Sept associations antiracistes françaises sont convenues samedi de former un front plus uni contre le racisme qui, selon elles, gagne du terrain sans que la classe politique et les médias soient suffisamment vigilants à ce sujet.
"Il s’est passé quelque chose aujourd’hui et c’est important car il y a le feu à la maison", a déclaré Alain Jakubowicz (photo ci-dessus) le président de la Licra (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme), à l’initiative de ce regroupement inédit à l’occasion des universités d’automne de son association qui se tiennent chaque année au Havre (Seine-Maritime).
Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), s’est inquiété d’une certaine libération de la parole politique et du fait que "le racisme est devenu plus diffus, plus culturel" qu’il y a une trentaine d’années. "On assiste à une racialisation de la pensée et du discours politique", a-t-il dénoncé.
Cette libération du discours politique est montée en puissance lors du débat sur l’identité nationale voulu par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. "On a ouvert la boîte de Pandore", a lancé M. Jakubowicz.
Pierre Mairat, président du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), a rappelé les actions en justice engagées par son organisation au cours du précédent quinquennat contre les ministres de l’Intérieur Brice Hortefeux et Claude Guéant pour propos racistes.
Il a demandé aux autres organisations de se joindre au Mrap pour porter plainte contre les propos tenus par l’actuel locataire de la place Beauvau, Manuel Valls, auprès de la Cour de justice de la République, pour ses propos sur les Roms auxquels ce dernier a prêté une volonté de ne pas s’intégrer à la société française.
Si certains propos de la classe politique ont été dénoncés, le rôle des médias n’a pas été épargné non plus. M. Jakubowicz a stigmatisé "le populisme envahissant qu’ils véhiculent, selon lui. "On fait comme si écouter le peuple, c’était forcément lui tendre un micro pour cracher sa haine", a-t-il affirmé.
Abordant la question du Front National et du second tour de la cantonale partielle de Brignoles (Var) que le parti de Marine Le Pen pourrait remporter, la présidente de SOS Racisme, Cindy Leoni, a appelé les médias à "ne pas se laisser aller dans les commentaires" sur une éventuelle forte poussée du FN aux prochaines élections municipales et européennes de 2014.
Selon elle, les mondes médiatique et politique "ne sont pas à la hauteur dans leur façon d’aborder la problématique" du FN qui est, a-t-elle affirmé, non seulement "un parti d’extrême droite" mais qui est devenu "la boussole" de toute l’extrême-droite française.