Scandaleux ! @FdeRugy et @gerard_larcher s'apprêtent à recevoir le cofondateur du parti fasciste ukrainien Svoboda, qui a dirigé sa milice paramilitaire. Promoteur du "Social-Nationalisme"(sic.), c'est un admirateur du Jean-Marie Le Pen de la grande époquehttps://t.co/nfe2XRLBce pic.twitter.com/gmTAIHFVjZ
— Olivier Berruyer (@OBerruyer) 9 juin 2018
Les mots sont durs. Sur Twitter, ce dimanche après-midi [10 juin 2018], le député élu dans les Bouches-du-Rhône, Jean-Luc Mélenchon, s’est agacé publiquement d’un rendez-vous pris à l’agenda du président de l’Assemblée nationale, François de Rugy : « Demain, de Rugy reçoit solennellement le néonazi antisémite ukrainien Svoboda ! Voilà où mène l’atlantisme forcené ».
Demain de Rugy reçoit solennellement le néonazi antisémite ukrainien Svoboda ! Voilà où mène l'atlantisme forcené.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 10 juin 2018
Si Jean-Luc Mélenchon commet une petite imprécision, confondant le nom de l’homme politique ukrainien reçu avec le nom du parti qu’il a cofondé, un détour par le programme du président de l’Assemblée nationale en ce lundi 11 juin révèle que ce dernier a bien prévu de rencontrer Andriy Parubiy, président de la Verkhovna Rada, c’est-à-dire la chambre des députés ukrainiens.
Les explications de la présidence de l’Assemblée nationale
Aujourd’hui membre d’un parti de la droite nationaliste ukrainienne, Andriy Parubiy a effectivement été l’un des fondateurs et principaux cadres d’un mouvement d’extrême-droite qu’il avait créé en 1991 sous le nom de Parti social-nationaliste d’Ukraine.
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La présidence de l’Assemblée nationale poursuit en estimant qu’il est « normal que le président de l’Assemblée nationale reçoive un homologue étranger, venu de surcroît d’un Etat européen et voisin de l’Union européenne ».
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Hey @Le_CRIF @_LICRA_ @simonwiesenthal @LDH_Fr @MRAP_Officiel Que pensez-vous du fait que @FdeRugy et @gerard_larcher accueillent demain Andrei Parouby, cofondateur du"Parti Social-Nationaliste d'Ukraine"/Svoboda, qualifié de néo-nazi et d'antisémite par de nombreux observateurs ? pic.twitter.com/k4lA6zXF8S
— Olivier Berruyer (@OBerruyer) 10 juin 2018
En novembre 2016, alors à Kiev (ukraine), Lucien Cerise réalisait un reportage pour son éditeur Le retour aux sources sur les forces néonazies de d’Andriy Parubiy, et le parcours de ce dernier.
Ses accointances – malgré son antisémitisme (d’opérette) – avec les représentants de l’axe américano-sioniste ne laissent pas d’étonner : ceci prouve que ce n’est pas vraiment le nazisme qui effraye le camp du Bien, surtout s’il se met à son service, comme l’ont fait 5 000 chercheurs ou officiers nazis après 1945.
Retour sur Maïdan : quelques jours à Kiev
Ukraine, novembre 2016. Dans la rue Krechatyk (Хрещатик), la grande artère centrale de Kiev qui traverse Maïdan, une affiche de recrutement du régiment Azov (Азов) : « Rejoins le régiment le plus fort » (BCTYПAЙ ДO ЛАB HAЙCИЛЬШOГO ПOЛKY).
Les icônes sous le titre : Gestion professionnelle – Salaire décent – Standards de l’OTAN – Bon équipement – Nouvelle vie (ПPOФECIЙHE KEPIBHИЦTBO – ГIДHA OПЛATA – CTAHДAPTИ HATO – ГAPHE ЗAБEЗПEЧEHHЯ – HOBE ЖИTTЯ).
