- L’auteur, Zheng Ruolin, est chercheur à l’Institut de la Chine de l’université de Fudan, et basé à Paris depuis plus de 20 ans.
Rarement, ces dernières années, une visite d’État n’aura suscité une telle attention mondiale de la part des cercles politiques, économiques et commerciaux, stratégiques et diplomatiques… jusqu’aux médias occidentaux. Le président français Emmanuel Macron était en Chine pendant trois jours, et ses propos sur « l’Europe [qui] a besoin d’autonomie stratégique » ont provoqué des ondes de choc qui se répercutent encore.
La France est un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, une puissance nucléaire et un pays majeur de l’Union européenne. Tout changement dans la stratégie nationale de la France serait bien sûr très préoccupant pour les principaux pays de l’Est et de l’Ouest. Le problème, cette fois, c’est que Macron s’est heurté à une attaque presque totale de l’Occident sur tous les fronts. Cela nous amène à nous demander clairement si la France, sous la présidence de Macron, modifie sa stratégie nationale globale, si elle choisit son camp entre la Chine et les États-Unis et si elle influence l’évolution future du paysage mondial.
Ma réponse est : pas nécessairement ! Néanmoins, je tiens à exprimer mon soutien au président Macron.
Une visite réussie en Chine, un changement pour Macron
L’attention et l’accueil extrêmement chaleureux que la Chine a réservé à la visite d’État du président Macron ont, je crois, laissé une trace profonde dans la mémoire de ce dernier. L’importance et l’hospitalité extrêmes dont la partie chinoise a fait preuve à l’égard du président français, ce qui est très rare ces dernières années pour la Chine lorsqu’elle reçoit un chef d’État étranger, ont été très bien couvertes par les médias nationaux et étrangers et ne seront pas répétées ici.
En particulier, la rencontre du président Xi Jinping à Pékin a été suivie d’une visite à Guangzhou, où il a invité le président Macron à profiter de la « Haute montagne et de l’eau qui coule » afin de faire passer le message de l’établissement d’une relation d’« âme sœur », ce que le président Macron a, je pense, déjà compris. C’est presque comme si Macron avait reçu le même statut historique que le général de Gaulle - qui n’a pas pu visiter la Chine, mais il est bien connu que s’il avait pu venir en Chine de son vivant, le dirigeant français, qui a été le premier pays occidental à établir des relations diplomatiques complètes avec la Chine, aurait été traité avec la plus grande courtoisie par la Chine. Le traitement que Macron reçoit aujourd’hui est presque un « replay » d’un événement qui n’a pas eu lieu dans l’histoire.
Les sentiments de Macron sur "vive l’amitié franco-chinoise", ses tweets durant le vol de retour, ses interviews avec les journalistes et certaines conversations privées (comme son entretien privé avec le journaliste français Pierre Haski – avec qui j’ai eu une longue relation lorsque j’étais journaliste résident en France), reflètent l’impact profond de sa visite en Chine.
Outre le protocole, la Chine a également offert à la France d’énormes avantages pratiques, notamment une série de contrats et d’accords qui ont également donné au président français de quoi réfléchir.
La question de l’Ukraine est bien sûr plus importante. Du point de vue français, le contexte historique de la visite d’État de M. Macron est certainement un contexte dans lequel l’Europe et la Chine ont leur propre agenda (même si c’est Washington qui est le plus anxieux). Les deux parties étudient et explorent leurs positions respectives sur les domaines et les sujets qui les préoccupent.
L’Europe veut résoudre le conflit en Ukraine, reconstruire la paix en Europe, renforcer la voix de l’UE, réduire le déficit commercial entre l’Europe et la Chine et améliorer les relations entre l’Europe et la Chine…Dans le même temps, l’Europe considère que la Chine est davantage préoccupée par un conflit à part entière avec les États-Unis, et en particulier par le futur point central du conflit, Taïwan.
Dans ce contexte, Macron souhaite que la Chine convainque la Russie de faire marche arrière sur l’Ukraine en temps voulu. Macron avait compris avant son voyage que la Chine, qui avait conduit l’Iran et l’Arabie Saoudite à faire la paix à Pékin, pourrait certainement jouer un rôle important dans la guerre russo-ukrainienne – un rôle de paix. Macron espérait donc pousser la Chine à faire quelque chose sur la question russo-ukrainienne.
