Mardi 28 août, Madame Thereza May, Premier ministre britannique, a débuté une tournée africaine qui devait la conduire en Afrique du Sud, au Nigeria et au Kenya. Trois pays qui furent, en leur temps, les trois points d’appui de la politique coloniale anglaise au sud du Sahara.
Si l’Afrique ne compte pas pour l’économie britannique, le continent dans son ensemble représentant environ à peine 3 % des exportations et des importations britanniques – dont plus de 50 % avec deux pays, l’île Maurice et l’Afrique du Sud –, un tel voyage s’explique dans le contexte du Brexit. Londres cherche en effet à s’ouvrir de nouveaux marchés et de nouveaux débouchés en opérant un retour à ses fondamentaux historiques.
Le pays est d’autant plus fondé à le faire qu’il n’existe pas de contentieux majeur avec l’Afrique car, l’habilité des dirigeants britanniques fut d’avoir décolonisé avant même que la demande leur en soit faite. Puis, une fois la décolonisation opérée, de tourner définitivement la page. Voilà pourquoi nul ne fait à la Grande-Bretagne le reproche d’avoir prolongé la période coloniale à travers une « françafrique » au demeurant largement fantasmée.
Jacques Berque avait parfaitement résumé l’originalité britannique d’une phrase :
« Dans l’entreprise impériale anglaise, j’admire profondément le sens du mouvement, et plus encore que le crescendo, le génie du decrescendo, du pouvoir absolu au départ absolu. Admirable dextérité. »
Et pourtant, en 1940, l’empire colonial africain britannique s’étendait en Afrique de l’Ouest (Gold Coast – l’actuel Ghana –, Sierra Leone, Nigeria et Gambie, plus une partie du Togo et du Cameroun) ; en Afrique de l’Est (Kenya, Uganda, Zanzibar, plus l’ancien Tanganyika allemand sur lequel elle exerçait une Tutelle) ; en Afrique australe (Nyassaland, - l’actuel Malawi -, Rhodésie du Nord – l’actuelle Zambie –, Rhodésie du Sud, l’actuel Zimbabwe, plus les protectorats du Bechuanaland – l’actuel Botswana –, du Basutoland – l’actuel Lesotho – et du Swaziland). La Grande-Bretagne exerçait également sa souveraineté sur le Soudan-anglo-égyptien.
Mais, à partir de 1942, la difficile situation des armées britanniques face aux Japonais obligea Londres à demander de plus fortes contributions à ses colonies africaines. En échange, d’importantes réformes y furent introduites, notamment au Nigeria et en Gold Coast.
La politique britannique de décolonisation fut ensuite très différente de celle suivie par la France. Londres ayant admis très tôt que le mouvement des indépendances était inéluctable, il lui importait donc de ne pas se laisser acculer à des situations conflictuelles, tout en organisant la transition au mieux de ses intérêts. De plus, et encore à la différence de la France, il y eut en Grande-Bretagne un consensus de toute la classe politique.
Les indépendances furent donc acquises sans heurts, sans ruptures majeures et au terme d’une évolution constitutionnelle contrôlée de bout en bout. Les seules exceptions furent le Kenya où, en 1952, éclata la révolte des Mau-Mau, et la Rhodésie du Sud où la minorité blanche proclama unilatéralement son indépendance en novembre 1965.