La pauvreté, voire la misère dans le 93, est un serpent de mer qui ressort chaque année, quand les deux grandes associations anti-pauvreté, le Secours populaire et le Secours catholique, sortent leurs stats, toujours plus inquiétantes.
En face, on trouve Zemmour, qui dénonce l’attention portée par les pouvoirs publics depuis des décennies sur la banlieue plutôt que sur la France dite périphérique, les oubliés de l’État-Providence.
« L’État a complètement abandonné la France périphérique contrairement à la banlieue » Eric Zemmour#LesGiletsJaunesAvecZemmour pic.twitter.com/ezsyOsAuTZ
— Guillaume Lec (@Guillaume__Lec) November 17, 2021
En 2020, les conséquences de la précarité sur la mortalité en Seine-Saint-Denis seront dramatiques. Les pauvres payent un plus lourd tribu dans tous les domaines.
Un avant et un après. Le confinement de deux mois, au printemps 2020, au début de la crise sanitaire du Covid-19, a eu un effet de bascule pour les ménages les plus fragiles. « Pour la première fois, l’an dernier, j’ai entendu des personnes dire qu’elles avaient faim, confie Camille Hugues, déléguée du Secours catholique en Seine-Saint-Denis. Des parents nous ont dit qu’ils se privaient de repas pour que leurs enfants qu’ils avaient toute la journée à la maison puissent manger. »
À l’occasion de la publication ce jeudi du rapport annuel de l’association sur l’état de la pauvreté en France, Camille Hugues détaille les conséquences durables sur la population du département en termes d’isolement social et économique.
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« Il y a eu un isolement très important, avec la fermeture de très nombreuses associations, l’arrêt des activités, des distributions et des ateliers où les gens avaient l’habitude de venir aussi pour se rencontrer », souligne Camille Hugues, dont l’antenne mobilise treize salariés dans le 93. « On a observé une grande détresse morale, reprend-elle. On a mis en place une grosse cellule d’écoute composée de dix bénévoles et on s’est rendu compte que des entretiens qui auraient dû prendre 15 ou 30 minutes pouvaient dépasser une heure et quart. Les gens avaient besoin de parler. »
Une détresse qui a été la porte d’entrée pour les premières demandes d’aide alimentaire. En Seine-Saint-Denis, 64 % des personnes sont venues à l’association pour trouver des solutions pour se nourrir, bien au-dessus de la moyenne en France.
« Au Secours catholique, nous avons opté pour les chèques-services qui permettent de faire ses courses de façon digne, précise la déléguée départementale. On préfère cette solution moins visible de l’extérieur pour les familles, plutôt que les colis, pas toujours adaptés. »
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En moyenne, chaque année, 45 000 personnes sont accompagnées par l’association sur l’ensemble du 93. La pandémie a eu une autre conséquence durable sur le territoire : la baisse du nombre de volontaires. « Nous sommes passés de 600 bénévoles avant le confinement à 450 actuellement, pour 1,6 million d’habitants qui vivent dans le département le plus pauvre de France », souligne la déléguée. Une population très jeune à l’image de bénéficiaires qui fréquentent le Secours catholique : 74 % des personnes reçues ont entre 25 et 49 ans (60 % seulement à l’échelle du pays).
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