Quels intérêts la France peut-elle tirer de ce changement de politique ?
A long terme : aucun, et comme le court terme est miné, je ne vois pas ce que la France irait faire dans cette galère. En revanche, je vois bien à quoi tout le monde pense : au pétrole ! Début août, la compagnie américaine Chevron a accepté que Total prospecte avec elle le champ pétrolifère de Majnoun, attribué à Elf du temps de Saddam Hussein, dont les réserves sont estimées à 12 milliards de barils. La création d’un « Grand Kurdistan », englobant notamment la région de Kirkouk et le Djebel Sindjar, ferait du nouvel Etat une puissance pétrolière de première grandeur, amie de l’Occident et d’Israël.
Georges Clemenceau disait après la 1ère guerre mondiale : « Désormais, une goutte de pétrole a la valeur d’une goutte de sang ». C’est toujours d’actualité. A l’époque, Kirkouk et le Sindjar faisaient partie du wilayet de Mossoul. On s’y battait déjà pour du pétrole. Ce mois-ci, la guerre du pétrole a fait dans ces deux régions près de 650 morts et des centaines de blessés, en quatre attentats non revendiqués. Qui pourrait être assez fou pour impliquer militairement la France dans le chaos irakien ?
Si le régime change à nouveau à Bagdad, tous les contrats signés depuis l’invasion de 2003 seront annulés. On ferait mieux de relancer l’idée de Michel Barnier, quand il était ministre des AE, d’organiser une conférence internationale pour la paix en Irak, à laquelle participerait officiellement la résistance irakienne. Et pourquoi pas la tenir à Paris ?
Paru dans « 7 Jours » - Rennes (27 août 2007)
Gilles Munier est Secrétaire-général des Amitiés franco-irakiennes depuis 1986 et auteur du « Guide de l’Irak » paru chez Jean Picollec Ed. – gilmun@club-internet.fr