tombé.
Dans le cadre strictement français, voici comment se traduit cette stratégie :
La République, athée et laïque, privée de son adversaire, le Catholicisme, qui la structurait négativement, a trouvé dans l’Islam un opposant restructurant.
Les immigrés (principalement musulmans) récents et anciens doivent, dans le contexte d’une réaction identitaire française, tenir le rôle de ces exclus – qui étaient jadis, pour la France traditionnelle catholique, principalement les juifs, mais aussi, comme je l’ai mentionné plus haut, les protestants et les francs-maçons – de l’histoire républicaine et de l’identité française moderne, afin de servir de bouclier à la communauté juive (dont les élites ont en mémoire les événements des années 1890 et 1930).
Il s’agit, par le maintien de la République, d’intégrer à l’identité française républicaine, les juifs de France dans une fraternité citoyenne avec les français de souche ; identité définie en opposition aux musulmans qui sont exclus par les contours de la République laïque.
Car la catastrophe pour la République et le sionisme en France serait la jonction des catholiques (historiquement hostiles au judaïsme et au républicanisme) et des musulmans (foncièrement hostiles à l’État d’Israël et au sionisme).
Empêcher que la République ne s’effondre sur ceux qui ont pris la France en otage, tel est le rôle des tenants de la stratégies du Choc des civilisations à l’échelle française : les Éric Zemmour, Alain Finkielkraut et autres Élisabeth Lévy.