french.irib.ir – Monsieur Alain Soral, vous êtes sociologue français, président d’Égalité et Réconciliation. Je vous remercie infiniment d’avoir eu la gentillesse d’accorder cet entretien à la radio francophone iranienne. Monsieur Soral, le torchon brûle entre la Turquie et la Syrie. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dans un discours devant le Parlement, n’a pas mâché ses mots pour s’en prendre au président syrien. L’OTAN a tenu une réunion. Le secrétaire général de l’OTAN dit être aux côtés de la Turquie. Dans le même temps selon certaines informations qui restent à confirmer, les unités spéciales britanniques ont su entrer sur le territoire syrien. Quelle analyse portez-vous vraiment sur une telle situation ?
Alain Soral – Je fais toujours la même analyse. C’est que visiblement les pays intéressés par la domination impériale font tout pour faire tomber le régime syrien. Et notamment visiblement, sur le plan diplomatique, c’est la France qui est en pointe. Et sur le plan militaire, il semblerait maintenant que ce soit la Turquie, puisque l’histoire de l’avion ressemble quand même beaucoup à une provocation dans le but de générer une escalade, et de passer finalement d’un conflit de rebelles à un conflit de type classique. Donc c’est assez inquiétant puisque comme je le dis, si on s’intéresse aux prophéties, notamment coraniques, il semblerait que la Troisième Guerre mondiale – alors ce qu’on peut appeler l’Armageddon – commencerait pour la prise de Damas.
french.irib.ir – Alors vous dites qu’il s’agissait d’un acte de provocation.
Alain Soral – Ça y ressemble beaucoup puisqu’en fait, un avion de chasse qui viole l’espace aérien d’un autre pays dans cette période de tensions, ça s’appelle un acte de provocation. Oui. Et puis on voit bien que le discours d’Erdogan était préparé d’avance et qu’il a quand même dit, je crois, en substance, qu’il « soutiendrait la rébellion jusqu’à la chute totale et définitive du régime ». C’est quand même une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, et attaquer finalement un gouvernement légitime. C’est assez incroyable, oui. On n’est pas loin de la déclaration de guerre.
french.irib.ir – Monsieur Soral, jusqu’à présent on parlait de la présence des services secrets des pays occidentaux sur le territoire syrien, également sur le territoire turc près de la frontière syrienne. Mais pour la première fois, certains médias ont rapporté des informations comme quoi les unités spéciales britanniques auraient pénétré dans le territoire syrien.
Alain Soral – Oui, ça ne m’étonne pas puisque de toute façon, ce qu’on nous présentait au début comme des manifestations de « civils », et puis après comme des « déserteurs », puis après comme des « rebelles », puis après comme des « mercenaires internationaux d’Al-Qaïda », aujourd’hui on voit vraiment qu’il y a une entreprise généralisée de déstabilisation du régime par la force, avec effectivement des encadrements militaires, plus de l’équipement, etc., dans lequel jouent sans doute un jeu toujours aussi pervers les Anglais, les Français, les Américains, les Israéliens.
On a vu la même chose quand il s’est agi de disloquer les Balkans. Ça fait aussi penser un peu à la guerre du Viêt-Nam où les deux superpuissances s’affrontent par pays interposés. Parce que là, on a quand même les Russes face aux Américains, de plus en plus.
Donc effectivement, on voit bien que de plus en plus, on se rapproche d’un conflit armé où sur un terrain tiers, les deux superpuissances – c’est-à-dire l’Empire et le monde multipolaire qui résiste à l’Empire et dont le fer de lance est la Russie, avec derrière la Chine –, on voit bien qu’on est très proche de l’affrontement direct, comme du temps de la guerre froide.
french.irib.ir – Et dans quelques jours, la conférence internationale sur la Syrie pourrait avoir lieu à Genève. On met au conditionnel parce qu’en fait, on ne sait pas encore si cette conférence internationale aura bien lieu ou pas. À un moment où la Russie insiste sur la présence de l’Iran à cette conférence, les États-Unis, la France et la Grande Bretagne s’y opposent fermement. Comment peut-on expliquer cette opposition de Washington, de Londres et de Paris à la présence de l’Iran à cette conférence internationale sur la Syrie ?
Alain Soral – Sans doute par la malhonnêteté et la mauvaise foi. Je crois que de toute façon, la machine otanesque-là est le bras armé de l’Empire, on va dire américain, et américano-sioniste. Ce n’est pas une instance internationale au dessus des parties. C’est l’émanation de la victoire des alliés, et c’est le bras armé de la puissance impériale américaine.
Donc effectivement, une conférence sur le Syrie sans les Iraniens n’a pratiquement aucun sens. Et je pense que les Russes ne peuvent pas vraiment lâcher là-dessus. Donc ça me parait déjà être une conférence morte avant d’avoir commencé.
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