Alimuddin Usmani, journaliste indépendant, vient de publier un livre intitulé La Grande Invasion paru aux éditions Kontre Kulture.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Alimuddin Usmani : Je suis un journaliste indépendant né à Genève et de nationalité suisse. J’ai fait mes premières armes dans le journalisme en tant que stagiaire à Radio Prague en 2011, auprès de la rédaction francophone. Vers la fin de mon stage, j’ai saisi l’opportunité d’interroger Jean-Marie Le Pen à propos de la centrale nucléaire de Temelín. Je me souviens qu’à l’époque une journaliste de la rédaction était agacée par le fait que je puisse lui donner « une tribune ». Cet épisode m’a conforté dans l’idée d’exercer un travail journalistique libre et authentique.
D’ailleurs en juillet 2013, j’avais eu à nouveau l’occasion d’interviewer « le Menhir » et j’avais tenté de publier l’entretien sur un site participatif en Suisse. Il avait été dé-publié pour des raisons qui étaient, à mon avis, assez contestables. J’ai alors contacté l’essayiste Alain Soral qui a permis de le mettre en ligne sur le site Égalité & Réconciliation. Je me suis ainsi rapproché du journalisme de réinformation et de la maison d’édition Kontre Kulture pour laquelle j’ai écrit un livre d’entretien avec le musicien de jazz Gilad Atzmon en 2015 puis, cette année, un ouvrage pour lequel vous m’interviewez aujourd’hui. Entre 2015 et 2018, j’ai animé mon propre média, en collaboration avec une autre personne, dans lequel je traitais très souvent du thème de l’immigration.
Aujourd’hui, je continue ce travail seul sur ma chaîne YouTube où j’ai notamment fait une vidéo dans laquelle s’exprime Alain Soral. Elle dépasse, à ce jour, les 370 000 vues.
Vous y trouverez également des entretiens avec des personnalités très diverses ainsi que des petits reportages en Suisse ou à l’étranger.
Tout d’abord, une question provocatrice : est-ce qu’on peut réellement parler d’invasion et de chaos migratoire lorsque l’on s’appelle Alimuddin Usmani, autrement dit quand une partie importante de ce qu’on est vient d’ailleurs, de très loin ?
Il est vrai que j’aurais pu prendre un pseudo tel que « Alain Haussmann » pour éviter ce genre de questions mais je n’ai pas l’habitude de pratiquer la dissimulation. Plus sérieusement, votre interrogation est légitime et je comprends que des personnes puissent être interpellées par cet élément. J’ai grandi à Genève dans une ville qui est particulièrement multiculturelle et mon histoire reflète plutôt bien sa réalité.
Mon père, issu d’une famille musulmane, est né en Inde et il s’est rendu à l’âge de 15 ans au Pakistan pour y étudier et y travailler. À la fin des années 60, il a reçu une invitation pour venir à Prague, de la part du gouvernement communiste tchécoslovaque, afin d’y effectuer des études doctorales. À l’époque, ces gouvernements cherchaient à former idéologiquement les jeunes des pays en voie de développement dans le contexte de la Guerre froide. Mon père a ensuite trouvé du travail dans une organisation internationale à Genève, où ma mère, tchèque, est venue le rejoindre.
L’invasion et le chaos migratoire que nous subissons aujourd’hui en Europe n’a rien à voir avec une immigration individuelle et peu nombreuse où chaque pays décide de manière souveraine de l’accueil, en fonction de ses besoins et de ses intérêts. Les jeunes hommes qui arrivent aujourd’hui en Europe viennent le plus souvent en invoquant le droit d’asile qui a été totalement dévoyé. Ils cherchent à imposer leur présence et forment des ghettos. La moitié de mes ancêtres sont enterrés en République tchèque et j’ai toujours vécu en Suisse.
Mon attache ethno-culturelle avec l’Europe est réelle et je n’ai pas à valider une immigration massive et débridée sur ce continent sous prétexte que mes parents ont une histoire d’immigration. Je n’éprouve aucune solidarité tribale qui me pousse à faire venir mes cousins qui viennent d’ailleurs. Je constate également que certains Européens de souche, a contrario, militent pour une idéologie sans-frontière et qu’ils nous mettent tous en danger. Je suis, par conséquent, parfaitement légitime pour parler de cette question.
Dans votre livre, La Grande Invasion, vous dénoncez les acteurs du chaos migratoire en cours en Europe. Qu’est-ce que veut apporter votre livre de plus que ce qu’apporte, par exemple, celui de Pierre-Antoine Plaquevent sur Georges Soros et la société ouverte ?
Mon livre a été conçu pour être un ouvrage de référence sur la question du chaos migratoire en Europe. C’est une sorte de réponse globale à cette question qui préoccupe bon nombre d’entre-nous. Je consacre un chapitre à George Soros car il représente un personnage clé de ce processus qui n’a rien de naturel. Mais j’accorde également une place à des protagonistes très variés qui vont du migrant érythréen à Angela Merkel en passant par les ONG immigrationnistes ou les intellectuels communautaires comme BHL. Mon livre démontre que nous avons affaire à une diversité d’acteurs qui agissent comme des organes qui n’ont pas nécessairement conscience de leur place au sein du système. Cette publication permet de mieux identifier les acteurs et de les mettre un peu plus en lumière. Par ailleurs, je parle couramment le tchèque ce qui me permet d’apporter un éclairage sur le point de vue d’un pays d’Europe centrale dont la société se méfie en grande partie de cette immigration.
Cet ouvrage démontre le clivage qu’il existe entre des sociétés qui subissent une immigration massive depuis les années 60-70 et celles qui veulent s’en prémunir.