Bien que la Chine n’ait pas fait de « concessions » substantielles, elle est certainement disposée à jouer un rôle d’« intermédiaire » entre la Russie et l’Ukraine. En particulier, selon les informations confiées par M. Haski, dans l’avion qui le ramenait en France, M. Macron lui aurait révélé en privé que le président chinois lui avait dit que « la guerre en Ukraine n’est pas la guerre de la Chine ». Macron en a conclu que les Chinois ne fourniraient donc pas d’armes à la Russie, et il pense donc être parvenu à l’accord qu’il souhaitait avec les Chinois.
Tous ces facteurs ont conduit Macron à penser que l’Europe a encore assez de poids pour pouvoir rester ferme dans les oppositions et les conflits entre les États-Unis et la Chine, c’est-à-dire « ne pas être trop clairement du côté des États-Unis » ; Macron a donc souligné à plusieurs reprises que l’UE devrait avoir sa propre « autonomie stratégique ». "L’UE pourrait même devenir le « troisième pôle » dans la confrontation entre les États-Unis et la Chine.
Fort du soutien de la Chine, le souhait de Macron est très clair : à l’intérieur, unir les pays de l’UE et les rassembler autour de l’axe franco-allemand pour établir l’autonomie stratégique de l’UE dans le monde futur ; à l’extérieur, se débarrasser du rôle de l’UE en tant que serviteur des États-Unis et renforcer les relations avec la Chine pour faire de l’UE un pôle dans la confrontation tripartite des États-Unis, de la Chine et de l’Europe. Dans son discours aux Pays-Bas, M. Macron a en outre souligné la nécessité pour l’Europe d’avoir « la capacité de choisir ses partenaires de manière indépendante et autonome » et de « prendre le destin de l’Europe en main » (peut-on entendre ce qu’impliquent ces propos ?).
- Le 12 avril, le président français Macron s’est rendu aux Pays-Bas pour continuer à mettre l’accent sur l’autonomie stratégique de l’Europe. Ici photographié avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte
Il faut dire que Macron ne s’est pas trompé : c’est exactement ce que la Chine veut que la France fasse. La Chine réfléchit bien sûr à la manière de pousser Macron à percer le front occidental anti-Chine dirigé par les États-Unis, en particulier sur la question de Taïwan. Si nous ajoutons à cela le soutien clair de la France à la Ceinture et la Route [nouvelles routes de la soie, NDLR] dans la déclaration commune entre les deux pays, cela suggère que l’accueil du président Macron par la Chine a été un grand succès diplomatique.
Mais la question se pose immédiatement de savoir si les actions du président Macron obtiendront le soutien total de la France, voire de l’Union européenne, et comment les États-Unis réagiront.
Mais la question se pose de savoir si les actions du président Macron obtiendront le soutien total de la France, voire de l’Union européenne, et comment les États-Unis réagiront.
Qui est contre Macron ?
Comme prévu, cette déclaration du président Macron a commencé à faire l’objet de vives attaques avant même son retour en Europe. Les attaques sont venues d’abord des médias européens et américains, puis de l’establishment politique américain. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que la polémique qui a éclaté autour de la visite du président Macron en Chine est très révélatrice.
À l’origine, M. Macron s’est montré très prudent avant sa visite en Chine. Non seulement il a insisté pour inviter la présidente de la Commission européenne, Mme von der Leyen, à l’accompagner afin de montrer son respect pour l’Union européenne elle-même et la cohérence de la politique de l’UE à l’égard de la Chine, mais il a également passé un appel téléphonique spécial au président américain Joe Biden avant son voyage, plein de déférence. Il est évident que M. Macron avait des doutes et des inquiétudes avant d’arriver en Chine.
Cependant, l’hospitalité chinoise, en particulier la franchise et la sincérité de la Chine et les échanges en tête-à-tête entre les deux chefs d’État, l’ont rendu plus affectueux et l’ont encouragé à adopter une attitude plus positive à l’égard de la Chine. Dans un sens, Macron a fait un geste qui est soutenu et apprécié par la partie chinoise sur la question de Taïwan et sur la question des relations entre l’Europe et les États-Unis.
