Emboîtant le pas à la Grande-Bretagne, les Etats-Unis s’apprêtaient lundi à annoncer de nouvelles mesures pour augmenter la pression contre l’Iran, dont le programme nucléaire inquiète de plus en plus la communauté internationale.
Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner et la secrétaire d’Etat Hillary Clinton devaient dévoiler ces mesures à Washington lors d’une conférence de presse commune prévue pour 16H30 (21H30 GMT).
Londres a annoncé lundi une rupture de tous les liens existant entre le secteur financier britannique et les banques d’Iran, y compris la banque centrale du pays.
Cette décision a été coordonnée avec nos partenaires les plus importants au niveau international, a assuré le ministre des Affaires étrangères William Hague dans un communiqué.
Washington est satisfait de l’annonce britannique, lui a fait écho Victoria Nuland, porte-parole de la diplomatie américaine : C’est la bonne réponse aux inquiétudes internationales et à la poursuite de la mauvaise volonté affichée par la République islamique face aux demandes de transparence sur son programme nucléaire.
Les Etats-Unis interdisent pratiquement tout commerce avec l’Iran à leurs entreprises et ressortissants. Les autorités ont indiqué récemment qu’elles envisageaient des mesures supplémentaires contre la banque centrale iranienne.
La France, qui avait plaidé pour des sanctions sans précédent, a tenu parole lundi en proposant à ses partenaires de geler dès à présent les avoirs de la banque centrale et d’interrompre les achats de pétrole iraniens.
Selon une source gouvernementale américaine, Washington devrait cependant n’annoncer aucune sanction spécifique contre la banque centrale, tout en la désignant comme une source d’inquiétude majeure en matière de blanchiment.
De même source, il s’agirait là d’un avertissement aux autres pays sur le fait que leurs entreprises pourraient s’exposer à des sanctions futures aux Etats-Unis s’ils ne rompent pas leurs liens avec la banque centrale iranienne.
Selon Washington, celle-ci sert d’intermédiaire pour le règlement d’exportations de pétrole iranien vers de nombreux pays, notamment européens.
En octobre, le sénateur démocrate Robert Menendez avait rappelé que les pays européens peuvent acheter du pétrole iranien, le raffiner et l’exporter aux Etats-Unis en toute légalité et avait plaidé pour des mesures qui forceraient les Européens à se détourner du brut iranien, sans avoir à décréter un embargo qui bénéficierait à l’Iran en faisant monter les prix.
A défaut d’annoncer des mesures spéciales contre la banque centrale iranienne, M. Geithner et Mme Clinton devraient annoncer un gel visant les actifs potentiels aux Etats-Unis de dizaines d’entreprises iraniennes soupçonnées de contribuer au programme nucléaire de Téhéran.
Les progrès du programme nucléaire iranien inquiètent de plus en plus la communauté internationale, en particulier les Occidentaux, qui accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique. Téhéran s’en défend, affirmant que le pays cherche simplement à développer l’électricité d’origine nucléaire.
Emanation des Nations unies, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a remis début novembre à ses membres un rapport dans lequel elle s’inquiète d’une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien.
Vendredi, le conseil des gouverneurs de l’AIEA a voté une résolution exprimant sa préoccupation profonde et croissante, mais sans fixer date butoir pour que l’Iran apporte une réponse satisfaisante sur les zones d’ombre révélées par le rapport.
Selon une source gouvernementale, le Canada s’apprêtait lui aussi à annoncer de nouvelles sanctions lundi.