Laurent Ruquier, Léa Salamé et Yann Moix recevaient, dans l’émission On n’est pas couché enregistrée le 12 novembre 2015, Arash Derambarsh, conseiller municipal de Courbevoie et auteur du Manifeste contre le gaspillage, ainsi que son préfacier, le réalisateur Mathieu Kassovitz.
Arash Derambarsh propose de lutter contre le gaspillage en faisant la promotion d’initiatives personnelles, applicables à l’échelle individuelle, mais aussi en obligeant – par la loi – les supermarchés à permettre la redistribution de leurs invendus. On pourrait arguer que légiférer sur cette redistribution, c’est d’abord valider l’existence même de ces grandes surfaces, qui sont une plaie pour les petites entreprises et les centres-villes. C’est, ensuite, confier à un autre acteur que le pouvoir politique la gestion de la misère, qu’il a lui-même créée en ouvrant toutes les portes à la logique du capital. Même logique que les Restos du cœur qui, au-delà des motivations nobles des militants, participent à la déresponsabilisation des acteurs politiques et financiers à l’origine de ce désastre. La redistribution des invendus, c’est la gestion à court terme des conséquences de l’action délétère du pouvoir, qui détourne les énergies de la lutte de fond (et sur le long terme) contre les causes de la misère, contre la logique même du capital – une lutte qui ne peut être que politique.
Un sujet sérieux qui pourrait faire débat, donc, avec des arguments opposables aux auteurs, qui pourraient répondre intelligemment, puisqu’ils connaissent le sujet. Mais ce débat n’aura pas lieu, tant le paysage médiatique est animé par des professionnels de la frivolité. Quand Léa Salamé tente des critiques assez superficielles mais – avec un peu d’indulgence – recevables, Yann Moix, lui, se vautre comme à son habitude dans le commentaire mondain empreint de l’arrogance de sa situation, provoquant logiquement la colère de Mathieu Kassovitz et la mort du débat. Un triste spectacle, financé par l’État français.