C’est ce qui ressort des interviews de Mme von der Leyen et de M. Macron pendant et à la fin de leur visite en Chine, réalisées par l’édition européenne du site d’information politique américain Politico.
Selon l’édition européenne de Politico, Mme von der Leyen a affirmé qu’elle avait insisté pour souligner auprès de la partie chinoise que l’Europe « n’accepte pas de modifier par la force le statu quo dans le détroit de Taïwan » ; Politico Europe a rapporté l’entretien avec M. Macron dans un autre article. Il est probable que la déclaration de M. Macron ait clairement contrarié le site web, qui a donc souligné à plusieurs reprises que « le palais de l’Élysée a insisté pour censurer et "relire" l’article sur l’interview de M. Macron comme condition à l’acceptation de l’interview par le président français » ; Politico Europe a accepté et précise sur son site web que « toutes les phrases citées dans l’article sont des paroles (de Macron), mais les parties de l’interview dans lesquelles le Président parle plus directement de Taïwan et de l’autonomie stratégique de l’Europe ont été supprimées par le palais de l’Élysée… »
Pourquoi cette suppression ? Parce que Macron est allé si loin sur la question de l’autonomie stratégique de Taïwan et de l’Europe que la partie française se rend compte qu’elle suscitera le ressentiment de Washington et des forces pro-américaines en Europe.
En ce qui concerne les relations avec les deux superpuissances, M. Macron a clairement indiqué que, bien que l’Europe soit un allié des États-Unis, « être un allié ne signifie pas être un vassal » ; « cela ne signifie pas que l’Union européenne n’a pas le droit de penser par elle-même » ; et qu’à l’heure où le conflit entre les États-Unis et la Chine devient de plus en plus aigu, l’Europe devrait renforcer son « autonomie stratégique ». L’Europe devrait renforcer son « autonomie stratégique » plutôt que de devenir un serviteur ou un suiveur des États-Unis.
Selon le journal français Les Échos, M. Macron a déclaré dans une interview accordée lors de son vol de retour que « si le conflit entre les deux superpuissances s’intensifie, nous n’aurons ni le temps ni les moyens d’accroître notre autonomie stratégique. Nous deviendrons subordonnés ». Ainsi, Macron a déclaré que l’Europe doit être unie et que l’UE doit avoir ses propres intérêts et aspirations.
- Sur la question de Taïwan, la position de Macron est apparue encore plus nettement
Un autre événement qui s’est déroulé presque en même temps que la visite de M. Macron en Chine était, bien sûr, la farce en cours entre Taïwan et les États-Unis (c’est-à-dire la rencontre entre Tsai Ing-wen et le président de la Chambre des représentants des États-Unis, M. McCarthy). Macron a clairement indiqué que la « réunion Tsai-McCarthy » était une provocation (selon un diplomate français de haut rang qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat). Macron a en fait accepté, ou du moins acquiescé, au point de vue et à la position de la Chine.
Toujours selon Les Échos, Macron a déclaré : « La question à laquelle les Européens doivent répondre est de savoir s’il est dans notre intérêt que la crise à Taïwan s’intensifie. La réponse est non. » « En tant qu’Européens, nous sommes soucieux de notre unité. Et les Chinois sont également soucieux de leur unité, et de leur point de vue, Taïwan fait partie intégrante de leur unité (celle de la Chine). »
Sur ce point, il faut rendre hommage aux Français, qui ont une tradition d’« indépendance ». Cette tradition d’« indépendance » française s’est manifestée lorsque le président français Charles de Gaulle a reconnu la Chine et lorsque le président Chirac s’est joint à l’Allemagne et à la Russie à l’ONU pour s’opposer fermement à l’invasion de l’Irak par Bush Jr. sous prétexte d’« armes de destruction massive »… Cette « indépendance » semble à l’œuvre aujourd’hui. Cette « indépendance » semble encore aujourd’hui démontrée avec ténacité par le président Macron : la France préfère être « autonome » plutôt qu’un État « serviteur » ou « suiveur » des États-Unis.
Alors, bien sûr, les forces qui ne veulent pas que la France soit « autonome » se sont immédiatement précipitées contre Macron parce qu’il commençait à se transformer en un dirigeant occidental qui entraverait leurs efforts pour contenir et combattre la Chine.