En bas à gauche, le symbole du régiment Azov, le Wolfsangel, « crochet du loup », rune germanique récupérée et arborée par des unités de combat de l’Allemagne nazie, notamment la 2ème Division SS « Das Reich », et lourdement connotée depuis. Dans son édition du 1er septembre 2017, le Kyiv Post, journal ukrainien anglophone et de tendance libérale, revenait sur l’actualité du régiment :
« Après deux ans d’entraînement, le régiment Azov brûle de retourner à la guerre. (…) Mais le régiment Azov attire l’attention pour d’autres raisons que ses prouesses de combat. Il a évolué d’une unité d’ultra-nationalistes irréguliers à une formation d’élite bien équipée, formée par des instructeurs étrangers. Il a la réputation d’abriter des nazis racistes, mais la réalité est plus subtile et complexe. Aucun des soldats à l’entraînement n’affiche de symboles racistes. Certains préfèrent se serrer la main en saisissant le poignet, courant parmi les mouvements nationalistes. Leurs écussons d’épaule ont un insigne jaune et bleu qui ressemble à un Wolfsangel horizontal inversé, l’image en miroir d’un symbole utilisé par les nazis. (...) Certains combattants d’Azov pratiquent aussi les rites païens slaves. Au début du mois de juillet, une idole en bois de Perun, le dieu du tonnerre de la Rus de Kiev médiévale préchrétienne, a été érigée à la base du régiment près de Mariupol. Les combattants disent qu’ils rendent hommage à l’histoire de l’Ukraine. (...) Ils s’entraînent intensivement, espérant atteindre les standards de l’OTAN, dont l’Ukraine aspire à rejoindre un jour les 29 membres. »
Après leurs formations données par des instructeurs étrangers pour atteindre les standards de l’OTAN, les membres du régiment se recueillent en prière autour du totem de Perun, dieu du tonnerre. Pour Azov, néo-paganisme et atlantisme vont de pair. C’est ainsi que les nationalistes ukrainiens conduisent leur pays vers la « diversité », maître mot de l’alliance militaire de l’Atlantique nord. D’après Rose Gottemoeller, secrétaire générale déléguée de l’OTAN, « La diversité ne se résume pas à la question du genre » :
« L’OTAN a d’abord décidé de créer un plan d’action pour la diversité lors du Sommet de l’OTAN à Prague en 2002. Aujourd’hui, un groupe de travail sur la diversité, composé de représentants de tous les organes de l’OTAN, est le moteur du Plan d’action. Actuellement, le groupe de travail s’efforce de promouvoir la diversité et l’inclusion à l’échelle de l’OTAN et d’élargir la définition de la diversité au-delà du sexe, de l’âge et de la nationalité. Quand on parle de la diversité dans un environnement organisationnel, le genre a tendance à être la première chose qui vient à l’esprit. Cependant, la diversité (comme le suggère le mot lui-même) est beaucoup plus complexe que cela. "La diversité dans le contexte de l’OTAN semble souvent traitée comme une diversité de genre : le plan d’action examinera cette question plus largement et cherchera des moyens de garantir que la main-d’œuvre se reflète dans la diversité sociétale des nations qui composent l’organisation, y compris la race, l’origine ethnique, l’âge, la religion, les handicaps et l’orientation sexuelle", a déclaré Mme Gottemoeller. "L’OTAN ne doit pas se limiter à l’idée de briser le ‘ghetto rose’ en quelque sorte, car il y a beaucoup de ghettos un peu partout." (...) "Il faut inspirer le changement culturel, qui doit être poussé par les dirigeants, parce que les organisations matures ont un conservatisme hérité" a déclaré Mme Gottemoeller, tout en discutant de la façon dont elle voit le changement comme un facilitateur au lieu d’un obstacle. »
Le nationalisme ukrainien est-il soluble dans le mondialisme ? Après le dieu Perun, grande messe pour la déesse Diversité à l’occasion de l’Eurovision 2017 à Kiev : « Célébrer la diversité est le message central pour l’événement de cette année et est complété par un logo dont le design créatif est basé sur un collier traditionnel ukrainien connu comme Namysto. »
Pendant l’Eurovision « gay-friendly » en Ukraine, la chaîne d’information France 24 réalisait un reportage sur la « diversité » dans ce pays. En progrès mais encore insuffisante selon la communauté LGBT locale. L’avenir est cependant ouvert : si l’église orthodoxe et des ultranationalistes s’y opposent pour la forme, ils laissent faire le gouvernement ukrainien quand il adopte les mesures pro-LGBT réclamées par Bruxelles pour intégrer l’Union européenne. À quand une vraie révolution conservatrice en Ukraine ?
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Sur le terre-plein central d’une avenue de Kiev, une grande affiche de format cinématographique du parti politique Union pan-ukrainienne « Liberté », abrégé communément en Svoboda (Liberté). L’origine de Svoboda est le Parti social-nationaliste d’Ukraine, fondé en 1991 par Oleg Tyagnibok et Andriy Paroubiy. Le logo de ce parti était jusqu’en 2003 le même qu’Azov, à savoir le Wolfsangel, en mémoire du Troisième Reich. Aujourd’hui, Svoboda a un peu retravaillé et dénazifié son apparence. Résultat : pour fêter ses 25 ans, il a lancé cette campagne d’affichage évoquant une fresque historique autour d’une sorte de Jeanne d’Arc à l’ukrainienne. Jolie fille, jolies couleurs, Svoboda révèle un vrai sens de l’image. Une particularité linguistique : sur ce visuel, comme sur les clips vidéos, le slogan « Є СВОБОDА – БУDЕ УКРАÏНА ! », « Il y a la liberté, il y aura l’Ukraine ! », utilise parfois le D majuscule de l’alphabet latin au lieu du Д de l’alphabet cyrillique ukrainien.
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Réunion publique des fondateurs de Svoboda dans les années 90. Au pupitre, Oleg Tyagnibok ; au centre, en veste grise, qui se prépare à parler, Andriy Paroubiy ; assise sous les bannières à Wolfsangel, l’historienne Irina Farion. Dans un entretien de 2014, Andriy Paroubiy revenait sur son parcours et sur ses motivations profondes :
« Peu après, j’ai en effet été l’un des cofondateurs du Parti national-socialiste d’Ukraine, aujourd’hui Svoboda. C’était le premier parti à s’exprimer en faveur d’une adhésion à l’OTAN et à désigner la Russie comme la menace principale pour l’Ukraine – et cela, à un moment où personne ne percevait la Russie comme une menace, mais comme un voisin et un partenaire. »