En déplacement à Calais, Nicolas Sarkozy a promis de régler le problème de la « jungle ». Il a également dénoncé la « démission » de l’État et son « absence d’autorité » sur le sujet. Mais avait-il fait mieux quand il était au pouvoir ?
[...]
À l’époque où il était ministre de l’Intérieur (2002-2007), qu’avait fait Nicolas Sarkozy ? À son arrivée place Beauvau, il avait lui aussi promis de prendre le problème de la crise migratoire à bras-le-corps. Le dossier était déjà archi-sensible. La « jungle » de Calais n’existait pas encore mais le camp de réfugiés de Sangatte, si. Ouvert en 1999 sous le gouvernement Jospin, et prévu pour accueillir 800 personnes, le centre a rapidement fait face à un flot exponentiel de migrants. Il en accueillera jusqu’à 1 700. En trois ans, 70 000 personnes y transiteront.
En 2002, face à la colère de la population, à la surpopulation de Sangatte et aux tensions de plus en plus courantes entre migrants, le chef de l’État décide de démanteler totalement le centre. Une fermeture qui ne réglera rien. Le flux migratoire ne cesse pas. Et les nouveaux arrivants, toujours désireux de passer en Angleterre, viennent à nouveau s’entasser dans des conditions désastreuses sur les côtes calaisiennes. Dix ans plus tard, la « jungle » est née.
« Les Français n’ont pas vocation à être les douaniers anglais »
Nicolas Sarkozy a annoncé lors de son déplacement à Calais son intention de renégocier les accords du Touquet, signés en 2003. Ces accords prévoient un « déplacement de la frontière britannique » de Douvres (Royaume-Uni) à Calais (France). En vertu de ce décret, Paris ne peut donc pas légalement laisser les migrants traverser la Manche. Et les personnes s’étant vu refuser l’accès au territoire anglais doivent de fait rester en France.
Or ces accords ont été signés par le ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain... Nicolas Sarkozy.