Comme je l’ai souligné à maintes reprises dans de nombreux articles, l’État occidental « démocratiquement élu » est constitué de trois grandes structures de pouvoir (capital, pouvoir et médias). Le « pouvoir du capital », composé du « capital financier transnational » et du « capital industriel national », domine d’une main le régime des principaux « systèmes démocratiquement élus » occidentaux et contrôle de l’autre les médias ; et contrôle de l’autre les médias. Il dirige en fait le monde.
La Chine et la Russie, qui ont jusqu’à présent résisté à leur domination, sont devenues les deux puissances qu’ils veulent détruire. Le « pouvoir du capital » en Occident a voulu diviser la Chine et la Russie et affaiblir leur résistance à la domination occidentale à travers la visite de Macron en Chine.
Un universitaire français a fait part de son jugement sur la visite de Macron en Chine. Selon lui, le sous-texte de la visite d’un dirigeant dans un autre pays est de diviser ses opposants. Pour Macron, la tâche de sa visite en Chine est donc premièrement de diviser la Chine et la Russie, et de demander à la Chine d’abandonner son soutien à la Russie ; et deuxièmement de diviser la Chine elle-même, parce qu’il y a deux Chine, l’une du gouvernement central et l’autre du secteur privé (les « forces d’opposition » en Chine, bien sûr), des gouvernements locaux (Shanghai, par exemple, a des liens plus étroits et distincts avec l’Occident en raison de son haut degré d’intégration économique) et la Chine « pro-occidentale » de la jeune génération. Macron était censé avoir froidement écrasé et affaibli l’ancienne Chine du gouvernement central en faveur de la Chine du secteur privé, des autorités locales et de la jeunesse pro-occidentale.
Ce à quoi ils ne s’attendaient pas, c’est que Macron n’agisse pas comme ils l’espéraient, mais qu’il fasse au contraire une déclaration qui les décevrait. En conséquence, Macron a offensé les principaux groupes dirigeant occidentaux et les trois principales puissances aux États-Unis – du capital au pouvoir en passant par les médias – et en Europe – du capital aux médias (à l’exception du gouvernement français dirigé par Macron) – se sont presque unanimement rangées contre Macron.
Cette vague d’opposition au président français Macron a impliqué la quasi-totalité des forces politiques des pays occidentaux « démocratiquement élus » ! Presque toutes les forces politiques, économiques et médiatiques de l’Occident sont contre Macron ! La pression exercée sur Macron est vraiment inimaginable.
Macron : une marque dans l’histoire
La principale composante du pouvoir dans les États occidentaux « démocratiquement élus », le « capital », est elle-même constituée de deux forces majeures : le « capital industriel national » et la « finance transnationale ». Aux États-Unis, ces deux forces sont représentées par les deux grands partis représentés par Trump et Biden, tandis qu’en Europe, et en France en particulier, elles sont principalement représentées par Macron et son parti au pouvoir, ainsi que par l’extrême droite de Le Pen et le parti Rassemblement national dans l’opposition, et l’extrême gauche de Mélenchon et le parti La France insoumise.
La France de Macron est, bien sûr, le représentant des intérêts du « capital financier transnational », il est donc logique que son pays soutienne l’Ukraine et s’oppose à la Russie. Un moyen important de s’opposer à la Russie est de brouiller les relations de la Chine avec la Russie et, en particulier, d’empêcher la Chine de fournir un soutien en armes à la Russie. Et le seul atout pour empêcher la Chine de le faire est la carte de Taïwan. Or, Macron considère la « rencontre Tsai-Mai » comme une provocation ! La France « soutient la politique d’une seule Chine et recherche une solution pacifique à la situation »… Pourquoi Macron a-t-il porté un tel jugement et prend-il une telle décision ?
Parce que Macron est entré dans une période de « pensée alternative », une période de réflexion plus intense sur « l’histoire ». Parce qu’il n’a plus le fardeau d’être réélu et qu’il réfléchit maintenant à la manière d’établir sa place dans l’histoire. C’est le souhait commun de presque tous les dirigeants élus dans les « pays démocratiquement élus » au cours de leur dernier mandat.
