« Le FN peut conduire à la guerre civile » a déclaré Manuel Valls sur France Inter. Pour Périco Légasse, le Premier ministre n’est pas habilité à donner des « leçons de morale ».
Périco Légasse est rédacteur en chef de la rubrique vin et gastronomie à l’hebdomadaire Marianne.
Le Figaro : Manuel Valls a parlé ce matin de guerre civile ?
Périco Légasse : Un peu facile de crier au loup pour sauver les meubles et de prédire le pire pour remonter dans les sondages. Faire peur, en appeler à la panique nationale, quitte à mentir un peu et à trahir beaucoup, pour détourner la colère populaire, c’est la base même du fascisme. Quelle est la politique qui peut aujourd’hui conduire à la guerre civile ? Qui est au pouvoir depuis 40 ans en général et 4 ans en particulier et nous a conduit à la situation actuelle ? Qui s’est essuyé les pieds sur le référendum de 2005 quand 55% des Français avaient voté non à un traité constitutionnel mettant l’Europe sous l’emprise de Goldman Sachs et des marchés financiers dirigés depuis Wall Street ? Qui a réduit l’école de la République à une machine à fabriquer des analphabètes ? Qui a maintenu la suppression du service national pour que l’on ne mesure pas concrètement le niveau d’ignorance de la jeunesse ? Qui a éradiqué la classe paysanne en laissant un syndicat agricole transformer nos campagnes en usines ? Qui a installé sur tout le territoire des cités ghettos où l’en entasse l’immigré pour qu’il ne s’émancipe pas et devienne de la main d’oeuvre bon marché pour le patronat ? Qui a autorisé les grandes surfaces à coloniser les grandes agglomérations et à s’emparer de 90% du marché de la consommation en étranglant les petits producteurs et les artisans créateurs d’emploi ? Qui a autorisé la grande distribution à s’installer dans les centre ville, avec la bénédiction de M. Macron, pour éradiquer les derniers commerces de proximité ?
On ne peut pas imputer tous ces échecs au seul premier ministre !
Qui avait dans ses rangs Jérôme Cahuzac au ministère du Budget ? Qui appelle à voter pour les amis de Patrick Balkany et consorts au prix de la démission de ses militants ? Qui fut si proche de Dominique Strauss-Kahn en fermant, des années durant, les yeux et les oreilles sur des comportements indignes ? Qui a supprimé les 60.000 places de prison qui devaient permettre à une population carcérale d’avoir des conditions moins inhumaines de détention pour ne pas transformer les cellules en école du crime ? Qui a applaudi l’intervention en Libye avec les intellectuels de gauche pour faire de ce pays le futur État islamique de l’Afrique du Nord ?