Pour illustrer la difficulté d’une conversion je vais prendre un exemple qui pourrait s’appliquer à mon contexte. Je fais de la permaculture (je balbutie...) alors que tous mes voisins sont riziculteurs en conventionel. Si l’un d’entre eux venait me trouver afin de me demander de l’aider à convertir ses 10 hectares de monoculture de riz je me sentirais désemparé et impuissant ! Je pourrais sur le papier lui proposer le plan suivant : convertir 2 hectares en forêt naturelle, 5 hectares en agro-foresterie avec arbres fruitiers et maraîchage en intercalaire, 3 hectares de piscicultures en association avec la culture du riz, de la châtaigne d’eau, de taro...et tout ceci en intégrant un petit cheptel d’oies, de canards et poules. Or que me répondrait le mec à ce plan ? Probablement :"Oui mais en attendant les 5 années minimum nécessaire à l’établissement de ce système (temps minimal pour qu’un système agro-forestier deviennent fonctionnel) je fais comment pour vivre ? Et je finance comment la conversion ? Je paye avec quoi mes plants ? Et je paye comment les ouvriers ? Car seul je ne m’en sortirais pas pour transformer ses 10 hectares !"
Et oui l’éternel retour du concret ! Si le mec gagne au loto, ou touche un confortable héritage, ou à une épouse ayant une activité professionnelle permettant de soutenir financièrement la famille en attendant que la conversion soit finie et fonctionnelle...pas de problème, mais si le mec est un agriculteur "normal" il lui sera très difficile de se lancer dans un projet authentiquement permacole. Certes il est vrai qu’en puriste j’ai choisi un modèle de conversion idéal complexe, complet et qui se veut autonome dans toute la complexité des interactions possibles entre les différents niveaux écologiques présents, je pourrais lui proposer un projet plus simple comme de la riziculture en association avec de l’élevage canard...mais le fond du problème persiste, les choses sont loin d’être aisées !
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