Vous semblez évoquer des « hommes de l’ombre » qui, un peu partout en Europe (mais pas que) tireraient des ficelles, et auraient des intérêts à ce que le chaos migratoire se propage en Europe ; n’est-ce pas tomber dans du complotisme que cela ? Qui sont ceux qui, aujourd’hui, ont intérêt à la submersion migratoire de l’Europe ?
Il faudrait que les gens qui pensent que le complotisme est une aberration comprennent que ce n’est pas tant une aberration que ça. Il ne faut pas oublier qu’il y a un pouvoir pyramidal, une intelligence en haut, même si elle est collective, et globalement un projet qui est en train de s’accomplir. On n’a pas affaire à un chaos aveugle qui bouge en fonction du hasard. C’est le nouvel ordre mondial qui s’accomplit sous nos yeux. Le pouvoir profond américain a remodelé une grande partie du Moyen-Orient à l’aide de guerres immorales et illégales, souvent au profit d’Israël. L’invasion migratoire n’est qu’un maillon de ce processus de déstabilisation. Les médias institutionnels, de même qu’Éric Zemmour, ne parlent jamais d’une organisation comme IsraAid qui incite les migrants arrivés en Grèce à aller jouir des aides sociales au nord de l’Europe.
Les personnages médiatiques comme BHL, Kouchner, Glucksmann, Attali, qui ne sont ni catholiques ni musulmans, appellent constamment à la solidarité avec les migrants en Europe mais ne parlent jamais du traitement des migrants en Israël, pays auquel ils sont pourtant indéniablement attachés. Il est donc légitime de se demander si Israël n’a pas un intérêt objectif à déstabiliser l’Europe en la noyant avec des migrants, souvent issus de pays musulmans, pour se poser en rempart de la civilisation occidentale. Le pouvoir profond américain peut également avoir pour dessein d’affaiblir le concurrent économique européen à l’aide d’une immigration massive et incontrôlée.
Celle-ci a également pour fonction de contrôler les peuples et diminuer le nombre de producteurs sédentaires qui sont bien plus susceptibles de se révolter contre l’oligarchie que les nomades parasites. Quant aux ONG immigrationnistes et aux tenants de l’idéologie « No Borders », ils ne sont finalement que les idiots utiles d’un projet particulièrement pervers et détestable.
Quel rôle jouent les médias dominants dans ce chaos migratoire ?
Ils jouent très souvent le rôle de supplétifs de l’idéologie immigrationniste de George Soros. Dans mon livre j’évoque notamment le cas de Charlotte Boitiaux, journaliste à France24 et à InfoMigrants. Elle a donc une double casquette, celle de journaliste du service public, payée par le contribuable, et celle de militante « No borders ».
Dans une interview, elle raconte ses dix jours passés à bord de l’Aquarius qui repêchait des migrants à proximité des côtes libyennes. Elle avoue avoir eu beaucoup de mal à garder la distance journalistique lors de ce reportage. De manière générale, les médias institutionnels donnent beaucoup plus la parole à des ONG qui soutiennent l’immigration qu’aux personnalités qui ont un regard critique sur celle-ci.
Les médias dominants véhiculent l’idée du « migrant victime » qu’il serait nécessaire d’accueillir presque sans condition.
Ils ne traitent pas assez des conséquences négatives de l’immigration. Lorsqu’ils évoquent des personnages comme George Soros, c’est souvent pour conspuer ou caricaturer les détracteurs de ce dernier. Les journalistes institutionnels, souvent issus d’un milieu universitaire à la pensée homogène, expriment leur sensibilité idéologique à travers leur travail et se conforment à l’idéologie dominante. L’influence des médias est une réalité. Cependant, ce déséquilibre a tendance à irriter une partie de la population qui se tourne de plus en plus, et à juste raison, vers les médias de réinformation.
Quelles sont les portes de sortie selon vous, pour nous, les Européens ? Vous évoquez notamment l’espoir qu’apporterait l’Europe centrale… mais que pèse-t-elle par rapport aux puissances de l’Europe de l’Ouest et à l’influence de la France, de l’Allemagne, de l’Angleterre ?
Votre question me rappelle la fameuse formule de Staline en 1935 « Le Pape, combien de divisions ? », répondant à Pierre Laval qui lui demandait de respecter les libertés religieuses en Russie. Il est vrai que le poids économique et politique des pays d’Europe centrale est réduit par rapport à d’autres pays d’Europe occidentale comme la France ou l’Allemagne. Néanmoins, leur influence idéologique traverse les frontières. Les idées anti-immigration rencontrent un écho favorable dans toute l’Europe. Le modèle d’insoumission hongrois a été une véritable source d’inspiration pour ceux qui s’opposent à une politique immigrationniste.
Rappelez-vous qu’au début de la crise migratoire de 2015, Angela Merkel cherchait à imposer des quotas de migrants aux pays d’Europe centrale et qu’elle a fini par y renoncer. Par ailleurs, l’opinion publique allemande n’est plus aussi angélique qu’à ses débuts à la suite des nombreuses difficultés rencontrées par cet afflux massif et soudain. La question de l’immigration a également fortement influencé le vote en faveur du Brexit en Grande-Bretagne. L’immigration illégale a aussi fortement diminué en Italie lorsque Matteo Salvini a repris les choses en main. La question de la gestion des flux migratoires et de l’immigration est une question politique. On aurait tout à fait les moyens de régler la question s’il y avait une volonté en haut lieu.
Tant que nous n’aurons pas écarté du pouvoir ceux qui trahissent l’intérêt général, rien ne sera possible. Le chemin est encore long mais des signes encourageants laissent entrevoir une porte de sortie favorable. Le travail de réinformation est plus que nécessaire et chacun d’entre-nous peut y contribuer à sa manière.