Dans les pays occidentaux « démocratiquement élus », la motivation la plus fondamentale d’un homme politique est l’élection. C’est l’élection qui lui permet d’accéder à la présidence. Ce qui détermine le résultat d’une élection, c’est l’argent (c’est-à-dire le pouvoir du « capital ») et les médias (un autre pouvoir qui influence la destination des votes dans les mains des électeurs).
Si un politicien occidental veut gagner une élection, il doit gagner de l’argent pour le « capital » et obtenir le soutien des « médias », qui sont les facteurs les plus fondamentaux pour déterminer la carrière d’un politicien. C’est pourquoi les hommes politiques du « système élu » sont des « canards boiteux ». Lorsque le « capital » et les « médias » occidentaux sont dans le camp « anti-Chine », il est presque impossible pour un homme politique de ne pas être anti-Chine. Telle est la situation actuelle des hommes politiques américains et européens dans leurs relations avec la Chine. À quelques rares exceptions près, comme le candidat d’extrême gauche à l’élection présidentielle française Jean-Luc Mélenchon, qui soutient fermement la souveraineté de la Chine sur Taïwan, mais qui n’a jamais pu être élu pour cette raison.
Mais Macron est en train de devenir une nouvelle « exception ». La constitution française stipule que le président français ne peut effectuer que deux mandats. Macron n’est donc plus un président « boiteux ». Il n’a plus besoin de regarder les deux autres pouvoirs pour décider d’appliquer ou non une décision. À ce stade, un grand homme politique réfléchit souvent au type d’héritage qu’il peut laisser à son pays, et à sa marque dans l’histoire.
Il est clair que Macron réfléchit aujourd’hui à la manière de renforcer l’« autonomie stratégique » de l’UE, de renforcer la voix et la position de l’UE dans le monde sous le contrôle des États-Unis, et de maintenir la France et l’UE en tant que « pôle indépendant » dans le monde, avec le soutien de la Chine. Comment la France et l’UE peuvent-elles rester un « pôle indépendant » dans le monde avec le soutien de la Chine ?
Après l’expansion de l’OTAN à l’est, qui a menacé la Russie et déclenché la guerre russo-ukrainienne, et après que l’UE a été contrainte d’entrer dans le conflit sous la pression des États-Unis, il est clair que le président Macron a compris que l’avenir de l’UE sans autonomie stratégique est sombre et dangereux.
Aujourd’hui, les États-Unis utilisent à nouveau les mêmes vieilles tactiques sur Taïwan, en essayant de provoquer la Chine et de l’attirer dans le piège d’un conflit armé dans le détroit de Taïwan par des moyens non pacifiques, afin d’empêcher la Chine de se développer davantage. Dans le même temps, les États-Unis n’ont pas oublié d’entraîner dans leur sillage l’Union européenne et une série de pays tels que le Japon.
Dans ce contexte, Macron, qui vient de parvenir à un consensus et à un accord tacite avec le dirigeant chinois, n’est manifestement pas disposé à tomber dans le piège tendu par les États-Unis et le bloc dirigeant mondial. C’est, à mon avis, la cause profonde de cette tempête diplomatique qui s’est formée autour du président Macron ces derniers jours.
Historiquement, le président français Charles de Gaulle, qui a été le premier à reconnaître la Chine en 1964 et s’est retiré [du commandement intégré] de l’OTAN en 1966 dans une démonstration complète de « diplomatie indépendante », a été rapidement frappé par la tempête de Mai 1968 et contraint de démissionner après l’échec d’un référendum. Le président Macron est encore loin de prendre des décisions politiques stratégiques comme celles du général de Gaulle. Il n’en donne aujourd’hui que des aperçus. C’est tout.
Mais si le président Macron continue à n’en faire qu’à sa tête, ignorant les États-Unis et les autres puissances des pays occidentaux « démocratiquement élus » que sont le « capital » et les « médias », il pourra poser les jalons de l’avenir de la France et de l’Union européenne. Qu’en est-il de l’autonomie stratégique tracée pour l’avenir de la France et pour l’histoire de l’Union européenne ? Connaîtra-t-il un sort semblable à celui du général de Gaulle ? Je ne sais pas.