La Résolution 1973 des Nations Unies votée le 17 mars autorise-t-elle à pilonner Tripoli comme cela a été le cas mardi dernier ? C’est ce que se demande Alexander Cockburn, dans les colonnes du First Post.
Nous avons reçu des témoignages de répression de plusieurs pays du Moyen Orient, notamment la Syrie, le Yémen, ou l’Arabie Saoudite, étayés par des reportages épouvantables. Certains de ces reportages concernaient même Bahreïn, bien que les Etats Unis semblent avoir tout mis en œuvre pour les étouffer.
Or, en ce qui concerne la Libye, depuis le 3 mars, la Cour Pénale Internationale a été saisie sur la base d’allégations de massacres, et les rapports de l’enquête qui a été diligentée à la mi-mars ne contiennent aucune allusion à des crimes contre l’humanité, alors que cette présomption était citée dans la Résolution 1973.
Pour Alexander Cockburn, une machine de guerre s’est mise en branle sur l’instigation des Nations Unies et avec la complicité de la presse complaisante, pour éliminer Kadhafi et son régime.
Celui-ci faisait face à une insurrection armée établie à Benghazi, et pas à une manifestation pacifique demandant plus de démocratie, précise-t-il, lorsque la Résolution 1973 de l’ONU lui a signifié que ses atteintes pour mettre fin à cette insurrection justifieraient une intervention armée de l’OTAN.
Le 6 juin, le Groupe de Crise International indépendant a émis un rapport intitulé « Making Sense of Libya », affirmant carrément que l’OTAN cherchait à changer le régime, et critiquant les refus de l’OTAN à toute proposition de négociation et de cessez-le-feu. Concernant les crimes de guerre de Kadhafi aurait fait commettre, ce rapport mentionne des comptes rendus de viols commis en masse par les forces gouvernementales, mais explique en même temps que la couverture de la presse des évènements en Libye est partiale.
La presse présente les rebelles comme un mouvement totalement pacifique et a continuellement suggéré que les forces du régime ont massacré sans explication des manifestants qui ne présentaient aucun danger pour la sécurité. « Cette version semble ignorer les preuves que le mouvement rebelle a manifesté de la violence très tôt…
Il y a aussi des preuves que, comme l’affirmait le régime, des manifestations étaient infiltrées par des éléments violents. De même, on peut se poser la question concernant les rapports les plus sensationnels selon lesquels le régime utilisait sa force aérienne pour assassiner les manifestants, sans parler de s’engager dans quoi que ce soit qui justifie de loin à utiliser le terme de « génocide ».
En d’autres termes, écrit-il, le seul défi sérieux de Kadhafi est une coalition pirate des forces de l’OTAN opérant sans le moindre mandat légal international, actuellement en train de bombarder une capitale, Tripoli alors que des civils y vivent.
Ironiquement, dans le même temps, The Guardian rapporte que des journalistes étrangers à Tripoli ont été invités à l’hôpital pour voir une petite fille inconsciente de sept mois, et que leurs hôtes leur ont expliqué que la petite Nasib avait été blessée par une bombe qui avait explosé dans un champ à proximité de chez elle.
Mais un membre du personnel de l’hôpital a glissé discrètement une note à l’un d’entre eux, disant que la petite fille avait été victime d’un accident de voiture. Par la suite, les journalistes mirent en évidence qu’il y avait bien eu une tentative de manipulation de la presse par les autorités libyennes…