Il est probable que le Mohamed Merah n’ait pas été un tueur sorti de nulle part. On vient d’en avoir une manifestation avec le refus du Ministère de la Défense (Longuet) et du Ministère de l’Intérieur (Guéant) de voir les responsables de la DCRI interviewés par la commission d’enquête ad hoc du Sénat ; un refus qui bafoue allégrement les prérogatives de la chambre haute au nom d’un "devoir de réserve" en période électorale, aussi déplacé qu’imaginaire - mais qui s’en indigne ?
Le pouvoir et la DCRI peuvent raconter ce qu’ils (ne) veulent (pas) aux médias ; mentir en revanche devant cette Assemblée serait, pour les auteurs de fadaises, plus compliqué et beaucoup plus engageant également. Assez pour donner le goût de parler vrai.
Ce qu’on aurait sans doute ainsi découvert est que Mohamed Merah était un familier de la DCRI, qu’il lui servait d’informateur ou d’agent de seconde zone occasionnel, sans qu’il ait été, à proprement parler, un membre associé ("correspondant") des services.
On ne saura jamais le statut exact de ce monsieur, qui se balade dans cet intervalle de correspondant occasionnel à agent appointé (je n’y crois pas, vu le profil très banal avant les faits).
Très clairement, l’exposé public de ce statut de coopérant aurait été, vu les faits ultérieurs, très dommageable, et chacun aurait été vilipender des apprentis sorciers de la DCRI, qui ont bien dû lui lâcher la bride sur quelques affaires pour obtenir sa coopération, et à qui leur créature a échappé.
Sous cet angle, cette affaire ressemblerait à une bavure d’Etat aux implications sans fin. Alors il vaut mieux, de ce point de vue, que le Mohamed apparaisse comme un fou furieux radicalisé ; "auto radicalisé", pour reprendre cette expression utilisée tout au long de ce drame et qui coupait d’elle-même le bonhomme de toute lien plus problématique pour comprendre son histoire.
Si cette explication est la bonne, il faut parier qu’on verra naître des dégâts croissants ; d’ici peu apparaître des successeurs. Le prix à payer pour une manipulation non dite.
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