Conférence remarquable une nouvelle fois, cependant, dans la partie de Drac, je trouve l’opposition entre lutte des classes et lutte sédentaires/nomades assez invalide.
Si nous reprenons le livre 2 du Capital, première section, nous trouvons les trois cycles du capital, à savoir le capital marchandise, le capital productif et le capital argent.
Cette opposition entre sédentaires et nomades résulte, à mon humble avis, de ces trois cycles. Le capital productif est par essence sédentaire (les champs et les usines ne se promènent pas), tandis que le capital marchandise et le capital argent sont par essence nomades, quant à eux, parce qu’ils doivent circuler en permanence.
Les confrontations entre hommes nomades et sédentaires peuvent donc être comprises comme de simples matérialisations humaines de ces formes de capital : les mecs se foutent sur la gueule parce qu’ils sont en concurrence, et parce qu’ils tentent de survivre en faisant survivre le cycle de capital qui correspond au milieu productif, social et humain auquel ils appartiennent. Le sédentaire défend son immobilité, et le nomade tente de faire perdurer sa mobilité.
Pour reprendre l’image très intéressante des multiples échiquiers qui se superposent, je pense que les affrontements entre nomades et sédentaires existent, que nous pouvons les observer sur un échiquier spécifique, mais que la lutte des classes n’en est pas absente pour autant sur un des échiquiers du dessus.
Ainsi, je pense que c’est commettre une erreur que d’opposer l’échiquier "lutte des classes" à celui de la "lutte des nomades contre sédentaires" : ces deux échiquiers existent en même temps, ils s’influencent l’un et l’autre, et c’est d’ailleurs si vrai que plus le capitalisme se développe en financiarisation hors-sol, plus les deux classes tendent à leur forme pure, et plus les prédateurs nomades sont puissants en capital et faibles en nombre d’individus.
Sincères salutations
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