Deux dissociations sémantiques affleurent de cet entretien :
1- Le bien commun s’oppose au bien global : le bon dirigeant veille aux intérêts de sa population ; le pantin téléguidé par une feuille de route occulte, sacrifie l’intérêt national, pour satisfaire aux attentes extérieures d’un fordisme-taylorisme appliqué à la gestion nationale.
2- L’idée de corporation professionnelle, unité associative d’entraide et de compagnonnage, dont Alain Escada, semble t-il, ne pousse pas l’analyse jusqu’à son terme.
Les corporations d’autrefois, groupements de métiers concentrant un savoir-faire et une tradition qui participaient pour beaucoup dans la définition sociale et existentielle du Français, ont été remplacées, dès les années 1980, par les communautés, groupements d’individus sans mérite ni compétence autre que la fortune de partager le même substrat ethno-confessionnel : ce dévoiement de la corporation des XVIII ème et XIX ème siècles, en communautés aux XX ème et XXI ème siècles, traduit une mutation de la solidarité, de la lutte de classe, vers le grégarisme de la reconnaissance raciale et de la collusion religieuse, qui délitent le lien social et servent de combustible à la pression de groupe.
Alors que la corporation oeuvrait à une reconnaissance du champ de compétences des travailleurs et que sa lutte renforçait le pacte social, les communautés actuelles menacent de faire sécession du corps social si leurs revendications politiques et si leurs doléances en vue de dépsychiatriser leur complexe de persécution terminal mais jamais terminé, ne deviennent pas une priorité nationale : les corporations étaient les véritables acteurs du progrès social et d’un vivre-ensemble enraciné dans la juste acceptation d’une hiérarchie de classes bien comprise, tandis que les communautés compartimentent, dissolvent l’unité organique de la nation.
Elles réclament, non pas l’avancée sociale d’un corps de métier par la juste rétribution, mais le statut d’exception d’une classe de victimes perpétuelles, au titre de la réparation. On note une importation, au sein de la politique française, d’un modus operandi qui avait cours dans le désert d’Arabie, où chaque tribu envoyait une délégation chamelière chialer sa race auprès des prophètes de Judée et de Médine. Cette reconduction de l’essentialisme ethno-religieux qui préside aux revendications des communautés, est en tout point contraire à la tradition française.
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