Les ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International mènent une sorte de guerre publicitaire contre les gouvernements qui ne sont pas amis des États-Unis, et maintenant c’est le cas des Philippines, explique le journaliste Patrick Henningsen.
RT : Pensez-vous qu’après s’être assigné le terrorisme comme nouvelle cible, Rodrigo Duterte aura un grand soutien international car sa sa guerre contre la drogue avait été condamnée par beaucoup et jugée trop brutale ?
Patrick Henningsen (P. H.) : Ce président est déjà minutieusement scruté par la communauté internationale, et surtout par les États-Unis. Il s’est fâché plusieurs fois avec Washington. Il se trouve donc dans une position délicate parce qu’il est déjà quelque peu diabolisé pour son approche ferme des problèmes posés par le crime organisé et le commerce de la drogue aux Philippines. Il sera donc comparé à Ferdinand Marcos. C’est un peu une question de relations publiques pour ce président et ce gouvernement. Il faudra la régler.
En fin de compte, il est exactement dans la même situation que celle dans laquelle s’est trouvé Bachar el-Assad en Syrie lorsque les terroristes ont pris le contrôle du pays. Il doit trouver un équilibre pour les relations politiques – n’a-t-il pas la main trop lourde ? Beaucoup de gens diraient, en regardant l’exemple de la Syrie, qu’on ne peut pas avoir la main trop lourde quand il s’agit de combattre Daech. Nous allons donc voir s’il parviendra à faire des progrès sur l’île dans les semaines à venir.
Étant donné que le terrorisme se répand dans le monde, ne pensez-vous pas que des mesures sévères comme celles de Duterte s’imposent ?
Je reviens juste de Syrie où nous avons effectué une mission d’enquête pendant un mois. Si on devait critiquer le président Assad, surtout en ce qui concerne le début de 2011-2012, au tout début de la crise en Syrie, ce serait plutôt pour le fait qu’il n’a pas eu la main assez lourde. On peut regarder la situation en Syrie, ce que fait Rodrigo Duterte et prendre une position plus ferme, parce que si la question échappe à tout contrôle, si on perd des villes, des provinces, des gouvernorats dont s’emparent les terroristes, vous avez un gros problème. Il y a aussi cette question de l’équipement militaire. Les autorités sont-elles prêtes à faire face à un problème de cette envergure ? Probablement pas. Et même si elles l’étaient, elles devront être capables de réarmer et de moderniser certains aspects de leurs forces, une chose pour laquelle ils peuvent être prêts ou non. Du coup, adopter une approche ferme, être fort au début semble une belle option, si on regarde ce qui s’est passé en Syrie au cours des six dernières années.
Human Rights Watch a déjà demandé à Rodrigo Duterte de faire en sorte que les droits des civils soient protégés, conformément à la loi. Pensez-vous que cette ONG soit subjective ? Ferait-elle de même avec d’autres pays ?
Human Rights Watch adopte la même tactique avec le gouvernement syrien et le président Assad depuis six ans. Là, il s’agit des Philippines, l’ennemi géopolitique actuel des États-Unis, de l’Occident. Le pays reçoit le même traitement de la part des ONG, dirigées par des organisations comme Human Rights Watch et Amnesty International, qui se mettent ensuite à mener une sorte de guerre publicitaire contre les gouvernements qui ne sont peut-être pas amis des États-Unis.
C’est certainement ce que nous avons vu en Syrie. Quelqu’un lance Daech, si c’est vraiment Daech, aux Philippines. Ensuite, le gouvernement est obligé d’adopter une approche ferme, déclarer la loi martiale et ensuite les organisations internationales se mettent à diaboliser ce gouvernement. C’est donc la même formule que celle qui a été utilisée en Syrie, mais à une envergure plus faible. Au fond, nous avons la même dynamique, surtout une mauvaise publicité faite aux gouvernement philippin, tout comme en Syrie.