« Les jeunes n’ont pas fini de se faire... » C’est avec ce slogan que les sections Jeunes des partis de gauche genevois font campagne depuis quelques semaines contre la révision de la loi sur l’assurance chômage. Problème : l’image illustrant ce propos suscite l’ire de certains membres de la communauté juive. En cause, le visage d’un banquier menaçant, situé derrière un petit jeune – rappelant l’allusion à la sodomie contenue dans le slogan.
Pour Alain Bruno Lévy, de l’organisation de lutte contre l’antisémitisme CICAD, c’est clair : les traits du capitaliste au cigare rappellent les « stéréotypes antisémites des années 1930 ». L’avocat estime qu’il s’agit d’une maladresse des auteurs de la campagne. La réponse de ces derniers ? Qu’il faut « chercher loin » pour trouver de l’antisémitisme dans leur affiche. « On m’a dit une fois que le banquier représentait un Israélien et que le jeune était un Palestinien, raconte le président des Jeunes socialistes genevois, Romain de Sainte-Marie. Cela m’avait surpris, car nous sommes toujours restés neutres sur ce dossier. »
« Il y a une fusion entre deux traditions, tranche Luc Van Dongen, historien spécialiste du nazisme. L’une de gauche, où le banquier apparaît gras, replet et suffisant, l’autre d’extrême droite, où, en tant que Juif, il est représenté avec des lèvres charnues, un nez courbé. Dans le cas présent, le teint du personnage me frappe particulièrement : il est gris. Les nazis représentaient ainsi le Juif, assimilé au Slave, au « judéo-bolchévique. »