Quatre importants sujets seront au menu du 25e sommet de l’Otan, qui, organisé à Chicago, les 20 et 21 mai, est le premier après l’adoption, il y a un an et demi, du nouveau concept de l’Alliance atlantique.
1- Afghanistan
Après la stratégie définie à Lisbonne, laquelle prévoit la fin de la mission de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, d’ici la fin de l’année 2014, plusieurs questions restent à préciser.
En premier lieu, il s’agira d’obtenir la réouverture des voies logistiques de la coalition passant par le Pakistan. Ces dernières ont été fermées par Islamabad suite à un incident frontalier au cours duquel 24 soldats pakistanais furent tués lors d’une frappe de l’Otan. Même s’il existe des voies alternatives, il n’en reste pas moins qu’un accord doit être trouvé dans l’optique du retrait de l’ISAF. A priori, les choses vont dans le bon sens – le président Zardari a été invité au sommet de Chicago – mais il reste encore à définir les modalités, notamment les droits de passage, qui risquent de subir une augmentation conséquente.
Deuxième point, le retrait des « troupes combattantes françaises » d’ici la fin 2012, lequel n’est pas négociable, selon le président Hollande. « Evidemment, cela ne veut pas dire que nous quittons la coalition mais que notre présence sera différente » a précisé son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
La décision de Paris pose deux questions : va-t-elle entraîner un effet domino et encourager d’autres pays de la coalition à accélérer leur retrait d’Afghanistan ? Et est-ce que l’armée afghane sera en mesure d’assurer la sécurité dans la stratégique province de Kapisa, la zone de responsabilité française ?
Ce qui est apparaît comme certain, c’est que, de toute façon, des militaires français seront encore en Afghanistan en 2013, ne serait ce que pour protéger le matériel qui restera à rapatrier (900 véhicules et 1.400 conteneurs) et pour continuer à former les militaires afghans.
Quant à en savoir le nombre, Jean-Yves Le Drian n’a pas été en mesure de le préciser. Comme il l’a déclaré, il attend que » les discussions aient lieu entre le chef d’état-major des armées (ndlr, l’amiral Guillaud) et le commandant des forces internationales en Afghanistan, le général américain John Allen en particulier pour mesurer comment ça se traduit en termes de chiffres et de positionnement géographique ». Et d’ajouter : « Ce n’est pas un scénario de rupture. »
Enfin, dernier point : le financement des forces afghanes. L’Otan doit y consacrer, annuellement, 4,1 milliards de dollars, dont une grande partie sera prise en charge par les Etats-Unis. Reste donc à trouver la différence, ce qui, sur fond de crise de la dette souveraine et de marasme économique, sera compliqué.
2- Smart Defense
La Smart Defense est un concept porté par l’Allied Command Transformation (ACT), commandé par le général français Stéphane Abrial. Etant donné, la encore, le contexte économique, chaque euro ne doit être pas gaspillé. D’où l’idée d’encourager les coopérations et la mutualisation entre les Etats membres afin de maintenir, voire d’accroître, des capacités militaires.
« En ces temps de crise, le rééquilibrage des dépenses de défense entre les nations européennes et les États-Unis est plus que jamais une nécessité. Les autres Alliés doivent réduire l’écart avec les États-Unis en se dotant de capacités qui sont considérés comme essentielles, déployables et durables, et doivent démontrer une volonté politique pour atteindre cet objectif » explique l’Otan.
Une vingtaine de propositions allant dans ce sens seront étudiées lors du sommet de Chicago. Elles concernent la formation, le transport aérien ou encore les drones, les avions ravitailleurs, les patrouilles aériennes maritimes, la logistique et la maintenance.
3- Défense antimissile
La défense antimissile fait partie du nouveau concept de l’Alliance atlantique adopté à Lisbonne en novembre 2010, après un consensus entre notamment l’Allemagne d’un côté et la France et le Royaume-Uni de l’autre, ces deux derniers souhaitant maintenir leur dissuasion nucléaire.
Alors que les questions de défense n’ont été que très peu abordées lors de la dernière campagne électorale pour l’Elysée, la défense antimissile a été l’un des rares sujets qui l’a été. Certes, il n’y a pas eu un large écho. Mais tout de même. Ainsi, pour le président Hollande, la France n’a aucune possibilité de participer industriellement à cette affaire », laquelle « met en cause l’idée même de dissuasion ».
Cependant, d’un point de vue industriel, la France peut apporter des éléments à cette défense antimissile, notamment avec ses systèmes de théâtre SAMP-T ainsi que dans le domaine de l’alerte avancée, avec le programme de satellite Spirale. Et quant à la dissuasion, le bouclier antimissile ne la remet pas en cause mais la complète.
Mais la question qui se pose est d’ordre financier. Faudra-t-il mettre de l’argent sur la table alors que le budget français de la Défense est sous tension et que d’autres priorités restent à financer ? La position de Paris sur ce dossier est attendue, car, même si le coût pour interconnecter les systèmes existants est relativement modeste (moins de 200 millions à se partager entre les Etats membres sur 10 ans), ce programme pourrait coûter entre 2 et 3 milliards d’euros, selon Antoine Bouvier, le PDG du missilier MBDA.
Quoi qu’il en soit, les Etats-Unis vont mettre à la disposition de l’Otan des destroyers AEGIS, qui seront basés en Espagne, des missiles intercepteurs en Roumanie et une base radar en Turquie.
Et, malgré l’hostilité affichée de la Russie, avec qui les négociations pour une défense antimissile commune n’ont guère avancé depuis novembre 2010, en dépit de déclarations très optimistes faites à l’époque, l’Otan devrait déclarer opérationnelle la « capacité interimaire » de ce système antimissile. Trois autres phases devront être franchies d’ici 2020.
4- Les partenariats renforcés
C’est l’une des priorités de l’Otan : renforcer ses partenariats à travers le monde, en allant au-delà de sa sphère traditionnelle d’influence. Les chefs d’Etat et de gouvernement des 22 pays participants à la mission en Afghanistan ont ainsi été invités à Chicago. Ainsi, l’Alliance entend leur proposer « un engagement plus politique et un rôle substantiel dans l’élaboration de la stratégie et des décisions sur les opérations dirigées par l’OTAN auxquelles ils contribuent. »