Votre question ne s’adressait pas à moi, mais il me semble qu’il y a une réponse évidente à sa première partie : la victoire de l’Allemagne semblait impossible dès le départ.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Lord Curzon avait déclaré que la cause des Alliés avait vogué sur un flot de pétrole jusqu’à la victoire (« The Allied cause had floated to victory upon a wave of oil »). En 1939, pour faire la guerre il fallait incomparablement plus de pétrole encore, or l’Allemagne avait accès au pétrole de Roumanie dont la production (2,2 % de la production mondiale) n’auraient même pas suffi à la seule l’armée française. Les État-Unis contrôlaient l’essentiel de cette production (60 ou 65 % sur leur sol, environ 15 % par le Vénézuela, le Mexique, les participations en Irak…) ; l’Union soviétique, environ 10 % ; le Royaume-Uni (par l’Iran, l’Irak…), un peu moins. Même la France aurait été incapable de mener la guerre sans les Anglo-Saxons, n’ayant pas même les pétroliers nécessaires à son approvisionnement, ni moins encore la flotte pour les protéger.
Au début de la guerre, l’inattendu pacte germano-soviétique permit à l’Allemagne de ne pas manquer de carburant. Après l’offensive contre l’U.R.S.S., l’Allemagne en manqua constamment, malgré le pétrole de synthèse à la production duquel Hitler avait dévolu des moyens énormes. Au printemps de 1944, les bombardements par les Anglo-Saxons des puits de pétrole roumains et des usines de carburant synthétique causèrent la paralysie des forces allemandes, et notamment de l’aviation. Plus rien ne pouvait alors sauver l’Allemagne selon Speer.
Il faudrait aussi évoquer la disproportion des forces dans les domaines de la production industrielle (moins déséquilibré mais défavorable aussi à l’Allemagne), de la population mobilisable, des matières premières stratégiques (caoutchouc, tungstène…) : au début de la guerre, la question n’était pas de savoir qui la gagnerait mais si l’Allemagne tiendrait quelques mois seulement ou bien un ou deux ans.
Quand un boxeur professionnel se bat contre un enfant, il ne se demande pas ce qu’il deviendra s’il perd le combat.
Bien sûr il y a une part imprévisible dans toute entreprise, et des choix allemands non envisagés par les Alliés ont failli causer la victoire de l’Allemagne, mais en 1939 une telle éventualité semblait extravagante.
Qu’est-ce qui pourrait donc empêcher une coalition de prendre le risque d’une guerre qu’elle juge gagnée d’avance ?