La France se meurt, et les Français avec elle. Expression cadenassée, chute du niveau de vie, changement de civilisation ou simples – mais complexes – impasses psychologiques : à bout, certains décident d’en finir à coup de canon scié en milieu scolaire ou de pistolet en pleine cathédrale.
Heureusement, Philippe Labro veille. Émergeant comme une pénible démangeaison dans le cocon de l’existence bourgeoise, un semi-constat vient de frapper l’écrivain-cinéaste, que son costume-cravate et le statut qu’il évoque obligent néanmoins à formuler comme une déduction ayant mobilisé toutes ses ressources intellectuelles : il y aurait un malaise en France. Bien vu, Phil !
Le double-suicide en forme de cheveux dans la soupe le pousse également vers un constat terrible : « Il n’y a plus de lieu sacré. » Se suicider, pourquoi pas, mais pas n’importe où. C’est vrai, après tout : en répartissant sa cervelle aux quatre coins de l’école ou sur les murs de la cathédrale, on aurait tout de même pu penser qu’on allait éclabousser le bureau de Philippe Labro. On attend d’ailleurs que ce dernier suggère aux socialistes et à leurs amis banquiers de construire des « salles de suicide » pour la plèbe, ce serait plus propre.
Malgré ce constat un brin dégoûté, Philippe n’est pas du genre à sombrer dans la morosité. Il faut dire qu’il a de saines lectures : le dernier livre de Jacques Séguéla, Merde à la déprime !, l’a bien aidé. Le publiciste, qui a tout compris au peuple comme chacun sait, y explique les raisons pour lesquelles les Français « ne doivent pas désespérer ». Il fournit ainsi à Philippe Labro, probablement désireux de donner du poids à ses raisonnements aériens, sa petite métaphore de conclusion, librement inspirée de l’œuvre du général de Gaulle : « Quand il a construit le Concorde, il ne pensait pas au parachute. » Autrement dit : arrêtez de penser au pire, et volez vers l’avant.
Avec des marchands de réclame comme inspirateurs de nos clercs, nul doute que nous sommes en effet sur la bonne voie. Au diable la bienveillance d’un Étienne Chouard, l’élévation spirituelle d’un Pierre Hillard, la précision d’une Marion Sigaut ou la puissance d’analyse d’un Alain Soral : à quand l’entretien du mois de Philippe Labro ?
La rédaction d’E&R